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Un bateau dans le ciel

5 participants

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Message par Leo Sinelli Lun 1 Fév - 11:24

~° Humains et autres races°~

~°Présentation du Joueur°~

Prénom : Léon
Age : la vingtaine
Ce que vous aimez : le rôleplay, le fantastique, le hip-hop
Ce que vous n'aimez pas : les chips molles, le sel dans les yeux, mâcher du plâtre
Première Impression : en couleur
Autres :. J'ai vu deux petites erreurs, je vous les montre.

https://one-piece-reign.forumsrpg.com/aides-en-tout-genre-f62/les-superstitions-et-croyances-des-marins-t54.htm Dans la partie Objets, après Bol il faut séparer les bottes.

https://one-piece-reign.forumsrpg.com/wanted-s-infos-f117/les-differents-types-de-criminels-et-ou-les-trouver-t215.htm Pour les criminels de rang E je pense qu'il manque au moins un zéro

Comment avez vous connu ce forum?. Par google, je cherchais un forum rp à ambiance typée et j'ai été attiré par OP. Vu l'engouement que suscite ce manga et les exigences de ce forum je pense m'y plaire. A la base je n'aime pas les dessins mais en tombant sur une belle image de deviantart je me suis dit que c'étaient plus les couleurs que les traits des personnages que je n'aimais pas.

~°Présentation du Personnage°~

Un bateau dans le ciel Commissionforjaxzdiceby

Nom : Sinelli
Prénom : Leo
Surnom : L'Explorateur de Chimères, le Maître d'Oeuvre, le Grand Orfèvre, .
Age : 33 ans
Sexe : masculin
Est-il existant ou inventé ? inventé
Race : humain
Description Psychologique :

Sinelli est un personnage froid et extrêmement patient. Son air légèrement souriant la plupart du temps ne laisse pas transparaître ses joies ou ses tristesses, il faut le connaître et décoder son langage corporel pour assimiler ses émotions. Sinelli n'a aucune considération pour les risques envers sa personne. Il agit même comme si sa vie ne lui appartenait plus. Il est courtois et évitera les conflits inutiles, cependant s'il était contraint de se battre, il entamerait le combat sans douter de ses capacités. Leo n'a aucune considération pour une vie qui ne pourrait lui servir, pour lui tout se marchande. Il est cependant un homme de principe qui veillera à tenir parole, bien qu'il ne l'engage pas souvent.

De façon générale, Sinelli est à considérer comme une aide précieuse si il accepte de passer du temps avec soi, ou d'inviter à prendre un verre de vin.

Description Physique :

Leo est doté d'une taille moyenne et de cheveux argentés. Il porte toujours des habits qui le couvrent des pieds au col et voit le monde à travers ses lunettes rondes, argentées également. Sinelli marque une nette préférence pour le noir et ses dégradés. Il arbore plusieurs croix mais n'est en rien un prêtre, et préfère le cuir et les tissus épais. Sans pour autant atteindre une constitution athlétique, il est assez sportif et laisse deviner une certaine puissance par son allure. Outre les croix, Sinelli n'a aucun signe bling bling mais se plaît à porter une tenue propre et sèche dès qu'il en a l'occasion. Sa vie en altitude le fait privilégier des tenues hermétiques et des hauts cols.

Pouvoir/capacité : Sinelli a subi un traitement de choc qui l'a plongé entre la vie et la mort durant des mois. Véritable cobaye d'une expérience dont il n'était pas volontaire, son métabolisme bien que ne présentant que de légères modifications, comme la teinte de ses cheveux en gris, a profondément bouleversé son métabolisme qui est à présent doté d'une capacité à traiter toute toxine avec une efficacité nettement supérieure à celle de l'Homme. Résultat, Leo résiste à la plupart des poisons et les maladies sont très vite résorbées. Il est en revanche fort probable que son sang soit vicié et inutilisable pour quelqu'un d'autre. De plus, il doit nourrir son système immunitaire en s'administrant divers venins ou infections, développant pour le salut de son corps une forme de toxicomanie dans son degré le plus premier. Si Leo reste plusieurs jours sans éprouver son organisme, il commence à se dresser contre lui.

Niveau arme, Leo aime employer ses pieds et ses poings, mais il a pour les combats plus rudes ou à distance un pistolet à larges canons qui s'ouvre en deux pour se recharger. Très proche du flash ball, cette arme à deux encoches se charge avec des cartouches que Sinelli fabrique, et qui peuvent aussi bien envoyer des boulets de canon en version miniature que des morceaux de verre ou une fusée de détresse.

Grade : Scientifique

Nom de votre ville ou village : le domaine Croswey


Un bateau dans le ciel Airship

Histoire :

Je suis né au domaine Croswey, un manoir situé dans une région montagneuse où peu d'humains résident. Mon père, Pani Sinelli, était le domestique de Lord Croswey, un petit homme excentrique et austère, mais doté d'une intelligence rare. Croswey n'aimait pas mon père, qu'il considérait comme un ignare à peine assez développé pour lacer ses chaussures. Tout le personnel du manoir détestait le comportement de leur employeur, mais il offrait d'excellents salaires et le prestige de travailler pour un être aussi exceptionnel parvenait à convaincre les fourmis de continuer leur petit travail.

Malgré sa position géographique, le domaine recevait énormément de visites. Des scientifiques, pour la plupart. Lord Croswey les considérait à peine mieux que les domestiques, mais au moins avec eux il avait l'impression qu'il pouvait parler sans se dire que son langage serait entièrement incompréhensible comme pour les profanes qui composaient son entourage. La seule personne envers qui il acceptait de démontrer une certaine sympathie était le Dr Vegapunk. Il vint rendre visite à Croswey un jour, mais même mon père fut interdit de rentrer dans la salle de réunion. La discussion que les deux hommes devaient avoir ne pouvait souffrir de la moindre interruption.

Pani Sinelli n'était pas du tout un majordome pincé et renfermé. C'était un bon vivant, et un tireur d'élite. Il avait vécu sa jeunesse sur la mer en tant que chasseur de primes, et avait raccroché après avoir annulé son dernier contrat. Il devait trouver et éliminer Croswey. Mon père a toujours été vague sur cette partie, mais m'a affirmé qu'il ne regrettait pas d'avoir épargné sa cible, ni de la servir par la suite. Quant à ma mère, j'ignore toujours tout d'elle. Pani m'a juste dit qu'elle était une erreur de jeunesse, et qu'il ne l'a vue que deux fois; une fois pour me concevoir, et une autre fois pour me prendre en charge. Visiblement j'étais un fardeau pour ma mère, et mon père a accepté de m'offrir le confort en me gardant avec lui. Du confort, j'en avais, mais j'étais le seul enfant du domaine, et le fait de ne fréquenter que des adultes m'a probablement fait grandir un peu trop vite, parce que j'acquis bien vite un intérêt pour la science.

Je m'intéressai à la physique, à la chimie. L'ambiance très intellectuelle du domaine me poussa à lire et à comprendre. Mon père avait appris pas mal de choses depuis sa réinsertion, et il me guida dans mes premiers pas pour la découverte du monde depuis son plus simple atome. J'assimilais très vite, et voulais toujours comprendre plus de choses. Je me mis aussi à développer un côté artistique en créant des objets pour vérifier les dires de mes enseignements. Un pendule suspendu au plafond avec un long fil pour constater la force de Coriolis,le passage d'un oeuf à travers une bouteille grâce à la dépression ou encore un bilboquet dont la boule tourne sur elle-même pour vérifier la stabilité du corps en mouvement par la force gyroscopique, je m'amusais de jouer au magicien avec les éléments du monde. Je pris le goût de la construction, et m'améliorai bien vite dans la fabrication d'objets simples, mais précis dans leur ouvrage.

Lord Croswey reconnut en moi un être doté d'un certain potentiel, et il demanda à mon père de le laisser s'occuper de mon éducation six heures par jour, un jour sur deux. Je me rappelle avoir pleuré les premiers jours, parce que contrairement à mon père, le Lord n'avait aucune patience, et me rabaissait à la moindre hésitation. Je ne pouvais bien entendu pas avoir le geste sûr et l'idée précise des dosages des produits qu'il me faisait mélanger, surtout après m'avoir expliqué le terme "instable". Croswey m'avait promis de faire de moi quelqu'un de respectable. Je me rappelle avoir mis trop de temps à son goût pour comprendre la surfusion, le maintien d'un corps à l'état liquide alors que sa température est en-dessous de son seuil de solidification. Six heures sur quarante-huit étaient un véritable enfer pour moi, non seulement parce que j'avais l'impression que le Lord me persécutait par plaisir, mais en plus parce que je constatais une fois sorti de mon purgatoire que mon père ne pouvait rien pour me protéger de la séance suivante. Croswey ne se contenta bientôt plus de m'enseigner, il fit de moi un véritable cobaye en me faisant boire des mixtures, et en me piquant l'intérieur du bras avec des épines.

Je tombai malade à plusieurs reprises. Pris de vertiges, de nausées, d'hallucinations, de gonflement de la gorge ou de cécité passagère, je restai couché des semaines durant. Mon père s'inquiétait pour moi, mais il ignorait le traitement que me faisait subir son employeur. Ce dernier vint me voir tous les jours au chevet, et passa beaucoup de temps avec moi. Je le sentis plus doux, plus patient, et surtout plus satisfait. Vu que c'était lui qui s'occupait de mes médications, je n'étais pas prêt de quitter le lit avant un bon moment. Des tâches et des boutons apparurent sur ma peau devenue jaunâtre, j'urinais du sang, sentais mes organes brûler. Mes sommeils furent accompagnés de cauchemars où bien souvent mon père mourait. Dans l'un de ces rêves, aujourd'hui vague, demeure juste le souvenir de la soif qui me tiraille à tel point que je mords sa carcasse faisandée pour en boire le sang. Je ne voulais pas dormir pour ne plus rêver, et quand je ne dormais pas, de nouvelles douleurs se réveillaient et me détruisaient. Torturé aussi bien mentalement que physiquement, je devins confu et il fallut m'attacher pour éviter que je ne me blesse. Pani ne vint plus me voir, Croswey augmenta la longueur de ses visites. Il était d'un calme admirable alors que je rongeais mes sangles pour libérer le bras qui lui arrachera les yeux, et que je l'accusais d'avoir maudit mon âme et fléttri mon corps. La peur se mêla à ma haine, car menacer cet homme des pires souffrances était le seul moyen de le faire sourire, un sourire malsain qui déformait davantage son visage de moins en moins humain.

Au bout d'une période que je ne peux estimer, j'acceptai mon sort de cobaye. Les cauchemars continuaient de me tourmenter, et mon enveloppe charnelle de se meurtrir, mais j'avais fait de la douleur et de la tristesse des informations. Je grimaçais de moins en moins et ne pleurais presque plus. Mon visage boursoufflé par les injections de mon médecin devenait aussi impassible qu'une effigie de cire. J'étais tellement réfugié dans mon monde, que quand les souffrances disparurent, je ne le remarquai pas tout de suite.

Je récupérai mes facultés mentales grâce à l'arrêt de ces épines dont les sécrétions embrouillaient les neurotransmetteurs de l'hypothalamus. Les hallucinations cessèrent et les rêves parurent moins réels. Croswey veilla à me rendre ma forme physique d'avant, mais m'annonça que mes muscles étaient trop atrophiés pour que je puisse à nouveau marcher. Je regardai mes jambes et versai plusieurs larmes, sans toutefois crisper le visage. Mon corps et mon esprit semblaient s'être distancés, et je ressentais mon enveloppe comme une machine que mon cerveau dirigeait de l'extérieur. Conscient que ce n'était pas le cas, je fis l'effort de me rééduquer moi-même une fois mon geôlier parti travailler ses mixtures.

Ca prit beaucoup de temps, mais je finis par tenir à nouveau sur mes jambes. Satisfait d'être debout, j'appris à marcher, et une fois que la marche fut aisée, j'appris à courir. Cette autogestion de ce que j'étais m'offrit une envie de perfection accrue. Je travaillai ma forme avec l'aide de mon père, qui ne montrait plus aucun signe d'affection envers moi et se sentait mal en ma présence. Je voulais savoir pourquoi il était différent, mais ressentais bien que c'était surtout moi qui avais changé. J'avais fini le temps des jeux, à présent je voulais faire du monde une arme, et l'enjoindre à me servir. Je ne pense pas que ces envies étaient réellement les miennes, mais c'était tout ce que j'avais pour me sentir vivant et les choses étaient bien plus simples si je ne m'analysais pas. Pani m'apprit à me servir des armes contondantes et tranchantes, mais c'était au corps-à-corps à mains nues que je me sentais le plus libre. J'affectionnai en revanche l'emploi de l'arme à feu qu'il utilisait et décidai de m'en fabriquer une, un jour. Croswey accueilla cette idée avec un sourire devenu habituel lorsqu'il passait du temps avec moi. Il continuait de me remplir la tête de sa science que j'assimilais comme une valise se remplit des chemises soigneusement repliées. Il n'avait plus besoin de s'énerver, et je sentais dans son discours qu'à présent j'avais son respect.

C'est à l'âge de quatorze ans que je fis ma première expédition. le domaine ne pratiquait pas l'agriculture, alors sa nourriture devait s'importer. Et pour payer les arrivages, il fallait rendre quelques services, que seuls des ingrédients précis pouvaient offrir. J'appris à connaître une grande variété de végétaux et leur utilité en herboristerie. Je prélevai également moultes organes et revêtement d'animaux que je chassais. Pour les expéditions éloignées, nous utilisions un bateau que le Lord avait su rendre volant grâce à un épais ballon de gaz léger qu'il n'obtenait que par de lourds procédés dans la cave du manoir, creusé à même la roche de la montagne. L'appareil avançait vite grâce aux couloirs de roche que la région offrait. J'appris au fur et à mesure à le manoeuvrer en me servant des courants. Les domestiques avaient cessé de sympathiser avec moi, ou s'ils le faisaient c'était plus pour briser la pression du silence que pour tenter de me captiver. Je les appréciais, mais ne supportais pas leur façon de craindre ce qu'il ne comprenaient pas, leur frousse imbécile et leur manie de penser qu'ils étaient indispensables. Leur présence, leur voix, jusqu'à leur odeur me dérangeait, et je fis bien des efforts pour avoir de moins en moins besoin de personnel pour m'aider durant mes missions. Je devins de moins en moins en bavard et de plus en plus solitaire.

Après quinze ans d'aventure, je savais tout ce qu'il y avait à savoir pour piloter, se défendre et survivre en dehors du domaine. Je m'étais même fabriqué une arme qui me prit plus d'un an de travail pour en trouver le concept et le fonctionnement, ainsi que celui de ses munitions. elle fut moulée pour ma main et adaptée selon mon oeil de visée. Il s'agissait d'un double canon assez léger pour être tenu à un bras, avec une crosse rigide à rembourrage anti-choc. Les munitions n'étaient pas des billes de plomb, mais des silos en métal contenant un produit de ma fabrication. J'en avais qui contenaient des débris métalliques, déchets de mes inventions, d'autres une série d'épines enduites d'un sédatif puissant, d'autres encore du phosphore blanc. Je passais mon temps libre à agrandir mon stock de munitions, chacune d'elle demandant beaucoup de temps et de précision. Bientôt je profitai de mes expéditions pour prendre des ingrédients à mon compte et m'en servir pour mes nouvelles idées. J'avais employé toutes les variétés utiles de ma région, le périmètre que couvrait le bateau volant devenait un peu trop exigu pour me surprendre.

Si bien qu'un jour je vins voir mon percepteur et lui fis part de mon envie d'explorer des endroits que je ne connaissais pas. Il me dit que j'étais prêt à faire le tour du monde, et qu'il jurait de me léguer tout ce qu'il possédait, en biens et en savoir, si je lui rapportais un fruit du démon de type Logia. J'en avais entendu parler, mais ignorais comment en dégoter. Je lui promis de veiller à lui apporter cette commande.

Je fis mes adieux à mon géniteur qui me considérait à présent comme le fils de Croswey et embarquai dans un bateau volant, bien moins grand et moins évolué que l'original. Il devait servir à pêcher les poissons volants, mais au moins c'était un moyen de transport et j'avais pu gérer le peu d'espace pour l'aménagement d'un atelier minimal pour quand je devrai fabriquer de nouvelles munitions, concocter des baumes, des poisons, et cartographier les lieux. Une fois la cale pleine de vivres et de quelques bonnes bouteilles de vin, je me mis en route.

Et maintenant, je suis ici.

Test RP: Attendre le feu vert d'un admin


Dernière édition par Leo Sinelli le Mer 24 Fév - 10:00, édité 2 fois
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Message par Maître du Jeu au Trésor Lun 1 Fév - 11:54

Bonjour et bienvenue à toi !

Ton histoire est cohérente, tenue et ton personnage soigneusement préparé. Il manque tout de même une petite touche typique à One Piece et il te sera demandé de lui donner un but précis (trouver ce fruit type logia par exemple).

Pour ton arme, tu devras avoir une de celles validées sur ce forum, mais tu pourras la modifier comme tu l'entends, d'autant plus que je ne la vois nulle part précisée dans ton historique.

Tu peux faire ton post rp et nous jugerons de la totalité !
Maître du Jeu au Trésor
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Localisation RP : Partout et nulle part
Rang/Grade : Banquier
Supérieur : La surface

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Message par Leo Sinelli Lun 1 Fév - 20:36

Hors jeu: Je me suis permis de refaire une description psychologique un peu plus élaborée. Désolé si ça ne colle pas parfaitement à l'univers, jusqu'à présent je n'avais rien lu de One Piece et me suis affranchi du premier volume pour goûter au genre.

Concernant l'arme, j'en parle dans les pouvoirs et capacités et deux fois dans l'historique, dont une qui prend près d'un paragraphe. ;-) Cela dit si au bout de cette histoire tu me dis que je ne peux pas la garder je m'appliquerai à devoir la refabriquer, j'ai laissé une piste qui permette sa destruction. Pour ne rien te cacher, j'aimerais profiter de cette histoire pour garder l'arme, mais ce sera selon ta volonté.

L'histoire est loin d'être finie, mais tout conseil et critique sont bienvenus.

Description psychologique

Sinelli est avant tout un homme pratique. Il s'arrange pour trouver une utilité à tout et tout ce qui ne lui sert pas n'a aucune utilité. C'est autant valable pour les objets inanimés que les êtres vivants. Leo n'irait pas jusqu'à exécuter un infirme s'il le retarde, ce serait une marque de sadisme, mais en comparer la masse d'aide et la masse d'ennuis pour savoir s'il devait veiller à sa sauvegarde ou l'abandonner sur place lui ressemble. Nous empruntons tous les chemins qui nous procurent le plus de plaisir, que ce soit celui de conserver ses principes ou sa sécurité, Leo a juste cela de différent qu'il assume pleinement le fait que tout aie un valeur, même un parent, et que c'est se simplifier que d'être transparent avec soi-même pour fixer la valeur de chaque chose.

Lorsqu'il commerce, Sinelli ne vend jamais pour obtenir de l'or, car l'appréciation de l'autre selon le lieu, le moment et la circonstance, ainsi que de l'objet qu'il désira acquérir, complique à ce point l'équation qu'évaluer quelque chose devient vulgaire si on en coince la valeur. Se faire apprécier sans aller à la flagornerie est le meilleur moyen de faire de belles acquisitions. Inversement, ne pas être dans les petits papiers de Leo risque de gonfler les valeurs. Sinelli vit de ses inventions et préparations, qu'il troque contre des matériaux ou des services, encore une fois jamais de l'argent.

Par ce fait, il n'aurait jamais pu devenir un pirate avide, et la difficulté qu'il a à accorder sa confiance, objet très précieux, ajoutée à sa dépréciation des compagnies bruyantes ou trop familières en font un parfait petit solitaire. Etre seul lui permet de se concentrer davantage et de produire un meilleur travail de toute façon. Il n'est cependant pas hermétique à la perspective de se lier avec quelqu'un, mais investir une charge émotionnelle dans le hasard d'un esprit vivant n'est pas très stratégique, même si parfois on peut y gagner gros.

En société, celui qu'on appelle le Maître d'Oeuvre se présente comme un homme plutôt froid, un brin hautain et toujours sûr de son travail. Il n'aime pas qu'on le teste ni devoir se répéter ou s'expliquer, et préfère couper court à une conversation plutôt que de l'éterniser. Souvent calme, il lui arrive, de temps à autre, d'afficher des marques d'excitation qui lui valent l'impression d'être dérangé. En réalité, Leo conserve juste quelques séquelles d'un traitement chimique subit dans son enfance et qui perturbe de temps à autre son niveau d'endorphine. Le surprendre à rire tout seul n'a peut-être aucun rapport avec sa volonté de manifester sa joie et il ne peut qu'attendre que cette petite crise lui passe. L'endorphine sature vite son organisme s'il est soumis à un état de tension élevé ou si l'adrénaline le sature. Le Maître d'Oeuvre devrait son calme à la crainte de subir une nouvelle crise.

Fier de lui comme de son travail, il est franc à l'excès et ne craint pas heurter la sensibilité d'autrui, sa sincérité pesant à tous les coups plus lourd que la susceptibilité de son interlocuteur. Leo n'a pas un immense instinct de sauvegarde et il n'a jamais étiqueté la valeur de son existence, ce qui peut le rendre très téméraire. Sinelli sait quelle valeur aura la vie le jour où il pourra la comparer à la mort.

Test Rp



- Chapitre 1: Verticale limite -


Un bateau dans le ciel The_airship_by_TheAngelOfLucifer

La première sensation fut celle du contact glacé et poisseux sur mon crâne. Une désagréable sensation qu'on me poussait la tête en insérant ses gros doigts humides dans mes oreilles. Puis, on m'injecta quelque chose dans le nez, quelque chose de brûlant qui me força à ouvrir les yeux et à extirper ma tête de la vague qui venait de me draper le visage.

Koff! Koff! Koff!

Je toussai bruyamment et avalai de dégoûtants grains de sable qui avaient semblait-il profité de mon inconscience pour investir ma bouche. Je crachai quelques fois pour évacuer un maximum de croustillants et tentai de rassembler mes idées dans un état de demi-conscience. Une plage, jusque là rien d'étrange, à part peut-être le fait que j'étais supposé me trouver à ce moment à plus de 300m d'altitude. Les choses devenaient de plus en plus claires. Je me rappelais m'être réveillé dans ma cabine après avoir senti que l'eau m'aspergeait la figure. Mon aéronef avait piqué du nez durant mon sommeil et j'avais atterri malgré moi en pleine mer. D'un naturel prévoyant, j'avais programmé le brûleur pour me maintenir à un niveau stable et mon tableau de bord devait activer un sifflet en cas d'extinction du feu. Mais il ne s'est pas manifesté, et pour cause, ma perte d'altitude n'était pas du tout due à un arrêt du brûleur, mais à un excédent de poids. J'avais vérifié le niveau de mercure et observé les nuages, il n'y avait aucun risque de neige, pas en si peu de temps. Et pourtant je m'étais réveillé piégé des eaux avec un ballon vautré sur les vagues qui ondulaient avec rage pour le remplir. Cette bulle de toile imperméable avait bu quelques tasses et le courant l'emportait impitoyablement. Si je ne sectionnais pas vite les câbles qui nous liaient moi et le vaisseau à ce globe de mort je courais vers un incident grave certain.

Je sortis de mon hamac devenu un boyau dégoulinant d'eau froide et me hâtai de prendre un couteau dentelé pour trancher les cordons de mon tombeau. La plateforme était glissante et je dus remercier mon habileté mêlée à mon sang-froid pour ne pas glisser plus souvent qu'à mon tour. Une corde gelée, ça résiste très bien à un couteau. Je sciai méthodiquement le cordage sans jeter de coup d'oeil au ballon d'eau qui était presque entièrement immergé et me signalait avec une politesse relative que je n'aurais jamais le temps de finir les quatre. Pendant ma manoeuvre, je reproduisais le naufrage dans ma tête.

Le ciel est dégagé. Je prévois trois heures de sommeil et me couche. Quelques minutes plus tard, une neige abondante se dépose sur le ballon et l'alourdit. La neige refroidit l'hydrogène du ballon et accentue sa perte d'altitude. Le vaisseau s'écrase sur l'océan et heurte quelque chose qui en entaille la coque. Cette dernière était hermétique aux infiltrations, mais très fine pour la conserver légère et en aucun cas conçue pour aller sur la mer. L'eau jaillit de la fissure et me réveille. Etrange, la corde est gelée mais l'eau bien que froide ne correspond pas à la température que l'on peut attendre des climats polaires. De plus, l'air ambiant n'est que légèrement frais. Un nuage de neige se serait matérialisé autour de mon aéronef juste pour le ramener au sol? J'avais lu dans un livre de Croswey que la Grand Line présentait des altérations majeures de la physique, mais je ne savais pas que ces modifications survenaient d'un instant à l'autre sans passer par des transitions. De plus, je ne pensais pas être déjà arrivé à la Grand Line, selon mes estimations, j'étais encore bien plus au Sud dans le West Blue.

La corde se rompit enfin et j'entamai la seconde sans me soucier du fait que la froideur du sol et de la corde me congelaient les mains et plantes de pied. J'aurais pris mes effets avec plaisir, mais chaque seconde comptait et il était hors de question que je risque la vie de mon vaisseau pour un caprice de confort. De toute façon, si la fuite les avait touché, porter des habits trempés n'allait pas m'être d'une grande aide.

Je reçus soudainement une secousse provenant d'en-bas, et dus me raccrocher au lien que j'avais presque fini de trancher. Il y avait quelque chose de dur sous la coque. Quelque chose de vivant.

J'eus à peine le temps de comprendre ce qui se passait qu'une silhouette lisse et bombée surgit des eaux et s'abattit sur mon ballon blanc. La créature la dépassait en envergure et la vague qu'elle engendra m'éjecta contre la vitre de ma cabine. Heureusement je les avais prévues épaisses, mais le temps que je reprenne mes esprits, le dirigeable avait entièrement disparu sous les flots et les trois cordes qui s'y agrippaient tiraient le vaisseau avec une force telle que je devinais que le monstre marin comptait digérer ce qu'il avait confondu avec une méduse géante au fond de l'océan. Peut-être que la toile l'étouffait et qu'il se débattait pour déglutir. Dans tous les cas, j'étais mal.

Je me précipitai à l'intérieur de ma cabine et pris mon Sinelli Disapproval, dont je remplis les deux compartiments de silos à boulets ramés. C'était exactement le même système que les boulets ramés employés par les pirates pour couper les mâts, sauf qu'ici le diamètre du projectile en faisait plus une bolas à haute vélocité. Utilisé en tant que telle, il arrachait la jambe avant de s'enrouler autour pour immobiliser la cible, mais je comptais plutôt m'en servir pour arracher des barreaux de cellule ou briser un pont suspendu. J'allais devoir me contenter de gâcher ces cartouches pour de simples cordes, mais vu la configuration actuelle et mes perspectives d'avenir, c'était la meilleure chose à faire.

Hélas, je n'en fis rien, car au moment où mon arme avait fini d'être approvisionnée, les cordes se tendirent à l'extrême et emportèrent le vaisseau sous le niveau de la mer. L'ombre marine me tirait vers le bas avec l'énergie d'un chien de traîneau. Les bestioles de cette envergure pouvaient se débattre avec rage durant plus de deux jours avant de montrer des signes de fatigue, je devais quitter ma cabine. Pour l'heure, c'était impossible, car si chaque objet présent dans la pièce avait été intelligemment soudé aux parois de l'appareil, moi je n'avais plus pied et je m'écrasais lourdement contre les coins de meuble que seul un idiot avait pu incruster. Je me retrouvai au fond de ma cabine, et la porte de sortie était au plafond, qui lui-même se situait sous l'eau. Je me sentais comme une bulle qui empruntait la mauvaise direction.

Heureusement, l'air présent opposait une résistance au monstre, mais la fissure n'avait pas été colmatée et j'allais mourir noyé dans un sarcophage conçu pour ne jamais goûter le sel de l'eau de mer. Si un jour les vols se démocratisaient, les accidents d'aéronef feraient bien des morts.

Ayant estimé mes chances de survie à moins de un contre cinq, je pris le temps de m'habiller. Je n'allais tout de même pas mourir en caleçon. Comme prêt à parier sur mes probabilités avec l'espoir d'empocher la banque, je pris quelques instruments dans ma mallette. Lentille, boussole, outils chirurgicaux, extracteur de venin, canule, sacoche d'éprouvettes, le nécessaire de base à tout arpenteur de lieux vierges en vue d'y faire des prélèvements. Je m'équipai également de quelques produits chimiques. J'étais prêt pour le voyage, mais à présent la distance qui me séparait de la surface était un peu trop grande pour me permettre de remonter, sans compter que mes vêtements plus mon arme et ma mallette, ça en faisait du poids. Je ne perdis plus une minute et débouchai mon baril de vin que je mêlai avec un pincement au coeur à l'eau écumée qui m'arrivait maintenant aux cuisses. Mon bureau situé à près d'un mètre au-dessus de moi, je me servis du hamac pour me sortir de l'élément aqueux et fouiller dans mon tiroir de droite. Ma petite boîte de gomme à mâcher était là où je l'avais laissée, c'était parfait. J'en pris une grosse poignée que j'enfournai dans ma bouche et commençai à mâcher. En faisant cela, je pris mon cintre en bois couvert d'une peinture rose pour des raisons que je ne m'étais jamais expliqué, et en introduis la boucle dans le trou du tonneau. Une fois fait, je retirai la gomme de ma bouche et m'en servis pour boucher la cavité de ce même tonneau. Cette gomme faite à partir de sève végétale avait deux avantages. Primo, ça me détendait de mâcher, et secundo, une fois refroidie elle formait un mastic résistant apte à servir de goudron de fortune. Ma bouée était prête, il me fallait à présent sortir. J'armai le second chien de mon Disapproval, visai le toit de ma cellule - autrement dit la porte - et tirai.

La violence du choc alliée à la pression de l'eau firent exploser la-dite porte qui déversa dans la pièce une cascade de sel liquide. Si le monstre m'avait laissé une minute de plus, j'aurais peut-être pu relier une canule utilisée contre les gonflements de gorge pour créer une sorte de tube à oxygène. Le baril aurait ainsi eu la double fonction de bouée et réserve d'oxygène. Je m'en voulais un peu d'avoir pensé à ça sur le tard, mais malgré tout j'étais satisfait car je luttais fermement contre les probabilités majoritaires. Une fois l'embouchure de mon vaisseau dépressurisée, je m'agrippai au cintre rose et laissai ma balise remonter en l'accompagnant de mes jambes. Je ne battais pas frénétiquement des chevilles pour économiser l'oxygène dont mon corps avait besoin. Je sentais sans le voir que ma cabine était désormais loin sous mes pieds et ne pensai pas à la distance qui me séparait encore de la surface, ni à la désagréable sensation d'être en proie à l'asphyxie dans un élément profondément noir dans toutes les directions qu'un oeil puisse sonder. Et si il y avait une autre bête? Si je n'étais en ce moment qu'un aveugle prisonnier d'une toile qu'une autre abomination palmée avait tissé? Une fois en surface, respirer serait la priorité absolue, mais après cela il allait falloir affronter tout ce qu'un océan défait de la moindre logique scientifique pouvait proposer.

L'air de mes poumons commençait à réclamer du frais, et toujours aucune lueur au-dessus de ma tête. Je pouvais me retrouver à l'air libre dans la seconde comme continuer à scruter ce ciel noir et lourd qui se plaisait à ne pas me recracher. Je sentis une décharge dans ma main, le mastic s'était détaché du tonneau et seul le crochet me maintenait cramponné à ma bouée. Je sentais le goulot tanguer, menaçant à chaque instant de boire l'eau de cette mer jusqu'à se laisser séduire par ses fonds. Si ça arrivait, j'étais fichu. Je peinais à garder mon souffle et n'avais plus le temps d'ôter le sur-poids pour flotter. La prochaine fois que je prendrais le ciel, une veste avec des poches d'air ça pouvait être une bonne idée.

Une bulle s'échappa de ma bouche, puis deux. Je les sentais glisser le long de mon visage sans pour autant les voir. Le temps n'avait plus court, j'allais rester coincé dans cet ennemi insaisissable et lui offrir ma pourtant si céleste dépouille. Je n'en puis plus, la nervosité m'avait envahi et je sentais mes zygomatiques se tendre. Je souriais pour ne pas rire. Mon esprit paniqué luttait contre l'hystérie latente de mon corps qui voulait hurler son euphorie. J'avais l'impression de devoir me retenir de respirer alors que des décharges me parcouraient l'estomac. Epuisées, mes lèvres s'entrouvrirent et je ris un régiment de bulles qui annoncèrent à la surface qu'à cet endroit précis l'explorateur de Chimères venait d'en devenir une.



***

Ah, ben t'es vivant en fait.

*A qui est cette voix? Je la sens paternelle et protectrice. J'ai toujours mal partout, mais j'ai l'esprit léger, comme apaisé d'un poids. Le soleil, la plage, le bruit des vagues qui à présent semble lointain. J'ai l'impression d'être placé sous une cloche de bienveillance, et de capter à travers la brume de mon dernier souffle l'appel du Premier Créateur.*

Sacrée aventure, j'espère que tu as prié au moment de plonger.

Est-ce...est-ce toi dieu?

Spoiler:

Aaaaaaaah! T'es quoi toi?

Le vieil homme assis sur sa tortue décolla sa canne à pêche et me donna un puissant coup sur la tête. A peine conscient que cet homme n'était pas un songe, je ressentis la douleur me faire revenir dans le monde réel.

Ouch! Mollo grand-père, je viens de me réveiller. D'ailleurs, c'est quoi cet endroit?

...

C'était une question.

Petit avorton!

Le vieil homme demanda à sa tortue de faire demi-tour, ce qu'elle fit avec la nonchalance qui la caractérisait tandis que le vieux pêcheur me gratifiait d'une oreille assourdie. Lui, il avait vraiment les coquillages sélectifs. Je regardai autour de moi. Il faisait jour et la plage était belle. Au-delà du sable jouxtait une prairie à l'herbe coupée comme si elle faisait partie d'un jardin de Lord. L'île n'avait pas l'air très vaste, mais je voyais au loin une pointe de tuiles chapeautant une colonne de pierre. Une sorte de tour, peut-être un domaine semblable à celui de Croswey. Je cherchai autour de moi et retrouvai ma mallette ainsi que mon arme, mais elle avait déjà commencé à rouiller. Il me fallait la traiter au plus vite si je voulais éviter de la perdre, et réviser de fond en comble l'intérieur du canon qui ne pouvait souffrir de la moindre lésion.

Hey, avorton! Ma tortue va trop vite pour toi?

Je regardai en direction du vieux qui me narguait avec sa bestiole. J'étais tombé sur un caractère de merde, ça promettait un agréable séjour.

J'arrive vieil homme.

Je me redressai et profitai des premiers pas pour épousseter un maximum de sable. J'avais très froid, il fallait que je me sèche, et que j'entretienne mon équipement. En attendant, il me fallait suivre ce vieil homme qui me servirait de guide.

Merci d'être venu t'inquiéter de mon cas, j'apprécie le geste.

Tu me tutoies? Encore un qui a des manières de pirate. Ecoute-moi bien petit * qui est petit? (-_-)* je t'ai pêché, ça veut dire que tu es ma prise. Alors sois sage comme un bon poisson bien mort ou je m'occupe de ton cas.

Je n'aimais pas la façon dont cet homme me parlait, mais je lui devais peut-être la vie, ça méritait bien un peu de patience pour compenser.

Délicieuse cette prise de contact. Il avait mis dans le mil celui qui a dit que l'enfer c'est les autres.

Tu l'as dit avorton.


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Message par Leo Sinelli Ven 5 Fév - 8:49


- Chapitre 2: Mr.Turtle -

Un bateau dans le ciel Rhume


Nous passâmes la promenade sans échanger le moindre mot. Le vieil homme restait sur sa tortue et, sans voir ses yeux masqués de son lourd chapeau, je le soupçonnai de s'être endormi. J'avais des questions concernant les lieux, la principale étant "où sommes-nous?", mais je comptais plus sur un panneau de signalisation que le bon-vouloir de mon guide pour m'apporter les informations utiles. De toute évidence, il ne voulait pas parler, et c'était très bien comme ça. Je regardais les végétations qui nous entouraient. Le climat sensiblement différent de celui du domaine n'offrait pas les mêmes variétés, mais je reconnaissais des formes de vies illustrées dans les ouvrages de la bibliothèque. Si j'étais venu ici de gré, j'aurais certainement passé quelques heures à prélever des plantes et graines pour en connaître les conditions d'éclosion et les propriétés. Mais pour l'heure, le plus important était de rencontrer le propriétaire du domaine pour savoir ce qu'il pouvait faire pour m'aider à repartir.

Pas de panneau? Nous venions d'entrer dans la rue principale et aucune indication quant au lieu. Autre fait étrange, tous les lieux touristiques étaient dotés du même nom. Restaurant Regy, Quincaillerie Regy, auberge Regy. Evidemment, inutile de planter un panneau après ça. Je connaissais désormais le nom de l'endroit, mais à voir les matériaux des constructions et l'originalité de leurs noms je devinai être tombé sur un village de province nouvellement construit. Le seul bâtiment qui quittait le cadre "tout-bois sur boue" était le fameux domaine dont la hauteur des portes dépassait facilement trois hommes, et qui lui profitait de pierres pour s'élever au-delà des immeubles voisins bien sommaires en comparaison. De toute évidence, on n'avait pas grande considération pour le peuple ici. D'ailleurs où était-il ce peuple? Le soleil pointait au zénith et les rues étaient désertes. Même si il ne devait pas y avoir plus de cinquante habitants, n'en voir aucun m'intriguait. Je profitai du rythme de croisière de la tortue du vieil homme pour observer plus attentivement le décor. Les volets étaient clos, mais aucune toile ne s'était tissée dans un coin de toit. Il n'y avait aucun ronron d'activité manuelle, mais un chien aboyait de façon étouffée au bout de la rue. Le vieil homme semblait toujours assoupi. Je commençais à avoir un mauvais pressentiment. Mon arme était bien trop trempée pour accueillir de nouvelles munitions, mais les canons étaient en alliage épais et je tins fermement la crosse pour être prêt à riposter à toute agression. Bien entendu, je conservais une expression détendue.

Le pêcheur approchait du domaine, et j'entendis la maison où le chien vivait passer à côté de nous. Personne ne lui demandait de se taire, où étaient ses propriétaires?

Pas un pas de plus, vieil homme.

Je m'étais arrêté à quelques mètres de l'immense porte et adoptais une position alerte. Tout ce mystère commençait à me peser.

Je t'ai demandé de t'arrêter!

Rien n'y fit, il poursuivait sa progression vers la citadelle de pierre dans un rythme constant, comme s'il était hypnotisé par ce lieu. J'hésitai. Ce vieux était austère de nature, rien ne me disait qu'il me menait tout droit dans un piège. Toutefois, je n'allais pas risquer de me fourvoyer au profit de son sale caractère, il avait beau avoir eu un rôle dans mon sauvetage ça ne lui donnait aucun droit de disposer de moi comme il l'entendait.

Trois mètres entre lui et la porte. Je n'allais pas le laisser l'ouvrir et disparaître dans un lieu couvert. Deux mètres, je fis de grandes enjambées pour le rejoindre avant qu'il n'ouvre. Un mètre, je me mis à sa hauteur et le braquai de mes canons déchargés. S'il ne les prenait pas au sérieux, il allait goûter à ma matraque improvisée.

Dernier avertissement, ne défies pas ma parole.

Il continua à avancer jusqu'à ce que sa tortue se cogne à la porte et sursaute. Prise de panique, elle se cacha dans sa carapace qui fit un bond violent, assez violent pour projeter vers l'avant le pêcheur qui s'écrasa le visage contre la porte sans chercher à l'amortir.

Hein? Qu'est-ce que? Qui a osé?

Il se redressa vivement, agressif comme un chien qui s'était mordu la queue, et me toisa d'un regard accusateur, empli d'une colère sans essence qui aurait pu m'impressionner s'il ne s'était pas ridiculisé en n'anticipant pas la vitesse de sa tortue.

Pourquoi tu m'as laissé m'endormir avorton?

...

C'était une question!

Vieux sénile, et dire que j'ai cru que tu pouvais me piéger. Tu m'as assez fait perdre mon temps, maintenant rép...

J'eus à peine le temps de me protéger en calant le canon de mon arme contre mon bras pour en faire une targe. La violence du choc faillit me déboîter l'épaule et je sentis mon corps emporté par le puissance du coup que je venais de recevoir. Mes pieds quittèrent le sol et je planai sur plus de trois mètres avant de toucher le sol. Doté de réflexes entraînés, je lançai mes jambes vers le haut pour effectuer un salto arrière. Je fixai le sol pour déterminer quand le percuter avec mes semelles et comment lutter contre l'énergie qui m'avait emporté. Mes pieds épousèrent la route de façon satisfaisante et je pus me laisser déraper pour perdre de la vitesse. J'avais penché mon tronc en avant pour conserver mon équilibre et préparé mes bras à toucher terre s'il avait fallu les faire participer à la réception. Ce ne fut pas le cas, et une fois stabilisé je me redressai et fixai mon adversaire qui avait déclenché les hostilités.

Un bateau dans le ciel Turtleshot

*Il est dingue!*

La tortue qui lui avait servi de transport fonça dans ma direction, et je compris à quoi était due la violence du premier coup. Ce vieux pêcheur était très rapide, et à en juger la vitesse de son projectile très fort aussi. Si mon arme avait été opérationnelle, j'aurais pu contrer son attaque. Il me restait un boulet ramé dans la chambre principale, mais aucune chance de l'envoyer pour dévier la carapace. D'un certain côté, j'évitais au passage de tuer un animal en le pulvérisant avec le Disapproval. N'ayant pas d'autre choix, je me jetai en arrière pour éviter de justesse la boule verte qui me frôla le visage. Et dire que j'avais des cartouches pour engluer ce vieux bouc contre la porte de "son" domaine, mauvaise chance pour moi.

A peine relevé, je dus décaler la tête pour ne pas me faire empaler par sa canne qu'il employait comme une rapière. C'était une plaie ce type, je devais l'immobiliser en le cognant à l'arrière de la tête avec mon arme. En un éclair, je m'accroupis et poussai sur les jambes pour bondir sur lui. J'allais arriver au contact quand je vis un fil aussi fin que celui des toiles d'araignée luire devant mes yeux. Je fis un moulinet avec le bras et sentis le lien se resserrer autour; si je n'avais pas détecté son fil de pêche, il m'aurait étranglé avec, sinon décapité. Mes manches étaient en cuir épais et je n'avais pas à redouter le tranchant de son lien, mais cette action me fit louper mon opportunité de le frapper à la réception. Déjà il avait repris sa garde et tenta de me fouetter le visage avec sa canne, mais je le parai de mon canon bien plus lourd et résistant. S'en suivit un duel aux styles opposés. Le poids de mon arme m'empêchait de porter autant d'assaut que lui, je veillai donc à me défendre en enroulant le fil autour du même bras. Le vieux essaya de passer dans mon dos mais j'étais rapide avec mes jambes et je pus le stopper dans sa course. Quand il manquerait de fil, sa canne ne pourrait plus effectuer de mouvements aussi amples et je saurais contrôler ses gestes ou le désarmer s'il décidait de lâcher prise.

Mon plan fonctionna, je tirai d'un coup sec pour lui faire glisser la canne des mains, mais il était très léger et sans doute avait-il donné de l'élan pour suivre son arme dans les airs. En se servant de sa masse pour gagner en célérité, il décrivit une révolution autour de moi et me percuta l'arrière du genou avec son pied. Je pliai la jambe et le sentis remonter dans mon dos. D'instinct, je relevai le canon de mon arme et le plaquai contre mon cou et ma joue. La canne qu'il voulait employer pour m'écraser la pomme d'adam plia face à la rigidité de mon morceau de métal et en levant le bras je calais son morceau de bois entre le manche et la détente du Disapproval. Je le tournai ensuite pour exercer une pression sur la canne en la tenaillant. J'éloignai ensuite ma pince, profitant de la résistance de mon dos pour forcer le vieux à abandonner son arme, ce qu'il fit au prix d'un effort. Je saisis la tête de la canne après l'avoir délogée du Disapproval. J'avais mon arme dans une main et la sienne dans l'autre, si je le délogeais de mon dos et reprenais un minimum mes distance, il était fichu.

Le vieil homme, tenace, souleva le bas de ma veste et je le sentis s'engouffrer dedans. Il m'arrachait la peau en prenant mon dos pour une falaise et le cuir bombé me tirais les manches en arrière.

*Saleté, jamais tu ne laisses tomber?*

Je repliai mes coude et laissai le pression du parasite m'ôter ma veste. Contraint de lâcher mes armes pour libérer les bras, je récupérai les manches avant que le vêtement ne tombe et les nouai autour de ma taille. Je fis ensuite un salto avant en veillant à me réceptionner sur le dos. Le pêcheur n'eut pas le temps de quitter ma cage de cuir et je sentis sa respiration se couper quand son petit corps se coinça entre le sol et mon dos, et que sa barbe me piquait la peau. Sonné, il n'opposa plus de résistance quand je retirai ma veste, me relevai et plaquai mon arme sur sa gorge alors qu'il était encore allongé.

Tu as du comprendre que mon arme ne pouvait pas tirer, mais j'ai assez de force pour te broyer la nuque en passant pas ta gorge. Alors vieil homme, tu comptes répondre à mes questions ou je t'achève sur place?

Tu m'as traité de sénile!

Je restai sans voix un instant, accusant le choc de voir qu'il avait tenté de me tuer juste parce que je m'étais emporté sur lui.

Quoi!?! Et ça justifie de me tuer? Tu accordes beaucoup de valeur à ton existence, permets-moi de rééquilibrer la balance.

Je me tus. Un bruit de grincement venait du domaine. Sans ôter mon arme du cou du vieux, je vis une paire de quadruplés ouvrir les deux parties de la double-porte. Je dis les quadruplés, parce qu'ils portaient les mêmes habits, une sorte de robe noire doublée d'un long manteau de tissu blanc. Ils bougeaient avec un timing parfait et répondirent à une de mes questions en me montrant ce que contenait l'édifice. Une foule interrogatrice me fixait, je faisais même peur à plusieurs d'entre eux. Tous avaient le même vêtement, sauf un au milieu qui à la place du manteau noir portait une cape blanche. C'est lui qui s'exprima le premier.

Allons, allons, à quoi jouez-vous vous deux?


N'approchez pas, ne me forcez pas à tuer l'un des vôtres.

L'un des nôtres? Oh noble étranger, le vieux Turtle est certes notre maire, mais il ne fait pas vraiment partie des nôtres.

Le vieux Turtle? Je sentis mon canon faire pression sur la crispation de mon otage.

Ce sera monsieur Turtle pour toi, avorton!!!

Je commençais à en avoir assez de ses insultes. Constatant que Turtle était le seul à ne pas porter du blanc et noir, je portai crédit aux dires de l'homme visiblement propriétaire du domaine. Il affichait un sourire compatissant et un regard complice qui n'étaient pas pour me mettre en confiance. J'étais un inconnu qui menaçait une connaissance de leur village, et depuis les paroles du seigneur blanc tous affichaient un visage serein et amical, comme si j'étais en train de les gratifier d'un solo de violon ou de leur lire une poésie que j'avais écrit moi-même. J'opterais plus pour la seconde image d'ailleurs, parce qu'à cet instant ils avaient le sourire à moitié hypocrite des parents fiers des essais ratés de leurs enfants.

Je libérai mon otage en replaçant Disapproval sur mon épaule, et me mis face à eux, attendant de voir comment ils allaient considérer ce geste de ma part.

Oh...

Je ne compris pas pourquoi ils me fixaient de plus en plus avec des yeux écarquillés, un air béat ou émerveillé. Une femme à peine plus âgée que moi me pointa du doigt en clamant pour que tout le groupe entende.

Regardez, c'est Regy!


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Message par Leo Sinelli Dim 7 Fév - 6:41



- Chapitre 3: Le dieu privé du ciel -

Un bateau dans le ciel Swingingcrossanimated

Tenez, un sake, offert par la maison.

Je remerciai la serveuse qui m'avait apporté un alcool de riz dans un petit verre en terre cuite d'un signe de la tête. La majorité des autochtones étaient présents, et j'étais la cible de bien des regards, ce qui me déplaisait hautement, même si je ne le laissais pas transparaître. Je comprenais leur impression. Pour eux, j'étais l'Espoir, une réponse à une interrogation posée et obnubilante. Tout ça à cause de cette croix en argent que je portais en pendentif.



***



Plus tôt dans la journée. Le soleil descendait à peine de son zénith et les échanges avec Turtle m'avaient assoiffé. Mes vêtements étaient toujours trempés et la noyade de la veille avait conservé des effets sur mon organisme. J'avais besoin de repos.

L'homme blanc se détacha du groupe et avança vers moi sereinement. Je ne voyais pas son visage car il s'était couvert la tête d'une capuche qui descendait jusqu'à son nez. Cependant, je distinguais nettement sa bouche et ses contours, et constatai que cet homme qui parlait du ton des vieux sages ne devait pas être plus âgé que moi, ou à peine.

Je vous appelle au calme, regiens. Qui que soit cet être, nous ne devons pas le brusquer, il mérite plus d'égards. Dites-moi étranger, pourriez-vous répondre favorablement à cette requête? En ce jour, vous êtes l'hôte de notre village. Un bain parfumé et de nouveaux vêtements vous sont offerts, et l'auberge Regy vous réserve sa suite la plus confortable, êtes-vous d'accord Hébène?

Le Blanc interrogeait une jeune femme aux traits symétriques qui s'était inclinée comme une vassale pour accepter la proposition. Il n'avait pas pris la peine de se tourner vers elle pour parler, comme si l'affaire était entendue.

Bien, à présent que tout le monde retourne à son travail, remercions Regy de nous gratifier d'une telle visite. Allez maintenant.

Timidement, la foule s'exécuta. Toutes les âmes humaines se déversèrent dans la rue, chacune ayant une maison où aller ou un lieu où travailler. L'homme en blanc me sourit sans me laisser voir ses yeux. Toute cette mise en scène semblait faite pour m'impressionner, du moins c'était la plus rassurante des explications parce que si ils communiquaient comme ça au quotidien ça devenait malsain. Mon mystérieux interlocuteur se mit de trois-quarts et m'invita d'un geste de la main à le suivre. Je regardai un instant Turtle. Il s'était relevé et prenait la route de la plage sur sa tortue. Le Blanc entama une promenade, je lui emboîtai le pas.

Excusez les manières des villageois, votre venue les a littéralement chamboulé. Et excusez également les miennes pour ne pas m'être présenté. Je me nomme Regis, dit-il en tendant sa main que je serrai en tiquant sur le nom, Haut Prieur.

Leonardo.

Lui aussi tiqua sur mon nom. Il aurait sans doute préféré Regy.

Enchanté Leonardo. Homme de foi mais de courtoisie, puis-je me permettre de vous demander si il y a une raison à votre venue? Le vieux Turtle a malheureusement tenu ses habitudes en n'adressant aucune explication à notre groupe.

N'ayant pas envie d'aborder le sujet Turtle tout de suite, je suivis le rythme de la conversation sans en prendre la tête.

Un naufrage. Je ne vous dérangerai pas longtemps.

Ah, mon ami, vous n'avez pas idée de la joie qui nous parcourt en vous comptant parmi nous.

Je me fais une idée selon ce que j'ai vu, ce que j'ignore c'est la raison de cet effet.

Oui...qu'est-ce que c'est le pendentif en forme de croix autour de votre cou?


Je regardai mon pendentif.

C'est une simple croix en argent, elle symbolise l'endroit d'où je viens.

Et d'où venez-vous?

Du monde des humains.

Il s'arrêta net et me laissa deux pas d'avance. Je les effectuai et me retournai vers lui, une froideur dans le regard lui signalant que je n'aimais pas ses questions. Je venais de briser le rythme.

Je vois, pardonnez cet interrogatoire, je ne voulais pas vous importuner.

Regy est notre dieu. Il est apparu il y a une quarantaine d'années et a enseigné aux regiens comment se protéger. Il a déclaré que tant que nous honorerions son nom, aucun crime ne serait commis sur l'île, car ceux qui ont foi en Lui ne connaissent pas la corruption. Vous n'avez vu ni police ni prison dans notre ville, c'est une chose inutile chez nous, nous savons tous que Regy nous guide et nous protège.


Il y a bien des tensions de temps à autre entre deux villageois, ou ce misanthrope de Turtle qui n'a pas supporté une seconde autorité sur son village, mais par le dialogue et le besoin d'autrui, nous formons les torsades d'une même corde qu'aucun ne peut rompre.

Regy se décrit comme un être invisible à la nuit portant en son coeur la bonté scintillante. Ce scintillement prend la forme d'une croix, car il peut atteindre les quatre Blues de sa bienveillance. Votre pendentif scintillant à la lumière du soleil a été un signe pour eux, comme pour moi d'ailleurs.


Plus le temps passait et plus l'hypocrisie que Regis me servait en guise de plat principal me révulsait l'estomac. A présent je savais qu'il n'avait pas peur de moi, ou du moins il ne m'enveloppait pas du voile mystique comme les autres villageois. Estimait-il être l'égal de ce Regy avec qui on me confondait? Espérait-il prendre sa place? Regis, si c'était son vrai prénom, voulait certainement évaluer ce que j'étais et mon influence sur son village, son territoire. J'étais un lion entré dans son harem, comptait-il régler des comptes si je posais un problème? Je ne comptais pas rester assez longtemps pour me tailler une place dans le coeur de cette secte, mais si j'étais contraint de prolonger mon séjour, ce n'est pas lui qui dicterait la moindre de mes perspectives.

Nous fîmes un bref petit tour. L'île avait un relief en équaire et je saluai ma bonne étoile de m'avoir conduit du côté plage plutôt que celui de la falaise. Je me mis sur le point le plus haut, c'est-à dire au bord, et scrutai l'horizon. Ni île, ni navire, j'étais au milieu de nulle part. Regis prit à nouveau la parole pour me dire que mon bain devait être prêt, autrement dit il me demandait de me hâter. Je décrochai mon regard de l'éternel baiser du ciel et de la mer pour retourner dans les préoccupations des terriens.

Le bain qui m'attendait avait été versé dans une bassine de bois où on pouvait aisément se tenir en tailleur. Ca ne valait pas les thermes du domaine où chaque membre du personnel aurait pu tremper sans entrer en contact avec l'autre, mais pour m'attendre à pire, et considérant le travail qu'il avait fallu pour remplir la baignoire, j'en fus très satisfait. Les fourmis noires avaient tendu une corde entre deux poteaux de bois pour y mettre sécher mes effets. Ce village aurait été agréable si je n'avais pas eu un mauvais pressentiment au sujet de ce groupe et de leur chef. Ce dernier me montra quatre coffrets contenant des poudres végétales très aromatisées. J'optai pour un parfum doucement lavandé.

Avez-vous des fraises qui poussent sur cette île?

Des fraises? Oui nous avons en culture juste à côté du village. Demandez à Régina, la patronne de l'auberge. Ses pâtisseries circulent encore plus librement que les berries, et si la crème se conservait mieux il y a longtemps qu'on n'emploierait plus que cette forme de payement.

Regis plaisantait enfin. A croire qu'il suffisait de s'intéresser à sa région pour qu'il s'assouplisse la ceinture. Il se permit même un léger rire étouffé par la pudeur d'être en présence d'un étranger. Enfin il me considérait pour celui que j'étais.

Pourquoi cette question Leonardo? Auriez-vous préféré un parfum fraisé?

J'aime les fraises, surtout accompagnées de crème.

Je demanderai qu'on en garnisse votre table de nuit dès votre réveil. Elles n'auront aucun défaut, ce sera pour moi une façon de me racheter de ma conduite.

J'aime les défauts des fraises Regis.

Je lus sur son visage une mimique enthousiasmée.

Et vous avez raison. Bien, à présent je vais me retirer. Vous avez eu votre dose d'émotions de la journée, tâchez de reprendre des forces à présent.

Je saluai le Haut Prieur qui prit congé alors que je retirais mes vêtements poisseux. Soulagé d'être enfin seul, je vidai mes poches et mis à tremper mon linge, à l'exception de mon pantalon que je gardai pour ne pas choquer la sensibilité de ceux qui me verraient récupérer ma mallette près du lieu de prière. J'avais du l'abandonner pour parer le premier coup de tortue. Personne n'y avait touché, agréable surprise. Il faut dire que c'était l'objet de Regy pour eux, et apparemment si Regy décidait de le poser là, il ne fallait pas changer sa volonté. Regis était un homme de pouvoir qui aimait son influence sur les autres. Il n'était pas étonnant qu'il aie utilisé une sorte d'entité divine pour s'offrir un droit décisionnel absolu sur son groupe. En somme, c'était un dictateur du monde des esprits. Je n'avais pas à me positionner là-dessus, le dictature n'allait pas à l'encontre de mes principes, même si elle ne servait en rien à les appuyer. Il pouvait donc jouer de la crédibilité du peuple si ça faisait son plaisir et que le village se retrouvait bien organisé grâce à ce subterfuge, mais en aucun cas il ne devait espérer me faire participer à ses combines. J'étais là par erreur et je voulais repartir, pas lui servir de complice ou gagner la dévotion des autochtones.

Mes outils étaient tous là. La plupart étaient des objets de haute précision, rien qui ne me permette de construire un nouveau dirigeable. De toute façon, le métal employé ici était de qualité médiocre. Ca convenait pour les joints des portes ou les outils de jardin, mais pas pour concevoir un moteur, ni même fabriquer des canons dignes du Disapproval. Mon Disapproval, je m'acquittai bien vite de savoir si la couche de nickel qui le recouvrait l'avait épargné de l'oxydation. J'en profitai pour le nettoyer et en graisser les zones de frottement après m'être chargé d'évacuer tout risque de cristallisation du sel. La vraie mauvaise nouvelle concernait mes munitions. Je les conservais toujours dans ma veste, dont l'intérieur était bardé de lanières attachées spécifiquement à cet usage. Je ne voulais pas perdre de temps à mettre la poudre dans les canons après chaque tir, c'est pourquoi elle était directement implantée dans l'extrémité postérieure des silos qui me servaient de cartouche. Quand le chien frappait, la poudre s'enflammait et ne projetait non pas le silo mais ce qu'il contenait. C'était Croswey qui m'avait appris à fabriquer des armes à percussion, et affirmé que la mienne avait trois siècles d'avance sur la plupart des lieux du globe. Le côté pratique des cartouches de mon "prototype" était qu'elles étaient récupérables, au prix d'une nouvelle fusion et de beaucoup de patience. Pour résumer mon problème final, j'avais le canon, mais rien à mettre dedans.

Je réfléchis au problème dont j'avais déjà trouvé la solution en mettant mes vêtements à sécher et en profitant enfin de l'eau encore tiède. Mon séjour allait se prolonger.



***


Je fis comme Regis me conseilla et pris connaissance des lieux. Il y avait trois zones stratégiques sur l'île. La Reglise, le domaine que je pensais appartenir à un Lord, l'auberge, dont la taverne servait de lieu de ragots, lieu de rencontre et jeux de tables en tout genre, et enfin le lieu mystère, celui où le maire Turtle passait sa vie en dehors du village. Je consacrai cette soirée à celui qui me vaudrait le plus de banalité. Il me restait quelques berries retrouvés dans mes poches aptes à me faire prendre une consommation.

C'était l'enfer de les écouter parler. Non seulement je n'aimais pas les lieux fréquentés, mais en plus leurs noms sonnaient comme un manque total de personnalité de leur part. Au comptoir, Le quincailler Reggiani conversait avec Gregor le maçon. La garde du Capitaine Régis Syd subissait les tirages de langue du petit Reglisse, fils de Reggia et Dreg Quinn. Même le chien il s'appelait Rex! Le seul qui sortait du lot c'était Buck, mais tout le monde le surnommait "l'agregulteur". J'avais l'impression d'étouffer. J'étais emprisonné dans une cage de bons sentiments imbéciles projetés par des niais inconscients de la pauvreté de leurs esprits. Et bientôt vint dans mon esprit exposé à cette toile surréaliste que je n'avais pas survécu. Que j'étais toujours au fond de cet océan, à pourrir ou à fondre dans la panse d'une de ces abominations à branchies. Une île sans port ni technologie, une population sans discernement et un vieux qui se bat à coup de tortues, tout cela ne devait pas être réel, trop d'absurdité. Si j'étais dans une sorte de purgatoire, le Premier Créateur avait bien cerné ma vision de l'enfer.

Tenez, un sake, offert par la maison.

Un sake? Dans un endroit sans culture de riz ils arrivent à avoir du sake? Pousse-t-Il l'absurde au point de m'en nourrir? Je remerciai la serveuse d'un signe de la tête et goûtai le breuvage. Fort, et très similaire au sake que je connaissais. Enfin une bonne nouvelle, la première depuis mon arrivée. Je vidai mon verre et quittai la table du coin pour m'asseoir directement au comptoir. Cette serveuse m'intriguait. Non seulement elle servait des produits visiblement étrangers, mais en plus elle s'appelait Hébène et non Régina ou tout autre appellation du genre. Une anticonformiste? Une native d'outre-mer? Je devais me renseigner auprès de cette personne que je sentais infiniment plus proche que la masse qui ne cessait de faire attention à moi au moindre de mes gestes.

Hébène?

La jeune femme sursauta presque tant j'avais pris l'habitude de ne pas faire le moindre bruit.

Monsieur Leonardo?

Ce sake, d'où vient-il?

Du port Cibouline.

Donc, vous recevez de la visite quotidiennement?

De la visite? Ah ha ha, oui bien entendu nous ne sommes pas des arriérés. Nous savons que la terre est ronde et que l'Homme est un petit point dans le monde. Cela dit, les visites sont rares. Un navire passe par ici tous les trois mois et nous remplissons ses cales de nourriture en échange de quelques produits extérieurs, comme de l'alcool, des tissus, des épices, ce genre de denrée qu'on ne saurait produire ici.

Tous les trois mois, ça laissait le temps de découvrir l'île.

A quand remonte la dernière visite?

A il y a quatre jours maintenant.

Mon corps entier paralysé par l'annonce ne laissa pas deviner qu'à l'intérieur de cette enveloppe charnelle tout se brisait et se tordait sur lui-même. Trois mois à attendre dans cet enfer avec ces fous. Je sentis le poids du temps me draper de sa lourdeur et la frustration de devoir dépendre d'une aide extérieure était difficilement envisageable. J'avais toujours tout fait pour n'avoir besoin de personne, alors me retrouver dépendant d'inconnus ne me plaisait pas du tout. Mon défi semblait clair, je devais quitter l'île avant la venue du prochain navire.

Il me restait huit dizaines et demi pour prendre le large.


Dernière édition par Leo Sinelli le Lun 1 Mar - 9:33, édité 1 fois
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Message par Leo Sinelli Lun 8 Fév - 16:36

- Chapitre 4: Face à la mer -


Un bateau dans le ciel Riz


Tous les jours le même rituel. Lever à 08.30 et ablutions. Il me fallait être prêt pou 09.00, où Hébène venait m'apporter le petit-déjeuner de mon choix. Ses fraises à la crème de la première nuitée s'avérant être de bonne qualité, je lui fis confiance pour le reste sans jamais le regretter. Hébène m'appréciait beaucoup. Elle n'avait pas opté pour un prénom conforme au village parce que le sien était le même que celui de sa mère, et qu'elle le portait en souvenir pour elle. C'est ce qu'elle m'avait dit, mais il m'avait fallu peu de temps pour comprendre qu'elle ne croyait pas en Regy. Sans doute avait-elle compris que moi non plus, et il devint habituel que je mangeasse en sa compagnie. Je n'étais pas très bavard, mais elle parlait pour deux. Je n'excluais pas l'hypothèse qu'elle voulait gagner ma sympathie et servir d'espionne pour Regis. J'aurais fait pareil à sa place, d'autant que la demoiselle était, en plus de demoiselle, dotée d'un physique qui n'excusait que très peu de sens d'y être indifférent. Qu'importe de toute façon, je prenais plaisir à avoir un contact avec et n'avais pas à mentir si elle cherchait à entrer dans un domaine indiscret. Ce ne fut jamais le cas.

De 10.00 à 14.00, j'étudiais faune et flore de l'île. Les fleurs étaient un sujet intriguant. Je les reconnaissais, mais elles présentaient de légères différences par rapport à celles que j'avais l'habitude de manipuler. Des couleurs plus vives, un parfum plus prononcé, une tige plus filandreuse ou des feuille plus petites, il y avait souvent de petits détails qui, soumis à un oeil averti, permettait de les différencier. Je me servis des plantes pour fabriquer un engrais pour les fraises de Buck. C'était en quelque sorte mon travail pour m'intégrer. Je venais en général lui livrer le fruit de mes préparations à 17.00; Je profitais ensuite des dernières heures de clarté pour filer vers le bois et avec le matériel emprunté à Reggiani le quincailler, où je sculptais des planches que j'assemblais avec de la résine et des clous. Je n'avais jamais construit de barque, mais en imaginais le principe et le rameur qui allait me faire quitter cet endroit pouvait, en plus de me porter, contenir assez de vivres pour tenir plus de deux semaines sans trop me priver, ce que j'allais faire de toute façon.

Je profitais de ce temps de travail accompagné uniquement du bruit régulier des vagues pour réviser des formules et en imaginer les résultats appliqués comme si je me trouvais au domaine Croswey. Je n'avais cessé de faire ça chaque jour, plus de trois heures. Le savoir s'effaçait plus vite qu'une trace sur la zone submersible d'une plage si on ne l'entraînait pas quotidiennement, et les formules que je répétais étaient si pointues qu'en oublier le moindre détail ou éveiller un quelconque doute quant à leur exactitude la condamnerait à être abandonnée pour éviter tout risque jusqu'à sa prochaine vérification dans un laboratoire bien équipé.

Tu m'as l'air bien pressé de partir. Tu ne te plais pas là-bas?

Je levai les yeux un instant pour regarder Turtle m'approcher. Il était à pieds cette fois, mais suivi par deux tortues de pointure 47.

Bonsoir.

Il semblait bien plus calme que lors de notre première rencontre, et me faisait un peu pitié tellement il avait la mine triste. Turtle devait se sentir très seul, parce qu'il ne venait jamais au village et ne se mêlait jamais à sa population. Il était temps pour moi de sonder le second lieu stratégique de l'île, c'était aussi la raison de tout ce temps passé près de la plage.

Bonsoir. Il observa ma barque. Joli travail! C'est plein de défauts et je doute que tu puisses t'échapper avec ça, mais l'objet est joli. On dirait presque ce que tu veux que ce soit.

"Echapper?" Tu considères ton village comme une prison?

Arrête de me tutoyer avorton! Pour le reste, c'est exactement ça. Ne fais pas celui qui n'a pas compris, tu n'es pas aussi bête que tu en as l'air.

Oh...ça va la bouche? Pas trop brûlée par la formulation du compliment?

Ne m'en parles pas, je suis sûr que je vais devoir trouver de la glace pour empêcher ma langue de gonfler.

Je souris sincèrement en continuant à travailler et je sentis que lui aussi derrière son grand chapeau et sa barbe blanche. Un moment de silence se fit sentir. On voulait parler à l'autre, mais un mur entre nous nous en empêchait. Décidé à briser l'obstacle, il but quelques gorgées dans son outre avant de me la tendre.

Tu en veux?

Pas d'alcool.

Crétin, c'est de l'eau.

Je répondis favorablement à son offre et bus à mon tour.

Tiens.

Merci. Et merci de ne pas avoir essuyé le goulot aussi.

Inutile de me remercier, je suis tellement immunisé aux toxines que ce ne sont pas tes microbes qui allaient me tuer.

Ah bon? Tant pis, je trouverai autre chose.

Tu peux exclure le combat rapproché, ça ne t'a pas beaucoup réussi.

Je n'étais pas d'une nature vantarde, mais il me fallait savoir jusqu'où le vieux pêcheur pouvait aller dans la provocation.

Tu as failli te faire battre par un homme trois fois plus vieux que toi et qui a tenu tête à ton canon avec une canne à pêche. A ta place j'éviterais le déshonneur en rappelant ce triste épisode de ta vie.

Canon qui était hors d'usage à cause de l'humidité et qui, si il avait fonctionné, t'aurait vaporisé sur la porte de cette Réglise vers laquelle tu te diriges au premier assoupissement. A moins bien sûr que ce ne soit ta tortue qui aille prier dès que tu lui lâches un peu la bride.

Laisse Samantha en dehors de ça petite frappe.

Oh, alors tu connais une autre insulte qu'avorton? Moi qui te croyais limité dans ton vocabulaire, je n'avais pas vu la mine de connaissance que je m'étais plu à éviter. Je regrette à présent.

C'est ça avorton, continue à progresser à ce rythme et d'ici deux ou trois ans tu comprendras que tes copains du village sont néfastes.

Je ne leur accorde aucune confiance, mais j'en ai autant à ton égard vieil homme, alors cesse de jouer au conseiller je n'ai pas besoin de toi.

Foutaises, tu as bu mon eau.

Tu en as bu juste avant et je te le répète je suis immunisé à la plupart des formes d'empoisonnement que ce monde aie un jour conçu.

J'espère que ton cerveau aussi y est immunisé parce que tu vas devenir fou sur cette île.

Je pensai à lui répondre qu'il n'y avait aucun risque que j'atteigne son degré de sénilité, mais il avait profité de cette dispute en paraître pour me dire ce qu'il pensait vraiment. Je ne répondis rien et lui montrai dans le regard que j'avais compris son message. Après ce petit pugilat verbal, la glace était brisée et nous pouvions enfin communiquer.

Pourquoi tu es maire si tu ne peux pas t'entendre avec tes citoyens?

Humpf!...ça n'a pas toujours été comme ça. Notre île était un endroit fréquenté avant, surtout par des touristes. Notre île avait pour fond de commerce le bois et les tortues. On n'était pas très riches, mais on vivait bien, et de toute façon les visiteurs aimaient ce côté un peu archaïque. La plupart d'entre eux venaient de zones industrielles, l'air d'ici les transcendait. Jusqu'à ce jour.

Une épidémie est apparue. On l'a pensée originaire du bois coupé, parce que les bûcherons ont été les premiers infectés. En l'espace de quelques jours, le quart de la population était à enterrer. Les gens devenaient fous. En plus des morts, le tourisme était rompu et on nous mis en quarantaine. Je pense que notre île a été effacée des cartes pour passer dans l'oubli, parce que depuis l'épidémie les passages se sont raréfiés. A moins qu'on nous présente comme une île hostile ou contagieuse, toujours est-il que le commerce a quasi totalement disparu. La pauvreté nous gagnant, les habitants ont régressé. On a observé des actes de vandalisme, d'agressions, de vols. Dès qu'un habitant était soupçonné de porter la maladie, il était exclu du village. On a eu beaucoup de morts des suites de combats entre les gens apeurés du centre et les exilés affamés de l'extérieur. Tout le monde devenait fou.

Et tu sais quoi? Un jour un drôle de type a débarqué et a parlé au peuple. Il s'est intéressé au problème des villageois et leur a promis une solution. Cette solution, c'était Regy. L'étranger a réquisitionné le lieu de prière où les touristes venaient pratiquer leurs croyances. Nous l'avions transformé en coffre-fort pour les vivres restantes et la gardions avec vigueur. Regis nous dit qu'il pouvait nous sauver à condition de nous soumettre à son dieu. Au début, nous refusâmes tous, et il s'en fallu de peu pour qu'il ne soit la prochaine personne pour qui creuser un trou. Regis nous proposa alors un marché: s'il parvenait à convertir puis guérir une personne infectée, il pourrait disposer de l'église pour son culte. Je refusai son marché et lui sommai de partir, ce qu'il fit. Mais une semaine plus tard, il revint en compagnie de l'un de nos exilés que nous pensions condamnés. Les villageois furent méfiants, mais ne tardèrent pas à penser que cet étranger pouvait réellement endiguer la maladie pour qui suivait la voie de Regy. Ils se convertirent tous, les uns après les autres.


Je n'aimais pas Regis. Il y avait peut-être un fond de jalousie au début. J'avais tout fait pour organiser le village durant l'épidémie, et même si je n'avais pas trouvé la solution, j'avais été présent pour chaque homme et chaque femme qui venait de perdre un parent, conjoint ou enfant. J'étais là. J'avais passé nuits et jours à redonner un peu d'espoir aux survivants, et je pleurais sur le sort des exilés. Et voilà que tous mes efforts et mon mérite avaient été effacés par l'intervention miracle de ce jeune fabulateur de Regis. Nous nous disputâmes bien vite quand je vis l'influence qu'il avait sur le peuple. Non seulement on avait désobéi à mon interdiction de lui donner accès à l'église, mais en plus il avait pris possession des lieux au point de le rebaptiser. Réglise, non mais quelle idiotie! Et quand le soi-disant Haut Prieur déclara que prendre le nom de Regy nous apportait sa protection, la plupart des habitants changèrent le leur. Un nom n'est pas un gris-gris, c'est une identité, il est trop précieux pour l'offrir. Ma présence commençait à déranger, on me considérait comme un facteur de mauvais présage.

Alors tu as choisi de t'exiler, comme si tu avais été atteint du mal de l'incrédulité.

Tu as tout compris. Je n'allais pas créer de guerre contre Regis et risquer de rompre l'espoir des survivants. Après tout, il avait réussi là où j'avais échoué. Le village avait fait son choix, j'étais celui qui devait partir.

J'avais une certaine peine pour Turtle. Si ses dires étaient vrais, il avait consacré sa vie à protéger les siens et le premier échec l'avait effacé. Mais plus que de la peine, c'était de la colère que j'éprouvais à son égard. Il était convaincu d'avoir raison, et malgré cela il avait laissé ceux qu'il devait protéger dans ce qu'il considérait comme une erreur. On ne laisse pas un enfant toucher les flammes parce qu'il ne sait pas qu'il va se brûler. Regis avait une qualité que Turtle n'avait pas: il savait tenir les gens par les bourses; si ce vieil homme avait eu un peu plus d'autorité, il serait toujours admis des siens et l'étranger, tout prophète de la guérison qu'il soit, se serait plié à ses règles ou aurait pris le large. Si j'étais maire, je protégerais les gens sous ma responsabilité, mais ils sauraient qu'à la première manifestation d'infidélité je n'hésiterais par à mettre le feu au village et à supprimer toute poche de résistance. L'être humain avait besoin d'une autorité ferme pour le guider, non pas pour le priver de sa liberté, mais parce que la majorité des gens devaient être commandés pour se sentir en sécurité.

Turtle avait été un mauvais maire s'il n'avait pas été capable de se préserver de la traîtrise de ses proches, et bien qu'il était touchant ce petit vieux blessé par les autres, il avait bien cherché ce qui lui était arrivé.

Tu le penses vraiment?

Quoi? Pourquoi tu me demandes ça?

Je doute que les choses soient si simples. C'est vrai le village est du côté de Regis plutôt que du tien. Mais je suis certain qu'ils t'aiment plus que lui. L'intérêt de croire en Regy, c'est d'être protégé. Le Haut Prieur agit exactement comme les organisations criminelles qui troquent la sécurité contre l'obéissance. Il n'agit pas comme quelqu'un d'humain envers ceux qui sont devenus ses sujets. M'est d'avis que les pouvoirs de cet homme sont bidons et qu'il est peut-être le responsable de l'épidémie. Quoi de plus classique que de créer la maladie et son traitement?

Tu vas encore plus loin que moi.

Non, je vais assez loin. Et tu ne peux pas en dire autant.

Quoi? Retire immédiatement ces paroles. Je ne joue plus et je ne suis pas là pour me faire insulter.

Ferme-là Turtle!

Il se tut, surpris que j'affiche subitement une expression autre que le calme ou l'impassibilité.

Je refuse de recevoir le moindre ordre de toi. Tu vis en ermite avec tes tortues et te plains de ton sort alors qu'il te suffirait de combattre Regis.

Comment veux-tu que je le combatte gamin!?! Personne ne m'écoute plus, et si j'agis avec force je ne serai plus digne d'être le représentant de Turtle Island.

Moi qui avais entendu que cette île s'appelait Reg Island, je préférais de loin son nom d'origine.

Dommage que tu n'aies pas d'alcool dans ta fiole, parce qu'en t'étant réfugié dans la boisson j'aurais pu comprendre que tu n'aies plus de couilles. Chaque problème a sa solution. Si tu ne trouves pas le moyen de t'assurer la confiance de ceux qui t'ont élu c'est que tu es un maire complètement nul, et tu mérites ton sort.

Turtle s'était renfermé sur lui, honteux et à deux doigts de pleurer. Je l'avais secoué. S'il espérait une oreille attentive, il l'avait eue, mais hors de question de lui servir du "allons, allons, ça va s'arranger". Pour l'instant je lui réservais tout le mépris qu'il m'était possible de desservir sur quelqu'un. Las de ce perdant, je me levai et me préparai à partir, quand il tenta de me retenir avec une trop maigre tentative de résolution.

Avorton, aide-moi! Tu es plus fort et plus intelligent que je le suis, j'ai besoin de toi.

Non. C'est ton problème, ce sera ta solution. Moi je termine ma barque et je m'en vais.

Si tu touches à elle durant mon absence pour retarder mon départ, je te tue.



***


Aujourd'hui, c'était le jour J, celui de mon départ. Je me levai à 07.00 et pris la direction de mon embarcation. La veille, j'avais chargé un tonneau rempli de fruits et du pain. Il allait sécher, mais je pouvais le ramollir dans l'eau, et de toute façon, même s'il moisissait, je pouvais en consommer sans rien risquer. Il restait encore six dizaines, j'avais énormément d'avance. Afin de permettre de libérer ma chambre, j'avais laissé un mot écrit à Hébène. Il disait que je prenais le large aujourd'hui et que je ne reviendrais plus. Je la remerciais au passage pour sa disponibilité et ses desserts à la fraise qui étaient à chaque fois une réussite. Je me permis un brin d'humour en lui disant que si je revenais un jour sur Turtle Island, ce serait pour en retrouver le goût. Je n'étais pas triste de partir et ne ressentais aucune nostalgie. Même si quelques personnes avaient attiré mon attention, je m'étais fixé un but et je devais l'atteindre, le reste ne prévaudrait jamais dessus.

Je chargeai mon baril d'eau et fixai les rames dans les pinces sur pivots. Il était temps pour moi de réfléchir à l'endroit où j'allais aller. Sans doute au port Cibouline, si ce n'était pas trop loin. Dans le cas contraire, il y aurait certainement des navires ou îles pour faire des escales. A vrai dire, ce que je redoutais le plus une fois sur la mer, c'était les monstres qu'elle abritait. J'avais su récupérer la poudre de mes munitions, le prochain qui désirerait se payer mon vaisseau aurait droit à une panoplie de projectiles pour l'en dissuader. J'espérais toutefois éviter de penser à la galère qui allait m'attendre si le monstre attaquait la barque d'en bas comme le ferait un requin. La voie des airs était décidément plus enviable, et mon dirigeable me manquait plus que toute autre chose.

Je ne fus pas surpris de voir Turtle me regarder pousser la barque vers les vagues. Cela faisait un petit moment qu'il m'observait. On n'avait plus échangé le moindre mot depuis notre discussion terminée par mon avertissement. Il n'avait rien fait pour me retenir, si ce n'est m'imposer sa présence chaque jour, comme une forme de manifestation muette. Une part de moi voulait bien sûr l'aider, mais je n'étais pas un justicier et je n'offrais rien, j'étais un homme d'échanges. Hors, le maire n'avait rien à m'offrir, et si je montrais un élan de générosité envers lui, je devrais le faire jusqu'à la fin de ma vie. C'en serait fini de mes principes, je ne pouvais pas me le permettre.

La barque prit l'eau et je commençai à ramer. Elle mesurait à peu près quatre mètres de long et j'avais réussi à lui attacher un mât ainsi qu'une voile. C'était sommaire, il me faudrait probablement accomplir la majeure partie du boulot avec l'huile de bras, mais quelques pauses en cas de vent propice pouvaient m'offrir de bons moments de détente. Les rames devinrent vite ardues à manier. Je pensai dans un premier temps que je m'épuisais à cause du nouveau régime alimentaire, mais ça ne tenait pas. A chaque mouvement de rame, j'avais l'impression de devoir fournir plus d'effort pour les faire tourner, comme si la mer s'y agrippait pour m'empêcher d'avancer. Au final était-ce une mer ou le Styx pour défendre à ce point sa traversée? Je mis un peu de temps à comprendre, et la vérité n'était une chose à laquelle je m'attendais.

Je rebroussai chemin. J'étais à moins de cent mètres de la terre, il était encore temps. La ligne de flottaison remontait petit à petit, il était temps de rejoindre l'île. J'y arrivai seul, la barque avait été entièrement engloutie par les vagues et n'en sortirait plus. Le pêcheur était toujours là, amusé de me voir frustré de mon retour.

Je t'avais dit que tu ne pourrais pas t'échapper avec ça.

Si j'avais eu un peu plus d'humour j'aurais pu en rire avec lui, mais pour le coup il était seul à s'amuser de la situation.

Qu'est-ce qu'il a ce bois?

J'en sais rien, toute construction s'est mise à couler depuis l'épidémie. Ca a un rapport avec l'eau de mer, elle l'alourdit au point de devenir plus légère qu'elle. Je suis le seul à pouvoir encore pêcher. Les tortues acceptent de me servir de bateau. Toi par contre, tu es prisonnier ici.


Dis-moi ce que tu as à me dire Turtle.

Hé hé, très bien. Puisque tu n'as pas l'air décidé à attendre le prochain ravitaillement, et qu'il faut acheter tes services, je te propose ça: Sauve les habitants de l'influence de Regis, et en échange je te dirai comment quitter cette île.

Qu'est-ce que tu en dis?


J'en dis qu'il avait enfin trouvé la solution à son problème.


Dernière édition par Leo Sinelli le Lun 1 Mar - 10:08, édité 2 fois
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Message par Leo Sinelli Mar 23 Fév - 7:25

- Chapitre 5: Les leurres du mal -


Un bateau dans le ciel Avstrawberrycakebyfirst



8 février

Depuis que j'ai trouvé le mot d'adieu, et qu'il est revenu de son échec après avoir découvert que notre bois est malade, Leo a singulièrement changé. Je le trouve plus songeur, et plus préoccupé. Il avale ses repas en vitesse et semble plus absent que d'habitude quand je lui parle durant son réveil. J'avais un peu peur qu'il ne se soit lassé de ma conversation, lui qui n'y participe pas beaucoup, mais qui a une façon assez troublante de me regarder quand je parle. Son regard est perçant et attentif au moindre de mes gestes, j'ai l'impression qu'il absorbe ma voix et mon image. C'est à la fois troublant et agréable; j'étais égoïstement contente qu'il prolonge son escale jusqu'au prochain ravitaillement.

Mais il est différent. Il me fixe toujours mais se contente de m'écouter, et je sais qu'il réfléchit à tout autre chose pendant que je lui parle de mes rêves, de ma famille, de mon petit ami que l'épidémie a emporté. Ah si, il y a bien un moment où il m'a dévoré, c'est au moment où on a parlé de mon père, Haulne. Je lui ai dit qu'il avait été l'un des premiers à tomber malade. Ma mère essayait de me protéger en me cachant son état, mais il ne partait plus avec les autres bûcherons et il avait très mal quand on le touchait.

Enfin bref, je lui ai raconté ce dont je me souvenais, et visiblement ce n'était pas assez pour lui parce qu'il creusait un tas de détails. En dehors de ce sujet, il ne s'impliquait pas. Heureusement que je savais que mes desserts lui plaisaient, parce qu'il ne dit plus un mot à leur sujet. Ca me blesse un peu, et j'aurais certainement arrêté de lui en préparer des différents si je n'avais pas peur que ça ne rompe le peu de lien que nous conservons. Je lui ai suggéré une fois de changer les fruits, mais il m'a juste dit que les fraises c'était très bien. Je suis un peu déçue de son comportement. Il est tard et j'ai sommeil, à plus tard Mr Journal.



12 février

Je sais que j'avais pris la bonne résolution de t'écrire tous les jours, mais la bonne humeur des habitués ne désemplit pas et je dois veiller au service du bar jusque très tard. Cela fait un mois que Leo nous a rejoint. Trois dizaines dans son langage. Nous lui avons organisé une petite fête pour le griser un peu. Je m'attendais à pire. Moi qui redoutais qu'il annule les festivités, il n'a pas dansé sur les tables et n'a consommé que du vin, mais il est resté. Les gens se sont habitués à sa mine fermée, et pour être l'une des seules à lui parler plus de deux minutes, je sais que peu de gens ont du remarquer qu'il était préoccupé. Toutefois, à cette fête, ça allait mieux. Il s'est lui-même invité à mon comptoir et a ouvert la discussion. On a parlé de sujets légers. Il m'a décrit son vaisseau, le Cloud Cross Way. Il prétend que ce vaisseau monte à plus de 3000 mètres d'altitude et qu'il peut aller jusqu'à 70 noeuds. J'ai tendance à le croire, parce qu'il n'a rien d'un fabulateur et qu'il m'avait déjà dit qu'il venait d'un endroit où les inventions étaient épatantes.

Vis-à-vis des gens qui étaient là pour célébrer sa présence parmi nous, il est resté assez distant, mais disponible et à leur écoute. Je pense que cet événement l'a quand même touché. On ne savait pas quoi lui offrir, il semblait avoir déjà eu ce que nous possédions, et même ce que seuls nos rêves nous offraient. La seule chose que Sinelli ne semblait pas avoir, c'était des amis, mais il n'avait pas l'air d'en vouloir. Je garde un très bon souvenir de cette soirée, et j'espère que lui aussi.



13 février

Cette fois, je tiens mon engagement. ^_^ Il s'est passé quelque chose d'étrange aujourd'hui: Leo est entré dans la Réglise. Il avait souvent évité d'y aller. Il disait qu'il ne voulait pas perturber davantage les gens en s'affichant dans ce lieu auquel il m'a avoué à demi-mots ne trouver aucune spiritualité.

Il a passé un bon moment dans le bâtiment, et d'après les potins du bar Regis a confirmé qu'on allait le voir demain durant l'office du mois. Je me suis toujours demandée ce que Regis pouvait faire entre ses sermons. On le voit beaucoup marcher le long de l'île et il n'est pas rare qu'il rende visite aux boutiquiers, mais il passe le plus clair de son temps dans la pierre de son lieu de culte. Il est lui aussi un homme savant, et si les considérations religieuses ne les éloignaient pas tant ils seraient peut-être inséparables. A moins que de trop se ressembler, ils ne s'éloignent? Plusieurs habitants avaient vu la terre au-delà de l'océan, mais aucun ne connaissait ce dont Regis ou Leo pouvaient parler. Ils venaient tous deux de l'Ouest, là où la date prend de l'avance sur le reste du globe. Regis avait trouvé sa place, Sinelli préférait la laisser vacante. Je me demande bien ce que ces deux hommes ont pu se dire. En tout cas, beaucoup espèrent de notre étranger une action forte, comme un discours ou une réponse à une Grande question. J'espère juste pour ma part que tous continueront de respecter les choix de chacun, sans vouloir en faire ce qu'ils projettent.



14 février

Je ne sais pas comment l'écrire. Tout à l'heure, au petit-déjeuner, j'ai été dans la chambre de Leo avec une soupe au soja et une part de gâteau aux fraises. Il en avait mangé beaucoup à sa fête alors j'ai pensé à lui en mettre une part de côté pour le lendemain. Je comptais le faire un peu parler de la fête ou de ce qu'il avait pu dire à Regis, mais rien ne se passa comme prévu.

Sitôt arrivée, je remarquai que quelque chose clochait. Leo n'était pas à sa place, assis contre le bois de son lit, mais au contraire debout, et près de la porte. Il s'était levé de bonne heure, et à peine entrée la porte s'était refermée derrière moi. Cambré, le front légèrement baissé, les yeux au-delà des verres de ses lunettes qui me regardaient avec un air aussi impassible qu'une poupée de porcelaine, pour la première fois il me faisait peur et je me sentais mal à l'aise en sa présence. Je ne réagis pas quand il colla ses lèvres aux miennes et que je sentis sa langue entrer dans ma bouche. Mon corps était paralysé, mais mon esprit hurlait. Je me sentais profanée, violentée dans mon être. Ce n'était qu'un baiser, mais venant de cet être évitant au maximum le contact physique avec les autres, un élan d'humanité sonnait comme une chose effrayante.

Ma respiration accéléra et le premier réflexe de survie qui me vint fut de plaquer ma main contre la joue. Je ne voulais pas faire ça, je ne voulais pas qu'il me contraigne à faire ça. Sans rien dire, ni me presser, j'ouvris la porte et partis, ne comprenant pas ce qui s'était passé. J'avais pensé "excuse-moi" très fort après la gifle, mais même ça c'était impossible à contrôler.

Je suis assez perdue, je ne sais plus quoi penser de lui ni de ses manières. Il n'avait pas le droit de me voler ma matinée. J'ai un faible pour Leo, mais je ne lui pardonnerai jamais d'avoir fait ça, de l'avoir fait comme ça. Il faut que je te laisse, l'office va commencer et je ne suis pas encore habillée. Qu'il soit à l'office ne me réjouit plus du tout, mais rester ici m'engoisserait encore plus.



16 février

Ca va mieux. L'office s'est bien passé et je ne livre plus le petit-déjeuner. J'ai demandé à Dreg s'il pouvait me remplacer, prétextant un inventaire pour m'indisposer au matin. Je ne croise plus Leo qui poursuit ses horaires fixes, et mon remplaçant m'a dit qu'il était fidèle à son humeur habituelle.

Les journées tranquilles reprennent pour tout le monde, et moi j'en profite pour vraiment faire l'inventaire de ce qu'il faudra commander au prochain navire. Comme il faudra anticiper le froid, je prendrai davantage de bois. Dommage que le nôtre ne soit plus exploitable, on perd pas mal de rendement avec la forêt interdite. Elle ne doit pas être si redoutable que ça pourtant, le maire y vit bien, et à voir sa santé le mois dernier, il n'est pas en reste. Gregor par contre m'inquiète. Il est resté silencieux toute la soirée et semblait saoul avant d'avoir bu. Les maladies ont tendance à vite nous inquiéter, nous conservons un bien lourd traumatisme.



17 février

Ca recommence. Tout le monde se sent mal. Les gens gémissent dès qu'on leur touche le ventre, et certains sont pris de vertiges. J'ai vu plusieurs traces de sang dans les toilettes, qu'est-ce qui nous arrive ? Les gens ont peur. Ce mal touche tout le monde. Je dis tout le monde, mais c'est faux. Je n'ai pour le moment aucun symptôme. Gregor a pris les choses en main, et malgré le fait qu'il soit lui aussi touché, il m'a interdit de me mêler aux autres. Il pense que ce qui nous touche est extrêmement contagieux, et que je dois m'isoler pour ne pas contracter ce qu'ils ont tous. Je tourne en rond dehors. Mon auberge sert de quarantaine, et se remplit d'heure en heure. On m'a envoyé frapper à la porte de Regis pour implorer son aide, mais les portes sont restées closes. Peut-être est-il lui aussi frappé de cette malédiction? Je loge dans une maison jouxtant la Réglise. Heureusement, Rex est avec moi pour me tenir compagnie. Les symptômes sont pour le moment les mêmes que ceux de l'épidémie de il y a dix ans, à deux détails prêt. D'abord le chien n'est pas infecté, alors qu'avant les animaux n'étaient pas épargnés par les troubles. Et ensuite, nous n'avons aucun mort. Je prie pour que ce dernier point se distingue à jamais de ce que nous pensions loin depuis la protection de Regy.



19 février

Gregor est mort ce matin. Avec lui ça fait le sixième décès.

Toujours le 19 février

Voilà trois jours que je tambourine à la porte à la Réglise, et toujours aucune réponse. Quand je vais porter ces nouvelles à l'auberge, les rumeurs vont bon train. Certains disent que Regis prie pour notre guérison. D'autres, avançant l'argument de son silence le plus total, affirment qu'il est impuissant face à cette épidémie et qu'il se protège de nous en s'enfermant. Les plus pessimistes disent qu'il est mort et que son décès a relancé le mal qui s'abattait sur nous.

Nous serons de toute façon fixés demain, les derniers hommes à pouvoir se battre vont tenter de défoncer l'entrée.



***


Les villageois se levèrent de bonne heure et sortirent tous de la quarantaine pour remonter la rue principale. Ils s'étaient armés de haches, une bien maigre arme pour abattre l'épaisse porte qui nécessitait la force de deux hommes pour les ouvrir. Les épaves ambulantes tourmentées par des journées entières de douleur aigües dans les organes, nausées persistantes et diarrhées sanguinolentes faisaient une bien sinistre armada pour détruire l'obstacle qui les séparait de leur gourou. Je supposais que Regis était encore vivant, bien que rien ne l'attestait. Je l'espérais pour ainsi dire, car j'avais encore besoin de lui.

Je n'étais pas là, ni avec la masse populaire que supporter du matin au soir était devenu un facteur aggravant d'aliénation mentale, ni sur la place qu'ils foulaient en vue de faire de leur chef spirituel l'obligé de leur guérison, ou le bouc émissaire de leur impuissance. Turtle était là par contre. Il s'était planté devant l'entrée de l'église, face à ses citoyens. N'étant pas loin, occupé à homogénéiser mon mélange de charbon de bois et de cet engrais pour fraises que je n'avais cessé de fabriquer depuis mon arrivée, je pouvais entendre le vieux Reggiani mener la discussion avec lui.

Monsieur Turtle, écartez-vous nous devons passer.


Ce sera "Monsieur le Maire" pour toi, avorton.

Pourquoi vous voulez nous empêcher d'entrer? On doit voir Regis pour qu'il nous dise comment se soigner. Mes prières ne suffisent plus.

Rrrr, bandes d'imbéciles! Depuis quand avoir la foi suffit à devenir invincible?

Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse d'autre?

J'en sais rien, brûle un cierge Reggiani, et espère que ça te sauve. Je vous ai toujours dit que Regy n'était qu'une bêtise, mais vous ne m'avez jamais écouté. A tel point que quand j'ai voulu faire venir des médicaments et une équipe de scientifiques pour comprendre l'épidémie, vous m'avez demandé de mettre ce mauvais souvenir de côté. Vous pensiez qu'un dieu allait veiller sur vos vies, vous voilà bien avancés maintenant.

Vous avez toujours été contre Regis, et voilà qu'aujourd'hui que nous sommes mal vous jubilez de la situation.

Pourquoi protégez-vous Regis en nous empêchant d'avancer, laissez-nous le voir qu'on sache au moins si il est vivant.

J'ai dit n'avancez pas!!! Inconscients que vous êtes. Pensez-vous avoir le discernement suffisant pour juger Regis? Je ne l'apprécie pas, mais j'ai toujours évité au maximum les injustices, et s'il n'est qu'un pauvre charlatan qui a profité de votre crédulité pour vous insérer dans son culte, ça fait de lui quelqu'un de très bas que je jugerai, mais pas quelqu'un à sacrifier à votre colère pour effacer l'empreinte de votre bêtise. Puisque vous l'avez voulu vous l'aurez, mais ici c'est ma ville et tant que j'en serai maire vous suivrez mes directives.

Il parlait bien le vieux. Son discours était surtout destiné à gagner du temps. Nous nous étions mis d'accord la veille: s'il empêchait quiconque d'entrer dans la Réglise, je m'occupais personnellement de Regis et du traitement de la maladie. Il avait compris que j'étais intraitable, et il sacrifia le désir de faire justice lui-même pour ma méthode. Les mots qu'il disait en ce moment au peuple, c'étaient ceux que j'avais employé contre lui quelques heures avant. Une fois ma préparation terminée et emballée dans une sac en toile, je le pris avec moi et rejoignis la place où l'animation battait son plein.

Te voilà enfin l'avorton, qu'est-ce que tu fichais?

Regardez, c'est Sinelli.

Leo, tu protèges la Réglise aussi? Sais-tu quelque chose qu'on ignore?

Arrêtez de brailler.

Je posai mon sac contre la porte en me disant qu'il y en avait des choses que je savais et eux non. Cette question était presque une forme d'humour venant d'eux. Au lieu d'en rire, je levai mon Disapproval dans leur direction et leur donnai des instructions simples mais impératives.

Rentrez dans l'auberge. Quand les portes seront ouvertes, celui qui me suivra sera le premier à mourir.

Hein? Non mais à quoi ça rime tout ça?

J'armai le chien.

Leo, tu ne dois pas!

Citoyens de Turtle Island, je vous ordonne de faire ce qu'il vous dit. Rentrez tous à l'auberge et calmez-vous, nous avons la situation en main.


Lentement, ils comprirent qu'ils n'avaient aucun pouvoir et qu'il valait mieux nous laisser agir à leur place. Leurs pas timides et hésitants les conduirent à leur case départ. Avant que le maire ne quitte son poste pour surveiller l'entrée de la quarantaine, je le mis en garde.

Tu sais que j'ai peu d'humour Turtle. Si tu laisses entrer quelqu'un, il ne ressortira pas.

Le pêcheur acquiesça et s'en alla remplir sa tâche avec toute l'ardeur dont il était capable. Je m'éloignai enfin de la porte et visai le sac que j'y avais déposé. J'ouvris la bouche et tirai une boule de feu qui percuta ma préparation et la fit exploser dans un fracas assourdissant. Sans même attendre que la fumée ne se dissipe, j'entrai dans le bâtiment en m'appuyant sur les pavés de roche que la déflagration avait déloger de leur enceinte. La petite discussion avec Regis quelques jours plus tôt avait été très pratique, car j'avais fait un plan de chaque recoin que nous avions parcouru durant notre petite marche. Profitant du rideau de fumée, je rechargeai mon arme et mis la douille utilisée dans la poche intérieure de ma veste.

Je quittai bien vite la salle principale en longeant les murs. S'il était vivant, il devait avoir trouvé refuge en bas, dans les réserves. Je fus bien vite plongé dans le noir, mais j'avais prévu le coup. Ne désirant pas signaler ma position avec une lumière trop vive, j'avais abandonné l'idée du bâton de détresse pour celui d'une simple bougie. Ma lampe avait rendu l'âme lors du naufrage et la vision nocturne de mes lunettes avait besoin d'une nouvelle puce dans l'un de ses verres. Je pus progresser malgré ces petites défaillance, et plaçais la main devant la flamme pour éviter la propagation de la lumière. J'éteignis la mèche après avoir descendu l'étroit escalier en colimaçon. A partir de là, je savais le sol stable et, de toute façon, une faible lueur passait sous une porte du couloir.

Prudent, je vérifiai de la main que chaque porte que je croisais était bien fermée. Les ouvrir faisait trop de bruit, je n'avais qu'une chance de ne pas être repéré. J'allais la tenter sur l'entrée chaussée de lumière. De toute façon, si un frottement se faisait entendre d'ailleurs, j'avais de quoi me défendre. Ma main gantée pressa la poignée et j'eus la pièce en visuel. A mes yeux s'offrirent la vision d'un homme recroquevillé sur lui-même qui leva des yeux écarlates à ma venue. La pièce sentait le vinaigre et l'urine, et la petite créature présente à l'air vaguement familier était tâchée de vin et de sang caillé.

Leonardo...aidez-moi.

J'approchai du mourant et m'assurai qu'il n'avait aucune arme sur lui. En effleurant son foie, je le fis se tordre de douleur en gémissant comme un chiot qu'on écrase lentement. Regis n'avait pas échappé à l'épidémie.

Serrez les dents, je vous redresse.

Je mis le Premier Prieur contre le mur qu'il ne supportait de toucher que de ses omoplates. Il n'en n'avait plus que pour quelques heures à vivre.

J'ai eu les premiers...symptômes peu de temps après les autres. J'ai essayé...de rayer le mal mais...mais en vain, cette fois...ça n'a pas marché. Je savais qu'on viendrait me chercher...pour que... que je soigne les habitants de Reg Is...land, alors j'ai barricadé la porte et je me suis réfugié...ici.

Je ne voulais pas qu'ils...constatent que...cette fois, je ne pouvais pas...les aider.


Avec quoi les avez-vous soigné la première fois?

Avec quoi? Avec...Regy bien sûr.

Regy hein...

Voulez-vous vivre Regis?


Oui...oui je le veux, mais...je crains de...ne plus...avoir le choix.


Je fouillai une poche et en sortis un flacon rempli d'un liquide grisâtre.

Moi je vous le donne. Voici l'antidote du mal qui est en train de ronger les habitants de cette ville. Je troque votre maladie contre la vérité, toute la vérité et rien que la vérité aux questions que je vous poserai. Marché conclu?

Marché...mais...une minute...comment être sûr...que c'est le bon remède? A-t-il...marché pour...les autres?


Oui, du moins ceux qui l'ont pris. C'est le bon remède, je l'ai conçu en même temps que le l'arme bactériologique qui est en train de vous tuer.

Alors, marché conclu?


Dernière édition par Leo Sinelli le Lun 1 Mar - 10:32, édité 1 fois
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Message par Leo Sinelli Mer 24 Fév - 9:30

- Chapitre 6: Un nouveau départ -
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Regis se sentait nettement mieux. Mon remède qui n'avait rien d'un miracle avait vite agi et même s'il allait en conserver des séquelles, son corps reprenait le dessus. Il eut bientôt la force de se relever, et même de faire quelques pas. Je lui proposai avec un certain cynisme d'entamer une petite promenade dont il était si friand. Il se tenait légèrement voûté, et était terriblement gêné de sentir la bile et l'intestin. Son odeur nauséabonde ne m'incommodait pas plus que ça, j'avais l'habitude des humeurs des corps et la honte de cet être l'excusait de se présenter sous ce jour, d'autant qu'il était plutôt raffiné quand sa santé le lui permettait.

Nous n'étions pas restés muets durant sa rémission. Confiant sur ses chances de survie, je ne le ménageais pas, remplaçant une question par une autre si la réponse n'était pas claire, et les enchaînant sans marquer la moindre émotion, ou empathie. Regis parlait à un rythme irrégulier, et souvent très lent. Je devais parfois me répéter, ou le menacer de stimuler son organisme pour me donner des réponses satisfaisantes. J'appris néanmoins qu'il n'était en rien responsable de la précédente épidémie, et qu'il n'avait pu l'enrayer que grâce à des antibiotiques qu'il avait sur lui. Il les avait employé sans connaître la pathologie qui les frappait, mais en voyant que ça l'avait préservé, il eut l'idée de diluer sa médication dans une eau qu'il allait bientôt prétendre bénie. Je ne lui demandai rien de plus, il lui avait déjà coûté cher de m'avouer qu'il n'était qu'un escroc ayant profité d'une aubaine pour avoir de l'importance. Je pense qu'il a osé me faire ses aveux parce qu'il savait que j'avais compris qui il était. Il restait trois interrogations majeures auxquelles il allait répondre. Quelle était la raison de sa venue sur l'île, comment fait-il pour la quitter et qui sont ceux avec qui il fait troc?

Nous fîmes donc quelques pas et quittâmes la cellule irrespirable. Sitôt en dehors de ce qui devait servir de tombeau à mon volontaire fardeau, je cessai d'avancer et lui imposai un nouveau choix.

Pourquoi...vous arrêtez-vous?


S'il faut vous plonger dans l'eau pour vous laver, nous le ferons sans retourner à la surface. J'ai entendu dire que votre première apparition ne vint pas de la mer mais de la Réglise elle-même, qui vous enfanta pour apporter la paix. Oui, c'est ce qu'ils disent entre deux verres à l'auberge.

La symbolique est adroite, mais moi ce qui m'intéresse c'est que vous me conduisiez là où vous avez votre embarcation.

Vous...vous avez toujours cherché un...moyen de quitter l'île...hein?

Vous ne niez plus mes affirmations, il y a du progrès. Répondez à ma demande, je vous rends une forme décente en échange de la position de cet endroit. Marché conclu?

Marché conclu.

Je savais l'idée qui germait dans la tête de Regis. Il me voyait l'aider, le soigner et lui rendre sa dignité en échange de simples informations. A ses yeux, j'étais un opportuniste qui n'aimait pas ce lieu où lui s'était fait une place de choix, et je désirais plus que tout partir, sans me soucier des autres. Regis était malin, et m'avait plutôt bien cerné. Et c'est avec le besoin d'ablutions pour lui et la découverte d'une embarcation qui flotte pour moi que nous descendîmes dans la crypte. L'un des renfoncements dans la roche arborait trois planches sur lesquelles des ossements était entreposés. Je posai Regis contre le mur et balayai ces vestiges en délogeant les planches qui barraient la route à un boyau d'un mètre carré. Au plafond de cette petite pièce secrète, une poulie suspendue au-dessus d'un trou large d'une personne. Un puits dans une crypte, voilà qui avait de quoi intriguer. Il n'était pas profond, à peine trois mètres, et je voyais luire en-dessous un sol stable quoique certainement glissant. Les parois n'étaient pas régulières et devaient permettre en s'appuyant de monter sans trop de peine. Je pouvais revenir facilement si je m'engouffrais là-dedans, mais Regis était trop faible. Je ne pouvais pas non plus le jeter dans la gueule de pierre ni le laisser là. Je regrettai un peu de ne pas avoir pris de corde, mais si la poulie servait à monter et descendre des poids elle ne devait pas être trop loin.

J'interrogeai celui qui m'avait confié à l'instant qu'il redoutait ce passage. Il m'indiqua que l'une des boîtes contenait une corde. Je la trouvai et la fixai sur la poulie. Mon compagnon de spéléologie improvisée ne supporterait pas d'être attaché à la taille, et de toute façon il n'avait pas assez de force pour gérer la descente. Je dus lui attacher les poignets et gérer sa masse comme s'il n'était qu'un paquet de viande froide. Une fois hissé bas, je bloquai la réserve de corde sous les planches et sautai. Ma réception fut aussi bonne que je l'espérais. Je détachai aussitôt Regis et nous avançâmes dans un couloir pentu. Je devais redoubler de prudence, et veiller à ma stabilité, mais également à celle de la croix que je devais porter vers la lumière. Cette clarté, nous ne la voyions pas, mais je percevais un bruit de vagues de plus en plus distinct. L'humidité grandissante de la roche confirmait mon impression. Nous aboutîmes en quelques minutes à un véritable lotissement de roche avec un jardin de sable. L'érosion de la poche dans laquelle nous nous trouvions témoignait du niveau de l'eau à son stade le plus haut. La plage finissait engloutie, mais on avait toujours pied dans là où nous nous trouvions. Surélevé sur un étage supérieur et sécurisé par des câbles, un petit bateau de pêcheur s'offrait le luxe d'une voile. Regis devait se servir de ce port naturel pour faire venir un navire qui débarquait plusieurs chaloupes avec les cales bourrées d'objets de confort pour les autochtones. La cachette était assez haute, mais on ne devait pas la voir de loin. En tout cas du haut du ravin de l'île, elle était invisible.

Les touristes prétendaient...venir à l'église pour prier, et avec...un bon arrangement, le responsable des lieux...les laissait venir pour profiter...du soleil et se séduire. Il y a de... nombreuses traces écrites de cette...époque dans les archives.

Alors que je l'aidai à se laver au bord de la marée, Regis continuait de dire tout ce qu'il savait, sans que je n'aie besoin de le lui demander. Il m'avoua être un pirate au service de son Capitaine et père. D'une nature peu portée pour le carnage, il fit défaut à son équipage et fut chassé. Son père lui dit qu'il reprendrait sa place chez lui le jour où il vaincrait un adversaire au moins dix fois plus nombreux que lui et les compagnons qu'il utiliserait pour son entreprise. L'exilé choisit d'être seul sur la route de sa rédemption. Quand il demanda à son Capitaine de prendre la tête de la chaloupe de pêcheur, il lui dit qu'il l'acceptait à condition que le bâtiment qu'il prendrait avec soit au moins dix fois plus important. Le jeune pirate accepta et hissa les voiles. Au bout de deux jours à peine, il tomba sur Turtle Island, et la chance fit que la marée haute et sa perception lui offrirent le couvert idéal de la grotte. Il fut très prudent, car des corps étaient étalés sur la plage, et le révérant de l'église en train de prier pour eux. Le religieux eut un discours incohérent et tenta de monter dans l'embarcation de Regis qui se défendit. Son agresseur reçut un mauvais coup et succomba.

Terrorisé, le nouvel arrivant voulut repartir, quand il remarqua que les cadavres possédaient de nombreux bijoux. Trop prudent pour s'en emparer et pouvoir être accusé de profanation, il trouva le chemin qui menait à la crypte et l'emprunta. De là, il visita les étages inférieurs de l'église et vit qu'il y avait de bons vins et champagnes. En remontant en surface, il découvrit des locaux abandonnés et une agitation inhabituelle dehors, des gens se battaient. Regis crut que l'île entière était devenue folle, alors il évita d'entrer en contact avec les habitants et se contenta de les espionner une fois le soir venu. Son passé de gabier en faisait un très bon acrobate et il n'eut pas grande difficulté à prospecter. Il apprit d'une discussion entre miliciens que le village était mis en quarantaine et toute région en dehors du village plongée dans le chaos. Sceptique quant à l'impact de sa présence parmi eux, et désireux de préserver son navire de leur folie, il rejoint l'église où se trouvaient l'alcool et les dernières vivres qu'il avait en réserve. Suite à son combat contre le révérant, il contracta la maladie. En désespoir de cause, il utilisa les médicaments qu'il avait pris avec lui pour limiter les infections et se soigner en cas d'intoxication alimentaire. Les antibiotiques firent vite effet, et il en avait assez pour en distribuer. C'est là que l'idée de troquer soins contre non pas argent mais nourriture germa.

Regy naquit dans la crypte, dicté non pas par la voix d'un entité intangible, mais par le cri d'un estomac las de ne plus avoir quelque chose de consistant pour le faire taire. Regis Traîna du côté des tombes les plus luxueuses et trouva de quoi remplacer sa chemise usée et ses pantalons souillés. Il prit un élément à un corps, un autre à celui d'à côté. Il eut un coup de coeur pour un habit blanc descendant jusqu'aux chevilles. Les archives des corps recensés attestait que la toge blanche était celle d'un étranger mort il y a longtemps, et il n'en n'existait aucune autre. Cet étranger portait un chapelet avec une croix en bronze. Regis en fit un pendentif sans savoir que ce symbole était inconnu des autochtones. Ecoutant son désir plutôt que sa sécurité, il camoufla l'entrée de la grotte et ouvrit les portes de ce qui allait devenir la Réglise.

La suite de l'histoire m'était connue. Les villageois faillirent le tuer sur place, apeurés par cet inconnu curieusement vêtu ainsi que sa profanation de l'intimité des mourants, additionnée au fait que les gens ne voulaient pas croire pour être encore plus abattus d'avoir été naïfs. Turtle lui sauva la vie en le protégeant de la colère de la foule, et le défia de sauver ceux qui en avaient le plus besoin, les exilés. Par chance, Regis tomba tout de suite sur l'un d'eux. Il était fort atteint, mais valide. Le pirate avait des scrupules à voler un malade, alors il décida de lui échanger le remède contre une partie de sa pitance. Le malade refusa, intrigué par un suspicieux personnage issu de nulle part et soi-disant détenteur d'un miracle. Regis avança le fait qu'il était digne de bonne foi puisqu'en bonne santé, et il facilita l'échange en racontant une histoire abracadabrante à propos d'un dieu qui l'avait envoyé sur l'île pour secourir ses habitants. Il parvint à convaincre le malade de prendre le remède, et attendit l'autorisation du cobaye pour prendre une partie de sa nourriture. Se constatant guéri, Gregor crut en Regy et revint au village avec l'espoir que tout le monde attendait.

A présent, il était lavé, séché, et la douleur avait fortement disparue. Il avait terminé sa confession sur un rythme régulier.

Vous devez penser que j'arrange la vérité. Pourtant, c'est vrai, je n'ai jamais vraiment prémédité cette entourloupe, et si c'est l'avarice qui m'a fait rester sur l'île, c'est la faim qui m'a élevé à ce faux grade de représentant de Regy.

Je vous crois, Regis. Pourquoi ont-ils pensé que j'étais la réincarnation du dieu? J'aurais pu en être un Prieur tout comme vous.

Je devais improviser beaucoup de préceptes au début, c'était une vraie gymnastique mentale. Je leur ai dit un jour que celui qui portait la même croix que moi mais faite d'argent était l'avatar du dieu.

Je vois. Et le ravitaillement, ce sont vos anciens camarades pirates non?

Si, ce sont eux. J'ai pris l'habitude de ne quasi jamais apparaître en public pour ne pas que l'on remarque mes voyages. Avec la réquisition totale de l'église, je savais que personne ne viendrait me déranger. Les villageois savaient que je pouvais emprunter la mer en passant par ce bâtiment, mais aucun n'a jamais osé le fouiller. Je pense qu'imaginer que je pouvais me téléporter les satisfaisait autant que de songer que j'empruntais un passage secret. Vous l'avez vu, c'est un village jeune. Sur la cinquantaine d'habitants, on a moins de cinq personnes âgées de plus de quarante ans. Ce sont des jeunes, et seul Turtle a vu le monde extérieur. Autant parler de primitifs, pour eux la science est chose des astres.

J'y pense, vous m'avez avoué être le responsable de ce fléau. Pourquoi avoir fait ça?


Pour les libérer de Regy, et de votre influence.

Quoi, tout ça pour ça? Je vous estimais jusqu'à présent Leonardo, mais je me rends compte que vous êtes de loin le plus fou d'entre nous.


Je souris.

Vous ne pouvez pas comprendre Regis, tous les habitants de cette île ont bien peu de valeur comparés à ce micro-organisme qui les tue.

Quoi? Mais enfin de quoi parlez-vous?

J'aidai Regis à se relever et le couvris de ma veste. Il avait accepté d'attendre un peu pour la réponse, et se concentrait à marcher avec de plus en plus d'autonomie. Nous rejoignîmes la crypte où déjà dix ans auparavant un corps fut dépouillé de ses habits au profit d'un vivant. Plus de blanc, mais du marron pour le charlatan.

Expliquez-moi Leonardo, en quoi ces organismes valent plus que nous?


Je réfléchis. Etait-il utile que je prenne du temps pour lui expliquer? Regis m'avait raconté beaucoup de choses, je décidai de l'en remercier en lui offrant une explication.

Les petites bêtes invisibles à l'oeil nu qui ont été ingérées pour contaminer la population on l'étrange faculté d'absorber bien plus d'eau que leur organisme ne devrait le permettre. Elles sont aussi voraces que des éponges. Chose étrange, elles ne rejettent rien, ou du moins rien que le matériel qu'il me restait m'aie permis d'identifier. Et quand ces organismes ne boivent pas, ils entrent en léthargie, et ce n'est qu'une fois plongés dans un nouveau liquide qu'ils en aspirent l'eau.

Attendez, je peux me tromper, mais si ces choses survivent dans l'organisme, ils ont très bien pu passer dans le sang.

Non, le sang les tue. J'ignore pourquoi, mais on dirait que les globules blancs savent parfaitement remplir leur rôle.

Mais, moi j'ai perdu du sang.

Et il contenait des organismes morts. Ce sang vient d'un empoisonnement du corps, et notamment des reins qui reçoivent trop de sel et plus assez d'eau. Le parasite mourait dans les zones blessées mais survivait assez dans les autres endroits pour continuer à se reproduire.

Un conseil: d'ici demain, buvez énormément d'eau, quatre litres pour bien faire. Uriner vous fera très mal, mais ce que je vous ai donné permettra à vos organes de se restaurer.


Plus je vous écoute, et moins j'ai l'impression d'être avec un être humain. Toute l'île n'était qu'une expérience alors? J'ai du mal à croire que le cynisme de l'Homme aille jusqu'à nous envoyer le représentant de son dieu actuel, la Science, pour traiter ses semblables comme du bétail, des souris de laboratoire.

J'ignorais la présence du parasite en arrivant ici, je ne l'ai découvert que quand j'ai constaté que quelque chose faisait prendre l'eau au bois au point de le rendre trop lourd pour flotter. Pour le reste, vous avez raison, vous êtes tous du bétail que j'ai utilisé, mais pas pour la science. Il me suffirait de quitter cette île et de revenir avec une équipe scientifique décente pour étudier l'organisme sous toutes les coutures, la raison de son emploi sur vous fut une promesse faite à quelqu'un que j'apprécie.

Un promesse? De qui parlez-vous?

De Turtle, Regis. Celui-là même que vous avez laissé exilé alors qu'il vous avait sauvé la vie et n'avait fait que dire la vérité a du mener 10 ans de sa vie en paria, en dehors de cette ville dont votre vanité en a fait changer jusqu'au nom. Reg Island, Regis Land, c'était très drôle de votre part. La faim vous a peut-être fait naître Regy, mais c'est la gourmandise qui vous l'a fait grandir.

Le pirate était déstabilisé. Je voyais ses yeux s'humidifier et son oeil scruter le vide. Le voilà qui ressentait le poids de ses erreurs, et qu'il comprenait que peu de sentiments à l'égard des autres valait parfois mieux que trop envers soi.

A mon tour de vous proposer un marché Leonardo. Si vous me ramenez à mon Capitaine, je vous fais cadeau de la chaloupe.

Et vous ferez cadeau à votre barbare de père l'homme qui vous a ruiné votre machinerie? Bien raisonné Regis mais c'est non, vous insultez mon intelligence.

Vous avez besoin de cette chaloupe, elle est la seule qui ne coulera pas.

Je peux très bien vous la voler.

Me voler? Ah, non, vous êtes trop fier pour voler.

C'est vrai, alors je pourrais vous tuer. Une fois mort cette embarcation que votre Capitaine a de toute façon volé à un autre avant de vous la léguer n'appartient plus qu'à celui qui en tend les voiles.

Ce serait tout de même bas de votre part.

Exact, mais j'aurais bonne conscience. Cela dit, vous avez raison, on peut parvenir à un accord. Je prends votre navire que vous aurez la délicatesse de déclarer mien, et en contrepartie je rejoins le continent et informe un comité scientifique afin qu'il vienne étudier le parasite. Vous leur ferez bon accueil cela va sans dire. Bien entendu, vous dites la vérité sur votre identité aux villageois, dix ans de leurre c'est bien assez.

Attendez! Vous pensez que je n'ai jamais songé à être franc? Si je leur disais la vérité, ils me tueraient. Non seulement je n'ai rien d'un religieux, mais en plus je ne suis pas un enfant de choeur.

Ils vous épargneront Regis, parce que vous monnaierez votre vie avec votre trésor.

Mon...mon trésor???


]Vous avez raison, je devrais plutôt dire le trésor de votre père. J'ai mis du temps à le comprendre, mais depuis votre petite biographie c'est clair: vous vous servez de Turtle Island pour entreposer des trésors de vos amis pirates. L'endroit est idéal, il est reculé et protégé par un groupe de fanatiques qui ne le savent même pas. Sans doute avez-vous su convaincre votre père d'être réintégré de cette manière; à vous tout seul vous avez cinq dizaines de membres d'équipage et l'île est bien plus grande que dix chaloupes. Certes elle n'avance pas, mais elle ne coule pas non plus, et ce doit être si précieux pour des pirates prévoyants d'avoir un coffre-fort où stocker ses larcins.

Il ne cherchait même pas à me contredire. Je devais taper dans le mil pour qu'il soit à ce point voilé de mutisme. La situation était nette, à lui de prendre les bonnes décisions.

Si je leur donne le trésor, les pirates vont tous nous tuer.


Voilà un argument que vous aurez l'ingéniosité de leur soumettre s'ils ne se montrent pas raisonnables. Ils sont autant des la mouise que vous, car si vous mourrez, les pirates débarquent. Je pense qu'en jouant avec finesse vous pouvez conserver le trésor. Mais dans tous les cas vous ne serez plus le maître des lieux.

Et si, si ça ne marche pas, si j'échoue à les convaincre, je nous condamne tous.

Oui. Vous pouvez aussi préparer les gens à se battre. Ils sont jeunes et on connu la misère, à votre place je les formerais au combat et je forcerais les pirates à jeter l'ancre. Vous pourriez ainsi vous emparer de leur navire et quitter ce lieu. Vous pouvez aussi vous contenter de les tuer et conserver leur navire pour ne plus être prisonniers ici. Ca vous permettrait d'organiser les approvisionnements vous-mêmes, plutôt que de dépendre de votre Capitaine.

Je suis sûr que le navire de votre père fait au moins dix fois la chaloupe, vous rempliriez ses propres exigences en le destituant.


Mon discours avait beau être cynique, il était écouté avec intérêt. Regis semblait même reprendre du poil de la bête, peut-être allait-il enfin agir comme un homme? L'heure était venue pour lui de prendre son destin en main.



***



La suite se déroula comme prévu. Ceux qui naguère pouvaient à peine brandir leurs armes bravèrent les tortures impitoyables de leurs entrailles pour huer et hurler la mort du traître qui s'était avoué. Je le protégeai en braquant les primitifs de Dissaproval, en assurant que nul ne pourrait couvrir le son de sa voix s'il se mettait lui aussi à revendiquer le droit de s'exprimer. J'eus deux alliés avec moi: Turtle, que je savais emprunt d'un irrésistible sentiment de justice et pour qui la vérité suffisait à faire rentrer les choses dans l'ordre, et Hébène, qui s'attaqua verbalement aux siens en dénonçant leur lâcheté de s'en prendre à celui envers qui ils ont délégué toute responsabilité. Elle me surprit en énonçant ce que j'avais destiné à la langue de Turtle, à savoir que penser qu'on se défait de ses faiblesses en les confiant à ce qu'on désigne pour être la force ne menait à rien, et qu'elle en avait pour preuve que cette fois ceux qui n'étaient pas infectés ne croyaient pas spécialement en Regy. Elle ne le savait pas, mais j'avais voulu les choses ainsi. J'avais transmis les traitements à quatre personnes. D'abord moi, car il était bien entendu capital que je conserve mes capacités physiques et mentales, ensuite Rex, dont quelques gouttes ont fini dans sa gamelle, Turtle, qui but au dans mon outre améliorée au traitement, et enfin Hébène, dont j'espérais que lui transmettre le produit en l'embrassant suffirait à l'immuniser. Ma sélection avait été simple, je m'étais engagé à protéger tous les esprits que Regy n'avait pas corrompu.

L'infection de Regis n'était pas à proprement parler prévue. J'avais pris soin d'injecter le parasite dans la boîte d'hosties, afin de contaminer tout le monde en même temps. Regis avait du en manger après s'être barricadé, pour pallier à la faim. J'étais arrivé juste à temps, car bien qu'il aie été atteint après les autres, la quantité de micro-organismes qu'il avait avalé avaient accéléré le processus. Je lui avais transmis ces informations et conseillé de brûler la boîte d'hosties. Voilà un secret qu'il se devait de garder, du moins si je ne me dénonçais pas.

C'est moi qui vous ai inoculé la maladie.

Tout le monde se tut et cette fois mes deux alliés se tournaient vers moi avec un air incrédule, et surtout inquiet que je ne sois pas du genre à plaisanter.

Qu'est-ce que tu racontes Leonardo? Tu cherches à couvrir Regis?

Non. Regis n'est en rien responsable de ce mal qui vous a touché, pas plus que du premier. Sa seule faute fut d'avoir profité de son avantage matériel pour vous soigner et vous faire croire que Regy y était pour quelque chose. Regis n'est pas condamnable, car il a agi pour éviter la rage des bêtes que vous êtes, et qui n'auriez pas hésité à vous battre pour lui voler son remède ou prendre sa barque s'il vous en avait donné l'occasion.

Je vous ai supporté parce que j'avais besoin de votre sympathie, mais en vérité, vous me dégoûtez tous. Hébène vous a bien dépeint, vous n'êtes qu'une masse grouillante et docile qui n'a aucun courage et condamne automatiquement ce qui sort du moule amorphe que vous aimez employer pour donner forme à vos existences. Vous ne méritez pas Hébène, parce qu'elle passe sa vie à vous servir et à supporter votre connerie constante. Qui ici a vu qu'elle était malheureuse? Qui s'est demandé pourquoi elle passait autant de temps avec moi? Parce que je suis un avatar? Le plus bête d'entre vous aurait du comprendre qu'il n'en n'était rien, que Hébène n'a jamais cru en vos fantaisies religieuses et qu'elle a affirmé sa distance en refusant de se balafrer d'un prénom ridicule avec "reg" dedans. Vous ne méritez pas Turtle parce qu'il voue sa vie à se battre pour vous, pour protéger les jeunes "avortons" que vous êtes malgré le fait que vous l'ayez complètement rejeté. Personne ici ne vous aime autant que lui, il donnerait sa vie pour chacun de vous, et vous vous le déconsidérez dès que la facilité s'offre à vous. Bande de vermines, s'il ne tenait pas tant à vous, je vous laisserais crever comme les nuisibles que vous êtes. Et pour terminer, vous ne méritez pas Regis, ce petit gars qui vous a offert l'espoir et a protégé vos vies auprès de son Capitaine. Vous l'avez enfermé dans le mensonge par votre intolérance, et il a eu raison de continuer à vous mentir, vous êtes trop faibles pour supporter la franchise. Un seul d'entre vous sait-il qu'il serait mort depuis dix ans s'il n'avait pas été là pour vous soigner? Aujourd'hui, ses antibiotiques ne fonctionnent plus parce que le parasite s'y est adapté, mais si ça n'avait pas été le cas vous seriez encore tous convaincus qu'il est votre sauveur et lui continuerait sa vie de prisonnier de vos espérances.

Je suis celui qui vous a fait tomber malade, et vous mourrez bientôt si je ne vous soigne pas.


Tous m'écoutaient. Le but était plus de me libérer le coeur que de les faire réfléchir, mais visiblement ils prenaient eux aussi conscience de leurs erreurs. Je passai un marché avec eux, un marché dont je fixai le troc. Je leur fournissais le traitement à trois conditions. Primo, ils épargnaient Regis et l'intégraient enfin comme l'un des leurs. Je leur rappelai qu'ils avaient besoin de lui pour régler le problème des pirates. Secundo, ils accueilleraient et écouteraient les scientifiques que j'allais dépêcher sur leur île. Si ces derniers déclaraient qu'il fallait l'évacuer, ils le feraient sans se rebeller. Cette condition avait la double utilité de protéger un minimum leur vie tout en donnant feu vert à l'équipe, car je savais pertinemment qu'ils allaient devoir partir dès l'instant où je mentionnerais le fruit de mes recherches. Tertio, j'emmenais Hébène avec moi. Cet endroit n'était pas fait pour elle, et il fallait que je sauve au moins une personne de valeur avant que les pirates ne risquent de tout raser. Turtle ne voudrait certainement pas abandonner ses tortues et Regis avait un travail à accomplir, Hébène était toute désignée pour être élue.

Après un semblant d'indignation, ils se résignèrent et laissèrent leur aubergiste choisir sa voie. Celle-ci trancha en ma faveur, et même si les événements ne la rendaient pas joyeuse de partir, je savais qu'elle le désirait plus que tout.

Les conditions acceptées, je soignai chaque habitant. L'humeur se détendit au fur et à mesure que les gens se sentaient mieux. Une fois remis sur pieds, je fus, malgré mes propos à leur égard, une sorte de héros dont il vanteraient les qualités. Je soupirai intérieurement en me disant que jamais ils ne pourraient s'empêcher d'admirer ce qui leur échappait, mais ce n'était plus mon problème et globalement tout se terminait sur une happy end. Qu'ils en profitent, bientôt les cieux allaient s'assombrir pour eux.

Alors qu'Hébène organisait le chargement de la chaloupe en vivres et cartes pratiques des archives ecclésiastiques, Turtle m'appela à le rejoindre sur la plage. Il avait l'air sérieux.

Qu'est-ce que tu me veux Turtle?

Leonardo, dis-le moi encore une fois. Dis-moi que c'est toi qui as qui a fait ressurgir le mal. Dis-moi que c'est à cause de toi que nous avons encore eu des morts.

Tu m'as demandé de saper la réputation de Regy, ça impliquait des dommages collatéraux.

Tu as tué des hommes Leo!!! Jamais je n'aurais accepté de traiter avec toi, pas si ça avait condamné ceux que j'aime à souffrir et à mourir.

Ne tombe pas comme eux dans le piège de la facilité Turtle. Tout à un prix, et pour une cinquantaine d'éveils j'ai du en endormir une poignée. C'est aussi simple.

Rien n'est simple, tu as outrepassé tes droits.

Ne me parle pas de bien ou de mal, je n'ai aucun manichéisme et n'ai pas à m'excuser de mes actes. J'ai fait ce que j'avais à faire.

Mais comme tu l'as dit, tout à un prix Leonardo. Prépare-toi à te battre, je vais venger les morts que tu as engendré.

Mmh? Es-tu sûr vieil homme? Cette fois mon arme est en parfait état de marche, et je ne suis plus épuisé du naufrage de la veille.

Je fais aussi ce que j'ai à faire. Il n'y a qu'en me battant à mort contre toi que je pourrai me reposer en paix.

J'armai le chien de mon arme secondaire.

Dans ce cas, rencontre ton destin.

Turtle courra en zig-zag pour éviter mes tirs. Je n'en n'avais que deux, hors de question de les gaspiller sur une grenouille. Je connaissais ses techniques et j'étais bien plus en forme qu'avant, le revers de mon poing fit mouche du premier coup quand il tenta de passer contre mon flanc pour aller Regy sait où afin de m'emprisonner dans le fil de sa canne. A peine éjecté du contact, il voulut faire un cumulet arrière pour amortir le choc et me charger à nouveau, mais sitôt sa roulade terminée il constata que mon canon était à moins d'un mètre de son visage. Il ne s'attendait pas à une telle rapidité et elle lui vola définitivement la victoire quand je pressai la détente pour terminer le combat.

Aghr...attends, avorton...ce n'est pas fini.

Au contraire, tout est fini vieil homme, mais pour moi.

Je retirai la douille Sineglue et la rangeai à sa place dans ma veste. Je plaçai ensuite une nouvelle cartouche dans la seconde chambre. De façon générale, seule la chambre principale était conçue pour tuer. La seconde me servait plutôt pour des utilisation précises, et pas forcément létales. Le liquide qu'avait projeté ma munition s'était solidifiée dans l'air et avait la particularité de coller très fort à la peau. Turtle était emprisonné dans une sorte de gomme aussi solide que de l'acier. heureusement pour lui, la Sineglue se dégradait très vite et au bout d'une heure elle récupérait son élasticité. Ca allait tout de même lui coûter quelques poils de barbe de s'en débarrasser définitivement.

Je ne t'ai pas tué parce que je te devais une vie. Maintenant, nous sommes quittes.

Turle accusa la nouvelle, puis répondit en hurlant.

Ne remets jamais les pieds ici avorton. Ose te représenter devant moi, et tu le payeras de ta vie. Tu m'entends? Je te tuerai!

Je m'éloignai. Turtle était en colère et je le comprenais, mais j'étais persuadé qu'avec le temps, il comprendrait que je n'étais pas son ennemi, et peut-être même que ce sacrifice était nécessaire. De grandes choses allaient se jouer sur l'île. Pour ce Maire qui venait de récupérer ses fonctions, et m'avait rassuré en osant me défier, le véritable combat allait bientôt commencer.


***


24 février

Grâce aux faveurs du vent et à une excellente coordination avec mon partenaire, nous avançons à un bon rythme. Leo estime que si aucun navire ne vient les aider, nous mettrons un bon mois pour atteindre Cibouline. De là, il contactera le domaine Croswey et les informera de ses trouvailles. Il a conservé sur lui un échantillon du parasite, et m'a dit qu'il avait peut-être un rapport avec les fruits du démon. Il a pensé à ça en regardant la barque qu'il avait construite rejoindre le fond des océans. "Et si la malédiction du dieu n'était en fait qu'une métamorphose de la densité corporelle due à un parasite?" Il dit qu'en isolant le facteur de ce revers, on avait un début de piste pour le contrer, et que si l'organisme était réellement lié de près ou de loin aux fruits du démon, alors il trouverait tôt ou tard une façon de conjurer le handicap de ces fruits. L'objectif de ce savant serait donc de percer le mystère des fruits maudits? Je commence à comprendre pourquoi il n'aime pas rester sur place, d'ailleurs ce ne sera même pas lui qui reviendra étudier la forêt interdite. Pendant qu'une équipe en rapport avec lui s'en occupera, lui sera déjà ailleurs.

Je suppose qu'il va prévenir le Gouvernement Mondial, d'après lui son percepteur en fait partie, et s'il compte obtenir de meilleurs résultats dans ses travaux, il devra travailler avec eux. Je l'imaginais mal obéir à quelqu'un, mais plus le temps passe et plus je me rends compte que sa vie n'est pas vraiment faite de ses choix.

Leo m'a dit qu'une fois à terre, nous devrions nous séparer, que j'avais assez dépendu des autres et qu'il me fallait prendre en charge ma propre vie. Il me fit sourire en m'affirmant que pour le retrouver, il me suffirait de lever les yeux et de regarder après un bateau dans le ciel...


Fin


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Message par Leo Sinelli Mer 24 Fév - 10:04

Merci à ceux qui m'ont lu, en souhaitant au passage que vous ayez apprécié cette histoire.
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Message par Serviteur du Jeu de Mots Mer 24 Fév - 22:26

Bonsoir à toi Leo Sinelli !

Merci pour ces textes, j'ai énormément apprécié la lecture. L'histoire est fluide, cohérente et très developpé.
Il y a quelques fautes qui trainouillent mais à vrai dire je le signale pour ne pas écrire que du positif Mr Red

Rien à redire sur ton style, ta maitrise de la langue ou sur quoi que ce soit, simplement bravo et merci. Petit coup de coeur en ce qui me concerne Mr Red

Pour rentrer dans les détails, tu as largement de quoi obtenir un rang 7. Cela dit , il y a quand même un petit soucis niveau adéquation avec l'univers One Piece. Ton personnage bien qu'excellent présente un déficit d'humour ou du moins d'un aspect attachant propre à tout personnage de One Piece. En même temps, il me semble que tu ne connaissais pas cette oeuvre au départ. Donc c'était mon petit regret sur l'ensemble. Peut être pourrais tu, non pas le rendre plus humain (cela serait dommage Mr Red) mais au moins lui coller un petit défaut loufoque et amusant.
Donc pour tout ça je pencherais pour un rang 6. Mais franchement si mes collègues te mettaient un 7, cela serait totalement justifié et mérité.

Encore bravo et merci pour le plaisir que tu m'as procuré en te lisant. Je suis fan.

Au plaisir de te lire très prochainement...Détends toi Sinelli le monde est remplit de gentils Mr Red
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Message par Leo Sinelli Sam 27 Fév - 8:00

Pour commencer merci beaucoup pour ta critique et pour le temps que tu m'as consacré, je suis vraiment ravi que tu aies aimé cette histoire. Je confirme que je ne connaissais pas One Piece à mon arrivée et me suis inscrit parce que le niveau était bon et que les règles encourageaient à se lancer même si on était néophyte du genre.

Je dois t'avouer que pour mon test j'ai plus prêté attention à l'histoire qu'à l'envie de détailler Sinelli. Un bateau dans le ciel a été pensé comme un épisode, un tout premier épisode mettant en scène mon personnage. Il est clair que je suis loin d'avoir tout montré chez lui et que c'était purement intentionnel. Je voulais montrer Sinelli de façon floue, ne pas en présenter les contours mais juste en peindre la silhouette avec des taches. Le but dans tout ça étant que chacun se fasse son idée des zones abstraites, certains les comprendront, d'autres moins, et pour le moment aucune interprétation n'est fausse. Les joueurs qui fréquenteront Sinelli auront davantage de chance d'en préciser l'exégèse, et bien qu'ignorant si ses défauts le rendent attachant il en a.

Par contre je ne trouve pas que tous les personnages de One Piece soient drôles. Oeil de Faucon, Creek ou Aarlong ne font aucun gag, si ce n'est leur façon de se battre à la limite mais ça reste anecdotique. Peut-être que ce qui choque un peu avec Leo c'est qu'il est aussi sérieux que les méchants alors qu'il ne l'est pas forcément. Quand je vois un personnage comme Zoro, c'est aussi quelqu'un de très sérieux dans le premier chapitre mais la présence des autres font naître la drôlerie petit à petit. Dans cette histoire Sinelli n'a plaisanté qu'avec Turtle qui avait aussi mauvais caractère que lui. Les plaisanteries ne se faisaient pas à gorges déployées mais il y avait bien quelques chose. Je pense que si ils avaient passé des mois ensemble ils auraient pu former un couple très loufoque. Je ne voulais cependant pas trop ouvrir Sinelli avec des personnages que je manipulais moi-même, ça perdait de la spontanéité et du charme. C'est comme jouer aux échecs contre soi, ça fausse la bataille.

Tout ça pour dire et certifier que Leo n'était, à mes yeux, pas si éloigné de One Piece que ça. Smile Il faut juste le voir comme les personnages adultes et secrets du manga plutôt que les "purs" à la Luffy ou Ussop qui donnent leur profil en une réplique ou une grimace. C'est mon avis et bien entendu ne pas le partager ne me pose aucun problème. Quant au niveau avoir le 6 est déjà très appréciable, si les MJs pensent que Sinelli pêche par son univers ce n'est pas grave il ne tenait qu'à moi d'accentuer le trait. Mais je ne le voulais pas, pas dès le premier épisode. =) Que tu me dises que je mérite le niveau 7 c'est comme si je l'avais, peu importe le résultat final.

Encore merci pour ta critique, avoir un fan me grise. Smile Et pour répondre à ta dernière phrase je dirais simplement "Quand on constate les dégâts que peut causer un excès de gentillesse savoir le monde rempli de bonnes intentions ne risque pas de me détendre."
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Message par Kobby Sam 27 Fév - 14:54

Salut Leo, je me permets de te répondre car je vise moi même le personnage de Mihawk. J'avoue n'avoir pas lu ta présentation mais je peux te dire ceci : Zorro est peut être sérieux mais il est drôle car il ne sait pas du tout s'orienter. Ça donne des scènes humoristiques assez amusantes.

Faire un personnage sérieux n'exclut pas d'introduire un petit défaut loufoque. Par exemple je compte faire de Mihawk quelqu'un d'écolo qui s'énerve dès qu'il voit que quelqu'un maltraite une plante (je ne suis pas encore décidé sur cela).

Pour finir, le fait que Mihawk, Creek ou Arlong ne sont pas drôle vient du fait qu'on ne le connaît pas suffisement. En tant que nouveau lecteur tu n'as pas trouvé Zorro drôle alors qu'il l'est. Sache que même à 575 chapitres lus, je suis toujours dans l'expectative. Rien n'est encore définitif, rien n'est encore sûr.

Pour le niveau 7, cela représente le niveau maximum de début et il faut donc une fiche parfaite. L'intégration de l'univers de One Piece est primordial mais il ne faut pas pour autant lire l'oeuvre. Tu peux te contenter de mettre de l'absurde, de l'étrange dans le style loufoque et le tour est joué. Je t'envoie d'ailleurs, par mp, un bout de texte qui colle à cette idée d'absurde.

Je ne suis certainement pas le plus qualifié pour t'aider. Tu trouveras dans la Chatbox des membres qui t'aideront avec plaisir. Sur ce, bon courage.
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Message par Leo Sinelli Dim 28 Fév - 0:03

Bonsoir Bernitiel.

Comme je le disais dans le post précédent, Zoro met du temps à être drôle. je sais qu'il l'est mais il l'est mais c'est loin d'être évident au début, et il faut du temps pour constater qu'effectivement il ne déroge pas à la règle de l'auteur.

Tu dis que certains personnages ne sont pas drôles parce qu'on ne les connaît pas assez; c'est exactement ce que j'explique pour Sinelli. Je n'ai pas voulu insister sur son côté loufoque, mais il existe et a été employé de temps en temps, même si le contexte des scènes veillait à ne pas vraiment les mettre en valeur.

Le personnage de Gyn n'a rien de "One Piece" non plus à la base. Il est sérieux, puissant et d'une bravoure bien supérieure à son Capitaine. Rien n'est drôle chez lui, il supplie le Baratie de le nourrir puis souffre de voir Creek attaquer ceux qui l'ont sauvé. La seule fantaisie qui le concerne c'est d'avoir des ton-fa avec un boulet au bout, c'est mince pour faire partie de l'univers de One piece, et pourtant il y est.

Au final ceux qui sont loufoques ce sont les protagonistes et une partie des personnages secondaires de Oda. Ce sont bien entendu ceux-là que l'on retient et ceux sur qui on va vouloir générer son propre personnage, mais moi j'ai préféré traiter Leo comme un secondaire qui met du temps à être marrant. C'est pour ça que je dis que si ça me pénalise je ferai avec, et que la critique de Sjdm importe finalement plus que le niveau que j'obtiendrai, mais me concernant je suis certain que Leo Sinelli pourrait faire partie de l'univers original sans que cela ne dérange quiconque.

Si j'avais été un incollable du manga j'aurai probablement tenté Oeil de Faucon, avoue que c'est loin d'être un loufoque il est juste surpuissant et sert à alimenter la quête de Zoro, ainsi qu'à montrer au lecteur les dangers qui attendent Luffy sur la route de tous les périls. Sinelli, j'insiste là-dessus, a été conçu pour être un personnage secondaire, pas un éventuel pote de Luffy. =)


Dernière édition par Leo Sinelli le Dim 28 Fév - 0:45, édité 1 fois
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Message par Kobby Dim 28 Fév - 0:32

Je pense que tu as tout à fait raison dans tout ce que tu viens de dire. Cependant, je tiens à te faire remarquer qu'on teste tes capacités sur cette présentation. Donc si tu acceptes le sacrifice de pas avoir le niveau 7 pour ne pas avoir développé le côté loufoque du personnage, cela voudra dire que tu as beaucoup de mérite.

Peut-être que Oda a fait de Mihawk un personnage secondaire pour alimenter la quête de Zorro, mais le but n'est pas de rejouer le manga mais de s'en servir comme un background. Je pourrais même faire en sorte que Mihawk tombe amoureux de Zorro si ça me chante.

Je ne connais pas suffisemment ton perso pour en juger, je n'ai, d'ailleurs, aucun talent pour le faire. Je voulais juste te donner quelques explications sur la critique de Motus (Serviteur du Jeu de Mots).

En ce qui concerne ton arme, je n'ai pas encore vu une arme non validée par le forum être acceptée. De plus, les GdJ essayent de faire en sorte que tu obtiennes ton arme de prédilection en RP. J'espère cependant que tu l'auras.

J'espère que je ne t'ai pas trop ennuyé, je ne suis, après tout, qu'un néophyte.
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Message par Leo Sinelli Dim 28 Fév - 0:39

Tu ne m'as pas ennuyé du tout et ton intervention était constructive. Je te remercie d'ailleurs d'avoir pris le clavier pour m'aider, ça m'a permis de détailler un peu mon point de vue. Les Mjs pourront prendre leur décision en toute tranquillité de mon côté j'ai expliqué mes choix. ;-)
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Message par Spatha Grimmer Dim 28 Fév - 23:24

j'ai tout lu Razz

Franchement, très sympa comme histoire... Juste qu'il y a quand même quelques fautes d'ortho qui m'ont dérangés Neutral

Sinon ton coté loufoque, je l'ai percu au moment où il s'est noyé --> Il a éclaté de rire non ? Razz

Enfin superbe présentation dans son ensemble, bien joué !
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Message par Leo Sinelli Lun 1 Mar - 11:18

Les fautes ne devraient plus déranger quiconque, j'ai tout passé en revue. Elles doivent être rares maintenant.

Oui il s'est pris un fou rire alors qu'il était sous l'eau, c'est un petit défaut que je m'amuserai à exploiter par la suite et qui a été traité de façon furtive dans cette histoire. Leo a d'autres traits étranges, mais je préfère qu'on les découvre plutôt que de les pointer du doigt. =)

Merci de m'avoir lu et commenté Spatha.
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Message par Maître du Jeu au Trésor Mer 3 Mar - 13:09

Je te valide niveau 7 !

Félicitation pour ta fiche bien amusante (en effet les fautes sont rares elles ne m'ont pas choquées).

MP moi pour me dire où tu aimerais continuer ton aventure ou autre !

Bravo encore cheers
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