One Piece Reign
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Message par Narnak Ven 30 Avr - 2:35

[]=>

Juste après le quai avec le bateau un peu moche, un peu défraîchi et plus vraiment en état de prendre la mer si on avait demandé son avis à Narnak, ce dernier tourna à droite. Et puis à gauche finalement. La gauche, c’était pas mal. La couleur des façades qu’il apercevait devant lui n’était pas vraiment engageante mais, de toute façon, avec le grain qui se préparait au vu des gouttes de pluie de plus en plus grosses qui lui tombaient sur la tignasse, pas grand-chose n’aurait eu l’air engageant. De part et d’autre de la voie, les gens se rangeaient sous les porches en bois miteux des maisons. Evidemment, la seule grande arche en pierre du coin, probablement celle d’un bâtiment administratif d’une importance quelconque, attirait les masses, et on en était presque à la rixe quand l’aventurier passa à hauteur. Se battre pour ne pas se faire mouiller... On n’arrête pas le progrès.

Abrité sous sa capacité à relativiser un grand nombre de choses pour avoir déjà pas mal bourlingué par un peu tous les climats, Narnak ne craignait pas la pluie et continua un peu sa marche, malgré tout à la recherche d’un coin où ne pas se faire rincer complètement. Quand ses bottes commencèrent à s’enfoncer dans la boue de la ruelle jusqu’à la cheville, il avisa un petit perron en pierre sale, qui ne payait pas de mine, au coin d’une ruelle adjacente. Les marches n’étaient pas vraiment protégées de l’eau mais, au moins, il aurait du solide sous les pieds. Et son manteau en avait vu d’autres, depuis... tout ça d’années qu’il se le trimballait, au moins. Les cheveux gras en guise de capuche, le cuir lui recouvrant le reste du corps, assis tranquillement, une jambe dessus, une jambe dessous, il s’arrêta donc un moment.

Il pleuvait maintenant assez fort pour contrer ses deux ou trois tentatives d’allumage d’une cigarette, faite main avec les marchandises trouvées par hasard dans les étals récalcitrants du marchand dévalisé quelques instants auparavant. Il lui arrivait de fumer sans trop de déplaisir, mais rarement, quand il avait envie. Le fait d’avoir présentement envie et de ne pas pouvoir lui arracha un soupir furtif, et puis son esprit passa à autre chose, comme il savait si bien le faire. Tout en se disant qu’il allait bientôt falloir qu’il se déniche de nouvelles bottes, la semelle des actuelles montrant de fâcheux signes précurseurs d’un décollage imminent, il se laissa aller à repenser à ses jours dans la Marine. Pourquoi ? Disons que le temps maussade et sa position d’attente au coin d’une rue lui remémoraient une mission en particulier, durant laquelle il s’était retrouvé dans une situation comparable, sans pouvoir allumer quoi que ce soit à fumer alors qu’il aurait voulu. Un nettoyage de quartier dans un coin pourri par les pirates, pour ce qu’il se rappelait. Probablement une femme d’officier aux courbes délicates, aussi, mais quant à retrouver laquelle... Elle ? Elle ? Peut-être elle, plutôt. Oui, ça devait être ça.

Tiens, elle avait un peu la même allure qu’Elisabeth, maintenant qu’il y repensait. Un peu plus âgée, un peu moins garce, un peu moins femme à hommes, mais tout de même, il y avait un petit quelque chose... Enfin, elle avait fini moins figée, quand même. Carrément plus vivante, même. Hm. Le vert de ses iris s’était un peu éclairci, son regard devenant un peu plus vague qu’à l’accoutumée au souvenir de cette bonne vieille époque. Ce temps dans la Marine où il avait fait le guignol, dans un accoutrement de guignol, sous les ordres de guignols, pour lutter contre des guignols moins bien habillés, ce temps, donc, avait décidemment eu ses petits côtés agréables. Ce petit coup de nostalgie subite étira sur le visage du bonhomme un sourire béat de satisfaction ridicule.

"Hee..."


Dernière édition par Narnak le Jeu 17 Juin - 8:17, édité 1 fois
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Message par Samuel Berry Mar 4 Mai - 19:32

Deux mois, cela faisait deux mois que Tom, bon patron de Samuel Berry était parti. Il avait dû reprendre les affaires familiales à la suite de la mort du chef de ladite famille sur une île du fin fond de West Blue. Le père du collecteur de dettes était mort sept jours avant le départ de Tom de Loguetown à l’âge de quatre-vingt-trois ans d’une crise cardiaque. On pouvait dire du paternel que c’était un gros bonnet de la finance sur son île, tellement gros bonnet que tout ce qui s’achetait ou se vendait passait d’abord par son œil expert pour évaluer la marchandise. D’après Samuel, c’était un perfectionniste dans l’âme. À son humble avis, c’était d’ailleurs le fait de tout expertiser et d’être partout à la fois qui avait fini par être fatal au pauvre vieux. Tom avait annoncé la mauvaise nouvelle à la suite d’une altercation entre quelques endettés, qui voulait lui faire payer le fait de les " harceler " pour avoir son argent, et son garde du corps. C’était chez Selty, un ami de lycée du combattant, que Tom avait prévenu son ami qu’il devait partir. Ledit ami avait la tête en sang, le dos ruiné et maintenant le moral à zéro. Mais le côté agréable de la journée si l’on considère qu‘il y ait un coté agréable, c’est que les endettés à qui Samuel Berry avait mis une rouste ne recroiserait sans doute jamais sa route.


Le dreadeux avait expliqué à son garde du corps qu’il avait reçu un coup de fil lui annonçant la mort de son père et les lignes de son testament le concernant. Étant l’aîné d’une famille pour qui le mot famille était bien plus qu’un groupe de personnes lié par le sang, Tom avait immédiatement accepté. Il avait voulu rejoindre Samuel pour gagner du temps, mais était tombé en route sur une bande de joueurs à qui son organisme avait prêté de l’argent quelques mois plus tôt. C’était le genre de personnes que Samuel et Tom allait voir un par un mais qui n’était pas en mesure de cracher l’argent, à défaut, ils crachaient leurs dents. Sûrement passablement énervés, ils avaient coincés le collecteur dans la ruelle pendant que Samuel n’était pas avec lui. " Pas d’chance " jouant toujours des tours, les endettés n’avaient pas prévu que l’homme qu’ils s’apprêtaient à passer à tabac avait justement rendez-vous avez la personne qui les feraient repartir quelques minutes plus tard sur des civières. Ayant une force démesurée, mais restant tout de même un homme, Samuel avait pris quelques coups bien placés et avait dû partir chez Selty, son docteur attitré. C’est donc en mauvaise posture que la mauvaise nouvelle était tombée. Une bien triste nouvelle d’ailleurs. En laissant son ami seul sur Loguetown, Tom n’avait pas pensé aux conséquences, Samuel s’ennuyait à mourir sans emploi, il lui fallait de l’action ou tout du moins quelque chose à faire.


Il lui restait encore assez d’argent pour s’entretenir deux mois de plus, mais il s’ennuyait ferme. Il fallait qu’il trouve quelque chose rapidement sous peine de tomber dans une spirale de déprime infernal que seul connaissent ceux qui sont sans emploi depuis un certain temps. Un emploi en tant que garde du corps, comme avant, ou même en tant que maçon ou tout autre boulot qui le ferait bouger serait accepté. Une idée lui avait déjà traversée l’esprit une fois, celle de s’engager dans la marine. Il y avait un bon salaire à la clé apparemment, de bonnes conditions de travail à partir du moment où se faire crier des ordres dessus et passer pour un troufion étaient considérés comme de bonnes conditions. Mais malgré le fait de se faire aboyer dessus, Samuel se sentait capable de ne pas de ne pas péter les plombs et de se retenir pour éviter que ça dégénère. Le problème c’est que ça n’allait pas être à Loguetown qu’il pourrait surpasser ses limites pour contrôler sa force, mais aussi, il n’avait vraiment pas envie de commencer son rôle dans la Marine en tant que troufion de base. Le genre de mec qui gravit les échelons tellement lentement qu’il ne serait que lieutenant ou commandant en fin de carrière. East Blue étant considérée par la plupart comme la plus faible des mers, on pouvait voir que les pirates faisaient honneur à cette réputation, ce n’était vraiment pas le bon endroit pour évoluer. Mais le plus gros des problèmes que Samuel Berry pouvait avoir avec le fait de s’engager chez les marines, c’était le fait de devoir enlever ses fringues pour être sapé comme tous les autres, comme dans un bal costumé. L’horreur...
Après mûre réflexion, il se dit que s’il se débrouillait bien, il pourrait se contrôler, après, il suffisait de tomber sur les bonnes personnes et sur de bonnes opportunités pour gravir les échelons et pouvoir quitter cette île pour aller au devant de plus grands risques. Il pourrait toujours demander à son supérieur hiérarchique s’il pouvait garder ses propres affaires, cela ne devrait pas être trop dérangeant, enfin...

C’était décidé, en cet après-midi nuageuse, il irait s’engager. Selty mis à part, il n’avait pas d’attache particulière sur cette île. Sortant de chez lui et prenant la direction du QG de la Marine, il réfléchissait aux moyens de faire accepter à son supérieur le fait de garder son costume, aux moyens de gagner des galions pour se tirer de cette île. Ce fut la pluie qui le tira de sa rêverie. Aaaah la pluie, c’était le plus grand de ses calmants, l’eau fine s’éclatant sur son visage était une source de bonheur. Outre le fait d’être trempé, le bonheur de Samuel grandissait en même temps que la pluie battait son plein.
Il s’arrêta pour profiter des gouttes salvatrices et, bien droit, tête relevée, il écarta les bras pour vraiment en profiter pleinement. Mais il ne fallait pas qu’il oublie le pourquoi il était sorti de son appartement.

Décidant de continuer sa route vers le Qg, il avisa un homme d’une quarantaine d’années, à vue de nez, qui restait, assis en tailleur, sur un perron pas tout à fait protéger par la pluie. Sur son visage, Samuel Berry put lire une satisfaction béate, pas celle de quand on va pisser après s’être retenu pendant une heure, plutôt celle que pouvait avoir une personne déficiente mentale en regardant un papillon voler ou encore devant une branche d’arbre qui danse sous le vent. Ses vêtements confirmaient cette hypothèse puisqu’il portait des guêtres qu’il aurait mieux fait de jeter plutôt que de s’en servir pour se couvrir. Les pieds pleins de boue, les vêtements de l’homme et son sourire niais concordaient parfaitement aux soupçons que Samuel avaient sur cet homme. N’ayant pas fait de BA depuis que Tom était parti, il se résigna à aller aider l’homme à trouver une place plus confortable le temps que la pluie cesse. Tout en se dirigeant vers lui, Samuel réfléchit à la façon d’aborder le problème avec une personne ayant des problèmes mentaux, après tout, il n’avait jamais fait face à ce genre d’individus. Faisant alors face à un problème, il s’arrêta au milieu du chemin, croisa les bras et releva le menton pour se mettre en posture de réflexion. Finalement, il se dit que le ton condescendant devait pouvoir convenir puisqu’il se dirigea vers le quadragénaire avec un sourire aux lèvres.
Arrivé à sa hauteur il se pencha vers l’homme et, affichant un sourire qui se voulait rassurant, il dit d’un ton que l’on utilise pour parler aux enfants :

- " Est-ce que tu as besoin d’aide pour t’abriter quelque part mon grand? Si tu veux je peux te soutenir pour aller quelque part où tu ne seras plus mouillé. "

Il avait parlé lentement et accompagné quelques gentes à ses paroles, histoire que son interlocuteur puisse tout suivre sans aucun souci. Y avait pas à dire, on se sentait toujours mieux après avoir accompli sa bonne action du jour.
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Message par Narnak Mer 5 Mai - 22:24

Comme un bruit de verre brisé, comme un bruit de rêve brisé. S’il y avait une onomatopée qui correspondait à ce qu’avait entendu Narnak quand un jeune homme était venu lui parler, c’était bien ça. La musique continue des gouttes d’eau tombant sur tout ce qui était un tant soit peu solide dans les environs l’avait emmené bien loin depuis la résurgence de cette fameuse mission où il s’était ennuyé jusqu’à tromper le temps avec une femme qui trompait son officier supérieur de mari. Il était allé jusque sur une plage ensoleillée, au sable troublé de leurs seuls pieds à eux deux, jusqu’à s’allonger face aux flots, jusqu’à se perdre dans une rêverie à l’intérieur même de sa rêverie. Une rêverie bizarre, d’ailleurs, où il ne faisait rien sans que ça lui pèse. Mais, tout cela, c’était avant le drame, bien entendu. Ce bougre d’imbécile était venu le rappeler à une réalité se déroulant dans une ville peuplée d’ignares et puant de l’odeur de leurs miasmes, qui profitaient de l’averse pour sortir de terre comme des légumes qu’on vient d’arroser.

"Quel est le satané résidus d’enfant né d’sa péripatéticienne de mère et d’son alcoolique de paternel qui vient d’me sortir de ma putain d’sieste ?!"

Posée de la voix gutturale d’un homme qui vient de se réveiller, la question pouvait légitimement paraître injurieuse. Mais merde, quoi, un gars qui ne demande rien à personne, on le laisse tranquille. Qui plus est, elle avait été énoncée presque inconsciemment, alors que l’homme assis se mettait juste à dévisager l’homme debout qui le regardait avec une tête bizarre. Et des binocles bizarres. Un grand échalas blond, pas très épais mais assez musculeux pour témoigner d’un mode de vie pas des plus calmes. Un jeune gars, un bon gars probablement, mais qui ne devait pas être bien futé vu la manière dont il observait Narnak, semblant chercher son chien qui se serait cassé une patte ou la grand-mère sénile chez laquelle il devait habiter et qui se serait enfuie. Qu’est-ce qu’il avait dit, déjà ? ... Ah oui, il avait proposé son aide. Pour quoi faire ? S’abriter ? Le soutenir ? M’enfin, il avait donc l’air si vieux et désespéré que ça, de l’extérieur ?!

"Eh, mais tu crois donc que j’ai besoin d’aide pour m’tenir debout, ma parole ? Ah mais ça. Mais tu s’rais pas un peu demeuré, mon gars, des fois ?"

La pique était gentille quoiqu’un peu acide, mais c’était de bonne guerre vu ce qu’on supposait sur sa personne.

"... Eh, mais tu réponds pas ? C’est c’que j’ai dit sur ta maman, qui t’a pas plu ? Faut pas t’en faire, va... j’me réveillais juste. Si ça se trouve, tout le monde pense qu’elle est très convenable, ta maman."

Toujours assis, Narnak débitait délibérément ses insanités, un brin ordurières pour quelqu’un d’assez susceptible pour relever l’insulte qu’elles contenaient, sur le même ton que l’autre avait employé pour l’interpeller. Ce ton qu’on prend pour s’adresser à l’idiot du village quand on croit être important mais qu’on n’est guère plus capable que lui de décrypter les avis de recherche placardés sur les murs ou d’additionner deux à trois. Puis, assez bruyamment, il s’étira afin de chasser toutes les pensées étranges qu’avait pu apporter dans son cortex son excursion dans un autre espace-temps où il aimait visiblement vivre paisiblement sa vie. Enfin, il se leva pour rétablir la réalité des choses et montrer que, non, il n’avait pas quarante ans mais seulement trente-sept, que, non, il n’avait pas besoin d’une canne et que, non, son manteau n’était pas une loque valant ses bottes en termes d’usure, mais bien un reste d’uniforme personnalisé de la Marine, sacrément résistant même s’il en avait depuis longtemps retiré les fameuses épaulettes et autres ornements inutiles, et que le blanc originel avait cédé la place à un mélange de gris poussiéreux et de marron boueux.

Sous l’épais pardessus, sa veste noire au col relevé et sa traditionnelle cravate rouge mal nouée lui conféraient un certain maintien, qu’il se plut à amplifier en rigidifiant légèrement sa pose. Une pensée lui traversa alors soudain l’esprit, qui amena chez lui un bref ricanement : il était quasiment certain de pouvoir rentrer dans une base de la Marine et de réussir à faire illusion jusqu’à ce qu’un crétin moins sombre que les autres ait la bonne idée de vérifier son identité et la validité de son grade depuis longtemps révoqué. Une goutte d’eau plus vicieuse et mal placée que ses consœurs fit brusquement dégringoler une mèche de cheveux devant son œil gauche et vint, fort à propos, lui rappeler qu’il avait quelqu’un en face de lui. En regardant le môme avec un sourire, il se dérouilla rapidement les jambes puis esquissa un geste de départ.

"Bon, allez, gamin. C’est pas tout ça, mais, tu vois, tonton Kan a quelque chose d’amusant à faire."
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Message par Samuel Berry Sam 8 Mai - 21:20

Aaaaaah, faire le bien autour de soi, y a pas à dire, ça faisait toujours du bien, que ce soit pour la personne qui l’effectuait ou celle qui recevait. La pluie et une bonne action accomplie, que demander de pl……..

"Quel est le satané résidus d’enfant né d’sa péripatéticienne de mère et d’son alcoolique de paternel qui vient d’me sortir de ma putain d’sieste ?!"

Ah, finalement Samuel avait fait erreur sur la personne, il n’était décidément pas tombé sur le simplet du village, mais sur l’alcolo notoire. Sa voix ne pouvait pas tromper, la voix cassée d’un mec qui aurait bu toute la nuit pour décuver dans un caniveau le matin et qui donnerait l’impression de se réveiller en permanence. Pas de souci, malgré les insultes que l’homme imbibé d’alcool lui lançait au visage, Samuel ne se laissait pas décontenancé et ne laisser surtout pas ses nerfs et sa colère prendre le dessus, certains alcooliques ne contrôlent pas ce qu’ils disent après to….

"Eh, mais tu crois donc que j’ai besoin d’aide pour m’tenir debout, ma parole ? Ah mais ça. Mais tu s’rais pas un peu demeuré, mon gars, des fois ?"

Cette fois-ci, Samuel se braqua. Il se releva et s’immobilisa, il fallait qu’il calme ses nerfs que le quadragénaire s’efforçait à mettre à fleur de peau. L’ex garde du corps entra alors dans une sorte de bulle, coupé du monde extérieur, des nuisances sonores et surtout, coupé de l’homme qui lui faisait face. Il avait encore fait une erreur, c’était pas plus un idiot qu’un alcoolique, c’était juste un gros con. Ledit gros con s’adressait à Samuel en faisant quelques gestes grossiers avec ses mains et, Samuel reconnut le sourire qu’il arborait car, c’était celui là même que le jeune homme avait si gentiment daigné lui présenter. Il continuait de se foutre de sa gueule. Respirer, ne se focaliser que sur son souffle et sur rien d’autre. C’était une technique à laquelle il avait pensé durant ses deux mois de chômage forcé. Une méthode qui lui permettait, du moins pour un temps, de calmer ses nerfs. Heureusement, pour aider dans cette tâche décidément fastidieuse à la vue de ce que le guignol en face faisait, la pluie continuait de tomber sur les deux protagonistes.

Mais bon, les nerfs d’un jeune homme, en particulier celui-ci, lâche en général assez vite, peut être était-ce dû à une résurgence d’adolescence trop calme, non ce n’était pas ça, pas dans le cas de Samuel. Il fallait qu’il se lâche, quitte à briser l’homme en deux en même temps que son baragouinage. Les nerfs gagnant du terrain à mesure que Samuel se rappelait ce que l’autre lui avait dit auparavant, il ne pût s’empêcher de trembler, pas de peur évidemment, qu’avait-il à craindre d’un quarantenaire? Qui plus est pouilleux? Tentant tout de même de se contrôler, il s’aperçut que l’homme était debout, il s’étirait, puis, comme pour se foutre de lui une ultime fois, il se mit à ignorer tout autour de lui, y comprit son interlocuteur.
Puis, esquissant un geste de départ il dit :

"Bon, allez, gamin. C’est pas tout ça, mais, tu vois, tonton Kan a quelque chose d’amusant à faire."

Kan. Maintenant il connaissait le nom de ce con, c’était toujours mieux de connaître au moins le prénom de celui qu’on tapait, même si parfois, il fallait taper, un point c’est tout. L’homme passa à côté de Samuel et commença à s’en aller. Après tout ce qu’il avait pût déblatérer comme conneries et comme saloperies, que ce soit sur ses parents ou sur sa personne, l’ex garde du corps ne pouvait se résigner à le laisser partir. Il étira son bras, prit l’imprudent par le col de sa chemise et le ramena devant lui :

- " Eh baltringue, on t’as jamais appris à parler respectueusement à ceux qui te voulaient du bien? " la voix montant petit à petit, il ajouta " Maintenant tu vas me présenter des excuses fissa si tu veux pas qu’j’te rétame la face sur le bitum. "
Samuel Berry
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Message par Narnak Lun 10 Mai - 18:10

Peut-être. Peut-être qu’il aurait dû prêter plus d’attention au gamin au lieu de se moquer de lui gratuitement, après tout. Quand son manteau lui glissa des épaules, le col attrapé par une main pleine de hargne et exigeant des excuses, l’ancien Marin abandonna temporairement l’entrain avec lequel il s’était dirigé vers la base militaire la plus proche pour aller faire son petit numéro et obtenir ainsi sa ration journalière d’adrénaline. D’un réflexe agile, acquis avec les années, il s'était défait de son épais pardessus et s’était retourné. Distant de quelques mètres, il faisait maintenant face au blanc-bec qu’il avait vexé sans trop y penser, mais ne parvenait pas à trouver que faire en pareille situation, l’esprit tout encore orienté vers ses projets futurs de distraction. Quêtant machinalement sa concentration au fond des renflements de sa veste bien vite détrempée par la pluie, il n’y trouva que deux feuilles de tabac, une grosse centaine de Berrys et trois adresses de maisons closes pour quand les temps étaient durs, et passa à d’autres vêtements. Dans les poches de son pantalon, rien ne sommeillait de plus affriolant que son ennui coutumier. Quant à ce qui se trouvait dans son manteau... il ne se rappelait plus bien. Et de toute façon, c’était désormais l’autre qui le tenait. Non, c’était ailleurs qu’il fallait chercher, mais où ? ...

*Mais c’est bon sang mais c’est bien sûr.* se souvint-il soudain triomphalement, avisant mentalement la lame qui pendait, bien au chaud dans son fourreau, à sa hanche gauche. Se rappelant enfin ses priorités, il était désormais à nouveau concentré et ouvert à toute opportunité de se battre, même avec ses seules mains nues. Un petit claquement enjoué du talon de sa botte sur la boue qui entourait la scène, et son petit sourire goguenard revint.

"Des excuses ? Ai-je bien entendu ? Sont-ce bien des excuses, qu’il espère ? Diantre, diable et foutreciel, quelle douce ironie. Ô, jeunesse, douce jeunesse idéaliste... Reviens donc sur terre !"

"Non mais, sérieusement, tu penses pas vraiment que je vais... te présenter des excuses ?"

Passant du petit aparté formulé d’une voix théâtrale parsemée d’accents lyriques au dialogue de rue débité avec des intonations d’habitué des fonds de tavernes, le visage gaiement provocateur, Narnak précisait sereinement les premières impressions que son œil avait enregistrées à propos du jeune homme, quand il s’était réveillé. Bien fringué, l’excité était à première vue un peu plus grand que lui, tout en semblant moins lourd et plus nerveux d’apparence. Un habitué de la bagarre, en tout cas, et un adversaire probablement costaud. Peut-être même coriace. Il fallait voir son expérience, et sa résistance à la colère. Enfin, sur ce dernier point, les choses semblaient claires : zéro, rien, néant...

"... Si ?"

Point d’orgue de la courte provocation du vieux briscard, ce seul mot aurait probablement été suffisant pour faire éclater le nuage de tension qui planait joyeusement au-dessus du carrefour depuis maintenant quelques dizaines de secondes, si épais qu’il en freinait même les gouttes de pluie dans leur chute. Mais on ne sait jamais, la plus démontée des mers peut se calmer en moins de temps qu’il n’en faut à un pirate d’East Blue pour fuir devant un navire de la Marine, alors l’officier en réintégration joignit le geste à la parole pour s’assurer des effets de ses appels à la violence. Il avança donc paisiblement un pied puis l’autre, la main ouverte et tendue, comme pour récupérer son manteau auprès du bon diable le lui ayant retrouvé après qu’il l’aurait perdu. Sa main disait "Ah, merci, mon brave. Rendez-moi donc ce manteau, maintenant, je vous prie.", son sourire angélique disait "Que tu me le rendes ou pas, je vais le récupérer..." et ses yeux disaient "Enfin, un peu d’exercice !".


Dernière édition par Narnak le Mar 18 Mai - 19:32, édité 1 fois
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Message par Samuel Berry Mar 11 Mai - 0:14

Lourd. C’est ça, c’était le mot, lourd. Tout l’était, la tension, l’ambiance, les gouttes d’eau tombant en rafale et…….. le manteau. Kan, puisque c’est ainsi qu’il disait s’appelait, avait très habilement esquivé la confrontation initialement prévu avec Samuel, même si cela lui avait coûté son manteau. Ce simple geste dévoilait pas mal de choses sur l’homme. Il avait subi un entraînement, lequel? Pour le coup, Berry s’en foutait royalement, mais c’était pas un de ces branquignoles qui cherche seulement les crosses sans pouvoir assumer derrière un semblant de castagne, visiblement, il avait du vécu. Après tout quoi de plus normal pour quelqu’un ayant quarante années et des poussières. Mais quelque chose chiffonnait Samuel, pourquoi le manteau était-il si lourd? Outre le fait qu’il soit détrempé, il y avait quelque chose de plus. Il palpa les poches sans se soucier de l’énergumène qui, visiblement, faisait de même. Sa main s’arrêta sur un objet sphérique, un genre d’haltère, ou peut être de poulie. Non, sûrement pas une poulie, le bougre avait beau être un gros con, il ne le serait pas assez pour se trimballer avec une poulie dans la poche.

Puis, après s’être stoppé deux petites secondes dans ses recherches, l’homme s’adressa à Samuel sur un ton faussement théâtrale, plutôt qu’un comédien, on aurait dit une sorte de bouffon du roi qui cherche à amuser la galerie. Joignant la parole à quelques gestes des plus grotesques, comme s’il s’adressait à un public en folie qui n’attendrait que ses pitreries, Samuel assistait à une envolée lyrique et, si seulement cet homme ne l‘avait pas énervé, il aurait eu droit à une petite piécette et quelques claquements de mains. Mais le détail qui le frappa fut sans aucun doute le sabre qui pendait mollement sur sa hanche gauche. Ce serait peut-être plus compliqué s’il s’avisait de le sortir. Puis, sans aucun entracte pour annoncer la fin de l‘acte, il passa du bouffon au con. Apparemment il ne voulait vraiment pas présenter d’excuses, tant pis pour lui.

Après une ultime question rhétorique se résumant au seul mot "si", Samuel fut fixé sur un point, l’homme recherchait la même chose que lui, un peu d’action. Il ne serait pas déçu. Il avançait tranquillement comme si rien ne s’était passé, mais le reste de son corps parlait pour lui et le plus expressif était son visage. La main tendue comme pour récupérer son dû n’avait rien d’agressif, mais si on s’attardait à regarder plus haut, on pouvait voir un sourire quelque peu gentillet auquel on ne pouvait se confier de peur que le bougre morde et surtout, ce qui montrait son envie d’en découdre, était sans aucun doute ses yeux. Des yeux pétillant qui signalaient à l’endimanché que quoi qu’il arrive, il était prêt, prêt à récupérer son manteau qui devait être sacrément précieux, prêt pour le pugilat qui se préparait, prêt à saigner et à faire saigner. Tout simplement prêt.

Affichant un sourire carnassier, le porteur de manteau releva le menton pour regarder l‘autre d‘encore plus haut, il voulait se dérouiller des deux mois passés à musarder à droite à gauche et il avait trouvé son homme. Prenant alors le faux air théâtral qu’affichait l’autre un instant plus tôt et reprenant pratiquement mot pour mot ce qu’il disait, il déclara :

- " Votre manteau? Mirerais-je bien? Est-ce bien de ce manteau que vous voulez faire l’acquisition? " puis, soupirant faussement et hochant négativement la tête, " J’ai bien peur que l’on ne réclame pas un dû quand il n’y en a point et une chose est sûre, je ne vous dois rien. Ne vous a-t-on jamais enseigné que reprendre ce qui est à autrui revenait à le voler? "

Et, toujours de son sourire carnassier il ajouta :

- " Ton manteau pourri tu t’assois dessus mon pote. Tu l’récupéreras une fois qu’j’t’aurais cassé tes deux p’tites pattes arrières à grand coup d‘bottes. "

Il ponctua alors sa phrase en tenant le manteau haut et du bout de son index, puis, il le lâcha sur le sol. Ne pas laisser le temps à l’adversaire de se ressaisir pour combattre. Il fonça sur Kan avant même que le manteau ne touche le sol. Quelques enjambées séparaient les deux protagonistes et le vide fut rapidement comblé par les jambes de Samuel. Il fallait le surprendre, un coup de poing banal aurait pût faire son effet, mais il en voulait plus. Il s’élança dans les airs et lança sa jambe vers le ciel, si l’autre n’était pas assez agile, ce dont il doutait, il recevrait le coup droit sur le crâne et, avec la puissance qu’il avait de son côté, cela lui assurait un KO rapide et sans bavure.
Samuel Berry
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Sam
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Message par Narnak Mar 11 Mai - 21:03

C’était pas la journée du vieux Marsh, aujourd’hui. Sa femme y était passée le matin même. Tubercul-chose qu’il avait dit, le doc, à moins que c’était la dingue, mais dans ces régions-là, dans un milieu comme celui-là, on s’en foutait pas mal, de c’que c’était exactement. De toute façon on claquait jeune. On l’appelait le vieux Marsh mais en fait il avait à peine quarante-trois ans, et il marchait encore plutôt vivement. C’était son regard qu’était vieux, en fait. Son regard de mec déjà enterré avant même d’être né. Enfin... La femme, c’était pas le plus grave, même s’il l’aimait bien. Le problème, c’était surtout les deux fils qui s’étaient faits suicider par leurs camarades de bande et dont les bras étaient perdus pour l’exploitation. Enfin... la compensation de tout ça, c’était p’têtre qu’y avait trois bouches de moins à nourrir, du coup, le vieux Marsh savait pas trop. Il savait pas trop, et c’étaient pas les deux bouteilles de whisky qu’il avait sifflées depuis l’midi qui l’aidaient à trop savoir.

Par contre c’étaient bien elles qui l’avaient amené dehors par ce temps de chien et qui l’avaient fait tituber jusqu’à un croisement où deux types donnaient une représentation théâtrale. Le vieux Marsh était jamais allé au théâtre, mais ça devait sûrement être une pièce dartamique, vu que les deux acteurs étaient bien habillés. Même s’il avait loupé le début, il avait eu le temps d’entendre une réplique du gonze de droite, c’ui qu’avait l’air le plus vieux. Il avait pas tout compris mais ça parlait de jeunesse et c’était bien rythmé, comme la réponse du jeunot, qui parlait quand même trop fort au goût de son crâne fragilisé par la boisson. Alors, le pauvre diable s’affala à même la boue du sol, en plein milieu de la rue, et attendit la suite, prêt à claquer des mains pour applaudir ces acteurs qui se donnaient bien du mal pour lui remonter le moral.

"Pfiouu..."

Appréciateur, Narnak siffla une jolie note entre ses dents. Autant qu’il était possible et sauf en cas de mission suicide ou commando, toujours laisser l’adversaire commencer un combat, même si ça avait ses risques. Il avait évité de peu le pied du garçon, d’un pas rapide sur le côté, mais il en avait en contrepartie tiré de précieux renseignements. Ne pas avoir décoché un simple coup de poing témoignait d’une variété de coups plus importante que la moyenne des brutasses avinées qui sévissait dans le coin, cependant qu’être allé chercher un coup de pied vertical pour assommer son adversaire confirmait la colère bouillonnante qui devait avoir élu domicile chez son adversaire. La puissance du coup, quant à elle, bonne à tuer un cheval, suggérait à l’aventurier d’éviter autant que faire se pouvait d’entrer directement en contact avec l’un quelconque des membres du bonhomme quand celui-ci attaquerait.

"J’sais pas qui c’est, autrui, mais c’est sûrement pas toi l’proprio d’ce manteau, mon pote." ironisa-t-il en insistant bien sur la reprise de l’apostrophe familière. "T’as p’têtre une grande gueule et un joli coup d’tatane, mais t’as pas encore les épaules et la carrure qui vont d’ssous."

Ce disant, les sens toujours aux aguets pour parer un éventuel nouveau coup du môme dans son dos, le futur nouvel ancien de retour de la Marine jetait un regard dépité à son manteau étendu par terre, de nouveau complètement dégueulasse, juste devant lui, là où l’avait lâché le faux freluquet un instant avant de s’élancer. C’était bien la peine de s’être fadé un séjour en centre de remise en forme et d’avoir déboursé au moins deux bouteilles de rhum en Berrys pour remettre ses frusques en état, si c’était pour se les voir saloper par le premier venu un peu plus dégourdi du bulbe que les autres, tiens. Y avait vraiment plus de jeunesse.

"Bah..."

Narnak haussa les épaules et s’en revint avec concentration au combat, raison même de ce qu’il était encore là, après tout. Sans compter que c’était l’occasion de lui faire payer la prochaine note de teinturier, en espérant qu’il ne soit pas, comme lui, sur la paille. Il avait pensé trop vite ou l’autre bougé trop lentement, mais le roublard sentait quoi qu’il en soit encore une présence à faible distance, derrière lui. Hésitant une brève fraction de seconde entre décocher un unique coup de pied circulaire retourné ou se tourner tranquillement puis, seulement après, porter un coup de poing, il opta au final pour un compromis entre les deux.

Pivotant prestement sur son talon droit vers la gauche, il avait la jambe tendue à mi-hauteur et la botte prête à tuméfier les chairs sous les vêtements, tandis que son bras droit était armé, prêt à décocher un coup bonus à la hauteur d’un menton mal placé. Puis, dans le doute et dans un claquement de manche de veste mouillée, porté par l’enchaînement maintes et maintes fois répété, il fit partir en ligne directe sa main chargée d’instincts meurtriers après avoir rapidement arrêté son mouvement de jambes et repris des appuis convenables suite à son coup de pied. En même temps, il contemplait son œuvre, déjà sur le qui-vive pour repartir à l’assaut en cas de latence excessive en face ou pour esquiver une nouvelle fois.

De l’autre côté de la rue, un petit vieux pathétique applaudissait frénétiquement la chorégraphie, une larme alcoolisée au coin de l’oeil. Pour sûr, c’était du beau spectacle.
Narnak
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Message par Samuel Berry Sam 15 Mai - 18:07

Kan continuait ses railleries, à croire que c’était là son arme la plus redoutable, sa langue. Même si le langage n’était pas soutenu, il avait de la répartie en réserve. L’homme lui faisait face…..mais de dos. Puis, sans prévenir, il pivota sur son talon pour porter un coup de pied rotatif dans les côtes flottantes. Un coup pas des plus faciles à parer mais c’était sans compter sur la vie qu’avait menée Samuel. Ce genre de coup ne lui faisait pas peur, il agripperait la jambe en minimisant les dégâts de ses côtes et projetterait son adversaire contre un mur quelconque histoire de bien l’amocher et de le finir quand il s’en remettrait. La jambe arrivait et le combattant enroula son bras autour de celle-ci dans le but de bloquer la jambe au niveau du coude et de ne prendre qu’un faible pourcentage de dommage de l’attaque initiale. Prêt à balancer Kan contre le mur le plus proche, il entendit alors quelqu’un applaudir, ce bref moment de déconcentration lui fut fatal, il n’avait pas fait attention au poing du vieux qui partait directement dans sa tempe. S’étant baissé pour affermir sa prise sur la jambe, le coup de poing droit ne visait plus le menton, mais la tempe.

Le choc ne fut pas très violent, heureusement pour Samuel, mais il fut bien là. N’ayant pas eu d’appui pour porter son coup, la droite de Kan avait perdu de son punch. Mais cela avait suffit à le perturber dans sa manœuvre, il lâcha la jambe et recula en titubant quelque peu. Un coup dans la tempe, aussi faible soit-il, était douloureux et sonnait quand même un peu. Conscient qu’il exposait son corps à une pluie de coups, Samuel prit, tant bien que mal, une posture défensive, histoire de convaincre son adversaire de ne pas réattaquer. Poing gauche au niveau de la mâchoire, son conjoint flottant devant le visage, les jambes fléchies et positionnés de telle façon que seul le côté droit de Samuel pouvait être exposé aux coups. La posture de défense parfaite.

S’étant remis du coup, il s’élança alors sur Kan et enchaîna une série de coups de poing médiocre pour détourner son attention. D’abord un crochet du droit visant les côtes hautes, puis une gauche visant directement le visage et spécialement le nez. Un nez cassé laissait échapper un flot de sang pouvant fortement déconcentrer l’adversaire. Mais ses manœuvres avait seulement pour but de détourner son attention de la véritable attaque venant d’en bas. Il mit toute la puissance qu’il avait en réserve pour porter un simple coup de pied bas visant à déboiter voir même casser la cheville de l’adversaire. Étant dans l’impossibilité de bouger après cela, il serait contraint d’abandonner.
Derrière les combattants, on pouvait apercevoir un vieil homme assis en tailleur, bouteille coincée entre les jambes en train d'applaudir à tout rompre le spectacle que lui offrait les artistes. La performance avait quelque chose de beau, les répétitions avaient dû être difficile pour reproduire un tel réalisme que ce soit dans les émotions ou dans les coups qu'il portait. À croire qu'il ne jouait pas un rôle et que tout ceci était réel, tout simplement prodigieux.
Samuel Berry
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Sam
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Message par Narnak Mer 19 Mai - 17:18

"Ben alors, le môme, t’as perdu ta langue ? Tu veux qu’on t’ai..héé !"

On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace mais, certaines fois, on peut réussir à lui couper la chique. Sans lui laisser l'opportunité de jeter un coup d'œil au déchet humain qui était venu les regarder, c’était ce que venait de faire le jeune homme que Narnak avait en face de lui, reparti à l’assaut plus rapidement qu’on aurait pu l’escompter après avoir apparemment assez bien encaissé son coup de poing. Satanée boue qui avait fait riper son pied gauche au moment décisif, ramenant inconsciemment une partie de son attention sur son équilibre plutôt que sur la force de sa frappe... Bah, rien qu’un peu de piquant saupoudré en plus sur la situation.

C’était la main droite de son adversaire qui l’avait interrompu dans sa raillerie, dirigée vers ses côtes. Simple simulacre de coup, l’aventurier n’eut pas grand mal à l’esquiver en se contorsionnant un peu sur le côté et vers l’arrière. Conscient que c’était une diversion, le vieux singe analysait pendant ce temps en priorité les mouvements d’ensemble du corps de son vis-à-vis pour découvrir sa véritable cible, aussi ne vit-il venir qu’un peu tard le détail qu’était le second poing qui lui arrivait dessus, à faible vitesse également, mais surtout en plein visage. Son instinct prit le contrôle et ramena devant lui sa main gauche, moins forte mais en revanche plus souple que la droite, pour atténuer le choc. Ce fut utile et il n’aurait, grâce à ce réflexe, probablement pas grand-chose de plus qu’une joue bien tuméfiée, mais la contrepartie inévitable ne fut pas évitée : sa propre main lui asséna une mandale, avant de prendre congé pour cause de poignet endolori et rétif.

Confirmation s’il en avait encore douté : le diable tapait fort.

Malgré tout, cet interlude malencontreux n’avait pas empêché le cerveau de Narnak de continuer à analyser les signes précurseurs qu’il avait lus dans les mouvements adverses. Contraction exagérée des épaules dans une tendance globale à crisper le haut du corps, léger balancement de la hanche droite par anticipation, tassement de l’ensemble du corps sur la jambe gauche pour prendre appui... L’expérience du combat accumulée depuis toutes ces années passées au contact des plus viles crapules et la connaissance de son propre corps et de la façon dont il aurait, lui, porté un tel coup, informèrent Kan qu’un pied vicieux cherchait à lui fracasser la jambe gauche, au genou ou à la cheville.

En même temps que sa main claquait sur sa joue et qu’il laissait échapper un grognement mécontent en réaction à la douleur, l’ancien sous-lieutenant profita de son naturel mouvement vers l’arrière pour s’éloigner encore plus, d’un saut, et laissa la jambe furieuse brasser du vide sous ses chevilles. Inconvénient de la manœuvre : retombant à moitié accroupi après quelques petits pas de stabilisation, genou et poing droits à terre, il n’arrangea pas l’état de son pantalon. Avantage, néanmoins : sa position était telle qu’il pouvait désormais se propulser de toute la force de ses cuisses et de son bras sur son adversaire, ce qu’il ne manqua pas de faire après avoir esquissé un sourire qui aurait effrayé une hyène, dans un

"Saa !" chargé d’effort, volontaire et joyeux. Tête la première, il se précipita donc au milieu de la perche blonde qui avait consenti à lui servir d’exutoire temporaire, assez énergiquement pour l’emporter avec lui dans sa chute même si elle avait pesé deux fois son poids. Frappant du chef à hauteur du plexus en appuyant encore un peu plus –s’il en était besoin- avec son coude gauche, encore viable, il profita de son élan pour labourer gaiement du poing droit ce qu’il pouvait atteindre du ventre de son jeune compagnon de joute. D’un naturel prodigue pour ce qui était des coups, il ne lésina pas. Qui aime bien...

Toujours profitant du mouvement de chute, Narnak ne prit pas le risque de retomber puis rester collé à plat sur le corps de son adversaire -position non seulement trop tendancieuse pour ses goûts personnels mais aussi, et surtout, probablement synonyme de prises de lutte, de clefs et d’autres composantes du combat à terre dont il ne raffolait pas. Au lieu de s’enfermer dans ce scénario, il se dégagea ainsi d’une simple roulade sur l’épaule, vers l’avant, non sans avoir, au passage, laissé les phalanges de son pouce droit, contracté et collé à la paume pour plus de solidité, traîner malencontreusement dans la région nasale du bonhomme. Se redressant dans la foulée, il se retourna pour commenter le spectacle, d’un ton mi-enfantin, mi-empli de contentement.

"’Alà, maintenant, t’es aussi propre que mon manteau."

Tandis qu’il reprenait son souffle et le contrôle de son cortex malmené par le coup de tête, la main gauche ballant contre la garde de son arme et la pommette droite en train de noircir et commençant à se faire sentir douloureusement, du sang coula sur son front depuis la base des cheveux jusqu’à l’arcade sourcilière. Probablement un bouton du costume de l’autre zouave qui s’était rebellé et lui avait ouvert la peau, à moins que ses lunettes n’eussent profité du tumulte pour se venger avant de casser. La pluie, qui commençait à faiblir, ne parvint pas à tout nettoyer.
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Message par Samuel Berry Mer 26 Mai - 20:20

C’était un des rares cas où on pouvait le dire sans trop choquer l’assemblée, " saloperie d’boue ". Après que l’autre se soit pris son coup de poing gauche en plein visage comme il la feinte ne le voulait pas, il profita de la force pour reculer et esquiver son coup de latte visant la cheville. Dommage. Mais, le pire dans tout ça, c’était qu’il avait tout de même effectué le mouvement, car, dans son raisonnement, il ne voyait pas ce coup toucher l’adversaire. Son pied ripa dans la boue, ce qui laissa une occasion en or à Kan pour lui plonger dessus tout coude dehors. Avec une propulsion assez conséquente, le coup de tête dans le plexus lui coupa la respiration, le coude gauche lui fêla sans doute une cote et, enfin, le poing droit lui laboura le foie à deux reprises. Un bien bel enchainement qui le fit tomber sans trop de mal. Enfin, sans trop de mal, façon de parler. Et voilà t’y pas que l’autre en profitait pour lui donner un coup de pouce dans le nez et faire un roulé boulé un peu plus loin.

C’est donc dans la boue, le nez ensanglanté et le corps malmené que Samuel décidait de se relever d’une façon spectaculaire pour reprendre le combat là où il l’avait laissé. Mais avant tout, pendant qu’il était à terre, il décida de voir où en était son adversaire à travers ses lunettes qui avaient, décidément, morflé. Il saignait au niveau du cuir chevelu et, au vu de sa position et de son souffle rauque, il devait être autant en forme que lui. Il ne le chargeait pas pour le finir pendant qu’il était à terre, grossière erreur. C’est ça, le problème des plus vieux, trop indulgent, ou peut être tout simplement trop con pour en finir. Qu’à cela ne tienne, il en profiterai. Il lança sa jambe droite dans un mouvement rotatif porté vers l’extérieur, suivi de sa grande copine, la jambe gauche. Ce mouvement avait pour but de le faire passer sur le ventre. S’aidant de l’épaule droite, il se suréleva pour poser derrière sa tête et ainsi relever tout son corps. La classe quoi.

Mais bon, " saloperie d’boue "...

Le menton est un point très sensible chez les humains, s’il subit un quelconque choc, ledit humain est sonné pendant un temps plus ou moins long et évidemment, le sang s’échappe de sa bouche. Samuel Berry étant un humain, lorsque la boue fait glisser sa main gauche, il tombe. Quand quelqu’un est dans une sorte de position de poirier et qu’une de ses mains glisse, il tombe lourdement et souvent sur la tête. Dans ce cas, ce fut le menton qui accusa le coup. Retombant lourdement au sol, mais cette fois sur le ventre, Samuel cracha, tout d’abord un peu de son hémoglobine, puis, il fixa Kan. Il était peut être temps d’arrêter les frais de ce conflit. Maintenant, le nez, le menton et les dents pleines de sang, il se calma.

- " J’crois qu’y s’rait grand temps qu’on s’arrête nan? Ça m’saoul un peu et t’as pas l’air plus habilité…

*Tiens, c’est sympa ça comme mot " habilité " *

… à combattre que moi. "

Un grand homme a dit un jour que s’excuser le premier, c’était ça le vrai courage. Pas sûr qu’il ait raison, sur le coup, baignant dans la boue et la bouche baignant de sang, Samuel ne se trouvait pas vraiment courageux, plutôt pitoyable. Mais tout cela ne venait pas du fait qu’il s’excusait, non, juste de sa position. Si l’autre n’acceptait pas les termes de cet accord de paix, il pourrait toujours se relever et en remettre une couche avec lui, mais il était las. En effet, ce n’était pas de la lâcheté qui le poussait à faire la paix, mais la lassitude. Il attendait la réponse de celui qu’il avait pris plus tôt pour un déficient mental et, qui l’avait mis, encore plus tôt, dans la fange.
Samuel Berry
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Message par Narnak Jeu 27 Mai - 20:26

S’il l’avait désiré, Narnak aurait eu dix fois l’occasion d’achever son adversaire et le combat, ne serait-ce qu’en dégainant au bon moment la lame rouillée dont un lieutenant avait eu la bonté de lui concéder la propriété quelques jours plus tôt. Ce n’était toutefois pas son genre. Pas parce qu’il était trop gentil. Plutôt parce que, malgré ce que son apparence fatiguée pouvait laisser penser à un œil inexpérimenté, l’adrénaline qui coulait encore à flots dans son organisme lui commandait d’en vouloir plus, de chercher plus. Néanmoins, la tentative pathétique du jeune homme qu’il venait de plaquer au sol pour se relever fit un peu retomber la tension. Tandis que le vieux Marsh rigolait à gorge déployée en applaudissant la fin de l’acte, l’aventurier commençait déjà à se calmer de lui-même quand le blondinet, plus trop blond pour l’heure, réclama une trêve d’un ton las. La réponse ne tarda pas.

"J’ai encore une main droite, p’tit gars... Ca devrait m’suffire."

Mais voilà, malgré la provocation, la vue de sa victime à terre et plus vraiment susceptible de le divertir, l’humidité ambiante et les litres d’eau froide dont ses frusques semblaient gorgées, sa cheville droite qui commençait à faire sentir qu’il l’avait un peu malmenée dans sa petite manœuvre avant son coup de tête... étaient autant d’éléments qui lui coupaient peu à peu l’envie de continuer. N’étant pas homme à se forcer, il écouta son humeur changeante et haussa distraitement les épaules dans un grognement indistinct. Boitant légèrement, il s’avança, contourna le bonhomme à terre avec un reste de méfiance expérimentée, et alla récupérer son épais manteau. Après l’avoir regardé d’un œil désabusé, il ramassa le lourd tas de cuir avec un soupir du même genre, et se retourna vers le môme tout en le secouant mollement. Le manteau, pas le môme. Il faudrait attendre qu’il sèche avant d’espérer le nettoyer.

"Bon, t’as soif ?"

Direct et à l’essentiel, comme d’habitude. Narnak n’était pas du genre à s’embarrasser de formules de transition ou à se perdre en commentaires inutiles sur ce qui venait de se passer. De toute façon pas rancunier, voire même complètement lunatique, il n’en voulait déjà plus à son interlocuteur, si tant est qu’il lui en ait réellement voulu pour quoi que ce fût. Même si le bougre avait eu le sang un peu chaud, il était après tout un peu responsable du grabuge qui avait suivi la proposition d’aide, somme toute probablement partie d’un bon sentiment, qui lui avait été faite. Avisant soudain, derrière la silhouette en train de se remettre d’aplomb du gamin dont il attendait la réponse, le vieux qui les regardait depuis un petit moment, il se dirigea vers lui et réquisitionna sans avoir à forcer le fond de bouteille qu’il tenait encore.

Tandis que le pauvre hère lui tendait même la poignée de grosses pièces qui avait survécu à son processus d’autodestruction entamé le matin, "pour l’beau pecstlaque", il lampa d’un coup de langue deux ou trois gorgées après avoir fait passer son pardessus sur son coude gauche, sa main ne pouvant toujours pas serrer grand-chose. Désormais assez désaltéré pour patienter jusqu’à la prochaine taverne, il referma tant bien que mal la mauvaise bouteille et la balança sans plus de cérémonie aux pieds de celui qui mettait décidément du temps à aligner deux mots. Il tapait un peu trop bien et fort pour ça, de l’avis de Narnak, mais peut-être bien qu’il était vraiment demeuré, après tout...

"P’tain, t’es long à la détente, blondin. Y a l’bon monsieur, là, qui nous paie sa tournée... Me dis pas qu’tu bois pas ?"

Ca aurait plutôt bien collé à la façon dont il était fringué, de fait. Pas trop à sa brutalité, mais ne on savait jamais, avec ces bourgeois. Narnak en avait bien rencontré un, une fois, qui s’amusait à trancher les bourgeoises plutôt que de s’amuser directement avec elles.

"Bon, j’y vais, moi," ajouta-t-il peu après, faisant résonner machinalement la monnaie dans sa main. Une petite pause bien méritée avant la Marine.

"C’est quoi ton blaze ?"

Il s’apprêtait à tourner les talons vers le bouge le plus proche, mais s’était ravisé. Même s’il les oubliait rapidement, il aimait bien entendre le nom de ceux avec qui il s’était castagné.
Narnak
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Message par Samuel Berry Mer 16 Juin - 23:02

[HRP] Vu que tu ne seras plus des nôtres d'ici peu, je me permets de laisser mon perso voguer à d'autre occupations plus essentielles qu'aller boire. Par contre si tu te sens chaud pour continuer un peu je peux modifier la fin du texte pour abonder en ton sens.

PS : désolé d'avoir mis aussi longtemps à te répondre, après la fin des exams Lundi il fallait fêter ça Mr Red. [/HRP]


Son blaze? Son blaze donc. Samuel avait en face de lui un quadragénaire en pleine forme, aussi bien physique que moral. Le langage ne convenait pas avec l’âge, mais assez bien, bizarrement, avec la trogne de Kan. Tout le temps où l’autre s’amusait à bouger un peu partout sur la scène qui leur avait servi de combat, Samuel n’avait pas bougé d’un poil, toujours vautré dans la boue, comme un porc. À la pensée de l’animal se roulant sur le même genre de sol, il se leva prestement. Prestement étant un bien grand mot pour quelqu’un dont le corps a été malmené d’une quelconque façon, on dira donc, ici, que le marine en devenir se dressa sur ses deux jambes tant bien que mal. Plutôt en mal d’ailleurs. Ayant les genoux et les mains dans la boue, comme le ferait quelqu’un qui prierait le pékin du coin de lui apprendre un super tour, il ressemblait désormais à l’animal auquel il s’identifiait un peu plus tôt et accéléra alors le mouvement. Mais l’effort étant tout de même assez intense pour quelqu’un dont les muscles sont endolories et dont un filet de sang s’échappe de la bouche, passe par le menton pour finir sur la chemise, le bougre qui se tenait devant Narnak n’était presque plus humain, mais tendait plus vers l’épouvantail. Les bras suspendus dans un signe de croix en moins évidemment.

Enfin debout, les bras ballants et les jambes en coton, sûrement une des conséquences du froid apporté par la pluie, il considéra l’offre de Kan de lui offrir à boire. Proposition alléchante, car, il aimait bien boire un p’tit verre après une bonne baston. Mais il se voyait contraint de refuser l’offre, il voulait s’engager dans la Marine dès aujourd’hui et venir à la base imbibé d’alcool ne lui plaisait pas. Non pas qu’il aurait bu de son plein gré à s’en faire vomir les tripes, mais le monsieur-tout-le-monde, qui n’était vraiment pas tout le monde, semblait vouloir boire plus qu’un p’tit verre, c’était plutôt le genre à boire une, deux, voir trois bouteilles à lui seul. Très peu pour Samuel, le combat avait été sympathique, quoiqu’un peu crade, les prologues avaient été tout aussi cool, mais le temps était venu de se séparer de ce personnage qui ne lui inspirait rien de plus que de la sympathie. La chose aurait pût être poussée plus loin, mais le cœur ne lui en disait rien. Malgré tout, il devait donner une réponse à celui dont le nom ne lui était plus inconnu et qu’il avait réussi à retenir même dans son état de colère poussée.

- " Moi c’est Samuel. Je sais d’ores et déjà que tu t’appelles Kan et il m’en faut pas plus pour te r’mercier d’avoir, tout d’abord, salopé ma journée en m’insultant, puis, égayait cette même et morne journée en t’frittant contre moi. "

Le mot « morne » avait prononcé avec un appui exagéré sur le « o » et un geste théâtrale, renvoyant à la scène qu’ils avaient jouée un peu plus tôt tous les deux. Mais le geste lui arracha une grimace, s’était-il démis l’épaule au moment de l’impact avec le sol? Sans aucun doute puisqu’il n’avait pas reçu d’autres coups. Tant pis pour l’épaule, il la remettrai en place une fois loin de Kan. On a tous un égo à entretenir, surtout lorsque l’on est jeune. Il fouilla alors sa poche gauche de sa main valide pour en ressortir quelques piécettes. Tout en les lançant vers son adversaire d’un moment, il enchaîna :

- " Te dis pas qu’j’fais dans la charité, c’est pour les frais d’teinturier d’ton manteau, c’est moi qui l’ai dégueulassé après tout. Étant donné qu’j’vais pas te d’mander d’payer pour mes fringues, ce qui serait somme toute assez con, j’crois que nos chemins vont diverger ici. "

*Putain, diverger, encore un autre mot classe, chuis chaud aujourd’hui*.

Levant son bras valide dans un signe d’au-revoir, il se tint droit et s’éloigna à la manière d’un coq ayant une patte cassée. Fier, mais maladroit dans sa démarche. Tournant le plus rapidement possible entre deux coins de rues, histoire que l’autre ne le voit pas, il s’arrêta, mordit sa veste et d’un coup sec, se remit l‘épaule en place. Le veston étouffa légèrement le cri et la pluie fit le reste. Kan n’entendrait rien de cet épisode une nouvelle fois assez pathétique de Samuel. Direction le quartier général de la Marine de Loguetown maintenant. Malheureusement, cette pensée n’atteignit pas le cerveau du blond avant sa chute dans les abîmes de l’inconscience. Eh oui, à force de trop en faire, le corps ne suivait plus.
Samuel Berry
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Sam
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Message par Narnak Jeu 17 Juin - 8:10

"Héhé..."

C’était un peu maigre, comme réponse, mais ça ne sembla pas déplaire au petit jeunot d’en face, qui avait de toute façon pris sa décision, apparemment, et qui s’en alla sans plus de tergiversations et en contenant plutôt bien sa douleur pour ce que Kan put voir. Bon, tant pis. Ou tant mieux, ça ferait plus de rhum pour lui. Au moins deux bouteilles vu ce que lui avait lâché le vieux Marsh, si ce que lui avait lancé le blondinet suffisait vraiment à payer la remise en état de son pardessus. Il pourrait sans doute aller jusqu’à trois vu ses talents naturels de négociateur, mais il lui faudrait pour cela ne pas se faire refouler dès l’entrée à cause de son look plutôt sale. S’il ne s’était pas vautré par terre comme... Samuel, hein ?, il n’avait quand même pas pu éviter les projections de boue, et ses fringues en étaient quand même bien maculées. Ce n’était pas en soi un problème majeur mais, avec son front en sang et sa joue tuméfiée, il devrait se rabattre sur une gargote au tavergiste assez peu difficile.

Il avait aussi la possibilité de faire une croix sur la boisson et se payer un petit repas qui contribuerait à le requinquer un peu avant son numéro à venir. En mesure de payer, il rentrerait moins difficilement dans un établissement dont la vocation première était plus de servir à manger que de permettre aux pires vandales de s’abreuver, malgré les restes de son petit combat. C’était même la voie de la sagesse et une condition nécessaire vers l’Aventure avec laquelle il souhaitait renouer, accessible uniquement s’il recouvrait un allant et un train de vie, disons, plus sobres que dans ses périodes sans. Grognant face à cette dure réalité, il tapa de la pointe du pied sur le sol, comme un gamin qui vient de réaliser qu’il ne pourra pas conquérir le monde en restant éternellement dans les doux jupons de sa mère. Evidemment, le pied en question était celui des deux qui se trouvait relié à sa chevillé esquintée, et il grogna encore, plus fort et moins poliment. Puis il éternua et interpréta le phénomène comme un signe que son étoile l’exhortait à pénétrer cette voie de privation. Bon, soit. Allons, essayons.

Teinturier, négociation du prix et des délais, menaces, accord.
Auberge, regards suspicieux, serveuse mignonne, repas.

La chair était ferme et tendre à la fois, le teint frais, l’œil vif et la robe colorée. S’ils étaient sans prétention, les plats, le vin et la jeune fille constituaient autant de régals et Narnak en profita plutôt deux fois qu’une. Quand il s’extirpa de la bâtisse après une réduction et un dernier verre –bu à la santé d’un Samuel qui ne devait pour sa part plus avoir les moyens de bénéficier d’un pareil traitement– offerts par la maison, le flamboyant trentenaire en fin de trentaine flamboyait de nouveau de tous ses feux, en dépit des efforts désespérés de la tache noirâtre qui tentait d’obscurcir une moitié de son visage. Au dehors, la nuit était relativement claire, même si de lourds nuages s’appesantissaient encore dans une bonne partie du ciel. L’averse de la fin d’après-midi n’avait pas fait trop baissé les températures et il avait quant à lui séché, en dînant et en s’amusant dans l’arrière de la bâtisse avec... comment elle s’appelait ? C’était un bon temps pour dormir dehors. Il alla récupérer son épais manteau chez le teinturier, qui n’avait pas osé s’endormir une fois la besogne achevée, et qui avait bien fait comme le lui confirma l’aventurier avec un fin sourire avant de partir. Après quoi, il se mit en quête d’un coin qui convînt et, une fois celui-ci trouvé et sa cheville massée, il s’endormit du sommeil du juste sitôt allongé, repu et confiant en l’avenir.

Entre sa rencontre avec Elisabeth et son entretien avec Samuel, hier et aujourd’hui avaient été de bonnes journées. Sa reprise en main s’était bien amorcée. Demain et après-demain seraient aussi de bonnes journées.

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Narnak
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